Le Longani

[visite en août 2011]

Ce dimanche nous faisons une visite au « Longanis », restaurant situé en plein centre du charmant village de l’Entre-Deux, dans le bon air vivifiant des hauts. Autant dire que l’appétit est là.L’établissement est accueillant et coquet, avec une terrasse à l’arrière. Nous nous installons à l’intérieur, près du bar. Nous sommes reçus courtoisement et on nous dépose une jolie carte . 5 plats traditionnels créoles y sont affichés. C’est peu, mais après tout, si c’est bon… Et puis on nous annonce que des plats supplémentaires sont prévus, dont un rougail morue, que nous commandons derechef, plus un cabri massalé. 

En entrée on nous propose un gratin de choka, emblématique du village. Va pour le gratin, et nous patientons en dégustant un excellent punch coco, très velouté, probablement réalisé avec de la crème liquide. Le fameux gratin est servi, nous l’attaquons à bras raccourcis.

Et palsembleu, c’est le choc. La fourchette soulève une portion et nous constatons d’abord que la béchamel est… inexistante ! Un gratin sans béchamel ? Cette surprise est suivie de grimaces : le plat est épouvantablement amer et salé. Amer comme mille fiels, salé à tuer net un hypertendu. Pourtant la présentation, dans des ramequins en forme de barque, promettait. La faute peut-être au safran, utilisé à la louche, vu la couleur de l’agave. « peut-être un peu trop de gingembre », s’excuse la dame qui nous dessert. C’est le front quelque peu soucieux que nous voyons arriver la suite. Pour le coup, sur le rougail comme sur le massalé, il semblerait que le sel ait disparu. Totalement. Le rougail morue c’est le désert de Gobi : plus que sec, et notre palais, comme la soeur Anne, ne voit rien venir. La saveur normalement très expressive d’un rougail morue qui se respecte est en berne. Créole i dit : « lé plate ».

Le massalé cabri est un peu mieux, mais fait quand même pâle figure, nonobstant une cuisson correcte et une viande moelleuse. On dirait du succédané de préparation industrielle vendue en barquette sous vide pour les feignants de la casserole. Pour couronner le tout : le riz manque de cuisson. Quelques grains perdus broyés entre deux molaires du fond nous donnent des frissons jusque dans les doigts de pied. Les pois du Cap, pour finir, pourraient servir de munition dans les antiques tromblons des familles utilisés à l’endroit des voleurs de canards.

Les desserts, vite ! Nous choisissons des crèmes brûlées pour réconcilier nos papilles avec la vie, et terminons par des cafés. Addition : 24 euros et des brouettes par personne. Ce serait parfait si la qualité avait suivi. Bon. Sans tourner autour du pot, Le Longanis a frôlé de très près la fourchette en plastique. Que c’est-il donc passé ? Un mauvais jour ? Le cuistot était mal réveillé ? Où est-ce tout le temps comme ça ? Dans tout les cas, il est clair que les habitués et les quelques touristes que nous avons croisés ne soulevaient aucune protestations. Pour les premiers, par habitude, pour les second, par inexpérience de ce qu’est la cuisine créole de qualité. Si ce n’est le gratin, à oublier, les plats restent mangeables mais manquent sérieusement de caractère. Et pourtant un effort certain est fait sur la présentation, et l’accueil, comme le service, est très chaleureux. Le Longanis récolte donc fort logiquement une généreuse fourchette inoxydable galvanisée.

Pour résumer
Cadre : bien • Plats : très très moyens • Service : très bien • Rapport qualité/prix : perfectible
Notre impression globale : insignifiant
Fourchette en inox