Aujourd’hui nous prenons la route en direction de Piton-Sainte-Rose où à 200 mètres de l’église de Notre-Dame-des-Laves, le restaurant Le Corail propose une cuisine « tradition kréol » avec « saveurs d’antan ». Il n’en faut pas plus que que nous décidions d’y mettre le nez, et le reste.
L’établissement consiste en une terrasse agréable, abritée, d’une quarantaine de couverts, adossée à une boutique à touristes dans le genre de celles qu’on peut voir dans l’Ouest, proposant à la vente cartes postales, savates deux doigts, divers piments confits et autres babioles. Une jolie collection de rhums arrangés est également exposée et offerte à la dégustation. En revanche la route est très proche, et les véhicules bruyants qui y circulent deviennent vite insupportables.
La carte est essentiellement créole, avec quelques plats métros. Les rougails traditionnels sont là, les caris aussi, avec deux ou trois plats moins courants comme le canard à la vanille et les pieds de porc flambés au Cognac. En suggestion du chef, du porc caramel, mais nous décidons de nous en tenir au menu du jour, avec un cari zourite et un boucané bringelles.
Pas d’entrées. L’apéritif est suivi très vite des plats, servis à l’assiette, et fort joliment d’ailleurs. Nous attaquons sans tambours ni trompettes.
Le boucané-bringelles présente plûtot bien. Le légume à la teinte verte est quasi en purée, avec quelques morceaux de peau par-ci par-là, entourant peu de boucané. C’est plûtot un bringelles-boucané on va dire. En bouche la bringelle est discrète. Cela conviendrait parfaitement à ceux qui fuient l’arôme particulièrement prononcé de certaines variétés de ce légume. Souci : le boucané suit le même chemin, tout en étant trop cuit. Les morceaux n’ont aucune espèce de consistance. Dans l’ensemble le plat est correct, mais manque singulièrement de fumet.
Le zourite est un cran en dessous. Le céphalopode, du surgelé bien entendu, est bien cuit. Pas de sensation caoutchouteuse sous la dent, mais ses saveurs sont aux abonnés absents. Seule la sauce bien poivrée donne un soupçon d’intérêt au plat qui de toute façon est beaucoup trop salé. Du sel pour cacher l’ennui sans doute. Seul le rougail zoignons sauve un peu l’affaire assisté par des grains blancs de conserve pas trop mauvais. La maigre salade posée là en guise de garniture est elle aussi trop assaisonnée et trop salée.
Bref, déjà qu’en regardant les tarifs affichés nous nous sentions pousser des plumes, vu la qualité globale des plats, nous commençons maintenant à roucouler. Ce n’est pas le dessert, un gâteau de
patate douce, qui nous fera changer d’avis. Ce gâteau servi chaud est du « comblage » sans goût ni sentiment. La patate est passée au mixeur apparemment, avant le frigo, avec un coulis caramélisé aux humeurs de confiture de papaye, pathétique tentative pour sauver la face.
Nous partons en réglant l’addition : 41 euros tout compris, avec l’apéro, soit plus de 20 euros par tête de touriste. Franchement cher au regard de ce que nous avons dégusté.
Créer une boutique dans le genre balnéaire dans un endroit pareil, après tout pourquoi pas. Lui adjoindre un restaurant en communiquant sur des plats « kréol » de « tradition » est une bonne idée, encore faut-il que cela se vérifie dans les faits. Or c’est survendu, si nous nous fions à ce que nous avons mangé ce jour. De la tradition créole pour le visiteur étranger ignorant ça oui, qui va acheter des souvenirs et avoir l’impression de manger authentique. En ce qui nous concerne, nous avons plutôt l’impression d’être tombés dans un piège à touristes. 15 euros le cari zourite tout-venant, 17 euros le cabri massalé… des prix un peu exagérés pour une qualité globale moyenne bien loin des promesses affichées. Résultat logique : peut mieux faire. Fourchette en inox.
Fourchette en inox