[visite en octobre 2011]
Cette semaine nous nous arrêtons au pont de l’escalier, sur la route de Salazie, où un nouveau restaurant a vu le jour en lieu et place de la bâtisse moisie qui trônait de l’autre côté du parking, à l’opposé de la célèbre chapelle aux volets rouges.
« La cascade blanche », s’affiche aussi comme relais touristique et accueille dans ses murs un fleuriste. Le lieu est verdoyant et aménagé de kiosques et d’un espace gazonné tout à fait propice aux pique-niques. L’intérieur est décoré avec goût, et s’inspire largement de la luxuriance de la nature. L’établissement propose une petite trentaine de couverts. « Nous somme en train de terminer l’aménagement de la salle derrière, pour les réceptions », nous informe le patron. Du reste, avec un tel emplacement, nous avons le choix entre déjeuner à table, au restaurant, ou profiter du bon air pour pique-niquer dans l’herbe ou sous un kiosque, puisque « la cascade blanche » a la bonne idée de proposer aussi des plats à emporter.
Nous optons pour le kiosque, histoire de changer. A la bonne franquette, ou à la bonne barquette plutôt. Concernant l’accueil, c’est déjà très bien. Il est très détendu, quasi-familial. La bonne humeur et le sourire sont de rigueur. Nous faisons donc l’impasse sur l’entrée et les desserts, (gâteaux locaux et tout-venant sucrés) et qu’on nous annonce plus nombreux le dimanche, pour cause d’affluence.
Nous nous concentrons sur le civet de canard et le ti-Jacques boucané, choisis parmi les plats du jours, traditionnels (rougail saucisse, boucané brigelles, rougail morue et cari de poisson… et un confit de canard sauce poivre vert pour l’originalité). Du fond de la gorge étroite que franchit le pont de l’escalier, la chanson perpétuelle des eaux vives monte jusqu’à nous, accompagnant la délicieuse odeur du civet, libérée à l’ouverture de la barquette. La couleur confirme notre humage : ce civet-là a bien été cuit au feu de bois, comme on nous l’a annoncé un peu plus tôt. Et au palais, c’est bingo ! On a touché la timbale de saveurs du vrai civet de chez « momon », avec son parfum de vin rouge cuit, son fumet extraordinaire, un peu sauvage, qu’on va dénicher en suçant le moindre petit os baladeur non sans délectation. Manque juste le bouquet frais de persil hâché par-dessus, et peut-être un dose d’huile en moins (le riz du fond baigne un peu) pour que ce soit parfait. Pause.
Nous attaquons le Ti-Jacques, qui fait presque aussi bien. Le fruit vert est délicieux mais presque trop fondant : on aurait aimé un peu plus de résistance sous la dent. Mais le boucané est parfait, ni trop gras, ni trop maigre, avec une saveur authentique qui vaudrait à elle seule un certificat de traçabilité. «La cascade blanche» se prévaut non seulement d’une cuisson au feu de bois mais aussi de produits frais achetés avec les éleveurs et les agriculteurs du coin. Pour finir, le riz, du grain long parfumé, est sans reproche tant au niveau de la cuisson qu’à celui du goût, et les lentilles, servies généreusement, restent dans la moyenne. Un petit « rougail zognons » vient relever le tout sans agressivité, à noter qu’il accompagne mieux le civet.
Les barquettes vides vont au sac poubelle de pique-nique, les jambes s’étirent et on attend un peu pour terminer au café cet excellent repas, avant de monter du côté de Hell-Bourg, dire bonjour aux chouchous. Avec des tarifs compris entre 9,50 et 15 euros, on peut dire que le rapport qualité-prix est honnête. C’est le cuir du ventre en peau de tambour que nous reprenons la route, en laissant au passage une belle fourchette en argent qui vient ici récompenser la cuisine familiale de la « Cascade blanche ».
Voilà une escale intéressante sur la route du cirque vert. A tout point de vue. « La cascade blanche » est de ces petits restaurants sans prétention qui vous préparent de la bonne cuisine traditionnelle avec l’ingrédient principal de tout bon cari : le plaisir. Venez en famille, vous avez le choix entre la belle table de l’intérieur, la terrasse ou la nature au dehors, et votre progéniture en bas âge pourra se dégourdir les jambes à loisir. Le dimanche, l’établissement met les petits plats dans les grandes feuilles de bananes, pour encore plus de couleur locale. Demandez un rince-doigt et allez-y alors franco, à la main ! Demandez le poisson. « Le dimanche, c’est poisson rouge » nous promet-on. Réservez, c’est plus prudent.
Pour résumer
Accueil : très bien • Cadre : bien • Plats : bons • Rapport qualité/prix : correct
Notre impression globale : bonne table
Fourchette en argent
Note août 2013 : Cette critique est l’une de celles qui a déchaîné le plus de passion, notamment par commentaires interposés sur l’ancien blog. Evidemment nous ne pouvons pas savoir si les gens qui postent des commentaires sont de bonne foi ou non. Ils peuvent très bien être téléguidés par un concurrent, par des malfaisants en tout genre, ou par la famille ou des amis, et ce pour venir appuyer ou aller dans le sens contraire de la critique, selon les intérêts. Comme souvent, nous sommes repassés voir les gérants de la Cascade Blanche un an après. Ils nous ont remerciés pour l’article, en nous informant que « certains » leur en voulaient pour avoir eu cet emplacement en or, et que depuis une personne en particulier leur mettait des bâtons dans les roues. Il s’agit d’une personne très connue sur la place et dont nous tairons ici le nom pour des raisons évidentes.