La Varangue

Aujourd’hui notre balade gourmande nous emmène à Saint-Leu, au restaurant la Varangue. Une belle pancarte nous indique que c’est un Maître Restaurateur. C’est un restaurant « pieds dans l’eau ». Nous sommes accueillis et installés très chaleureusement et on nous apporte aussitôt la carte des apéritifs. Nous optons pour des bulles sans alcool qui nous sont servies avec une petite coupelle d’olives aillées très bonnes.

La salle. Les chaises sont en osier noirs en plastique, le plafond tressé donne à ce restaurant un style paillote de plage en plus chic. Les tables dressées de nappes et de sur-nappes jaunes et bleues rehaussent le côté vieillot du mobilier.

La carte. Le restaurant de poisson et de fruits de mer ne propose pas de menus mais une ardoise variée où on trouve un foie gras et son chutney d’ananas à 18€. Une « salade Laleu » : calamars, sarcive , crevettes marinées, rémoulade de betterave à 20€ ; ou encore la salade de camarons bardée de jambon de Serrano à 22€. Plusieurs suggestions du chef : le carré d’agneau grillé aux fines herbes ou moules au chorizo et à la crème. Nous optons pour le rôti de légine en croûte de tapenade, toast aux anchois et la choucroute de la mer. 

Roti de légine en croûte de tapenade et toast aux anchois. Très belle assiette bien qu’un peu encombrée par les chips de carottes et de songes c’est dommage ! On ne voit plus l’élément principal : la légine. Très savoureuse elle est goûteuse et fond littéralement. Le fond de l’assiette est légèrement nappé d’une sauce au vin rouge parfaitement maîtrisée et n’atténue en rien la croûte de tapenade. Le risotto aux petits légumes qui l’accompagne est moelleux à souhait. Le mélange est tout simplement divin et c’est une explosion en bouche.
La coupelle de courgettes n’avait pas sa place sur cette assiette 1er choix. 

La choucroute de la mer (calamar, camarons, moules, joue de légine, capitaine). L’assiette bien présentée est garnie de …chips de carottes et de songe, une brochette de tempura de camarons est plantée en son milieu. En fond d’assiette la  discrète sauce beurre blanc adoucit ce plat qui non maîtrisé peut tourner au vinaigre. Tout est sublime : la pomme de terre cuite à point et qui fond en bouche ainsi que le chou dont la texture souvent insignifiante est mise en l’air dans ce plat. En revanche, en suggestion de composition du plat on nous parle de calamars et de moules. Nous n’en avons pas trouvés dans l’assiette. 

Nougat glacé maison et son coulis aux fruits rouges. La présentation est banale, on s’attendait à mieux. Le kiwi en décoration n’a pas la texture d’un fruit coupé à la minute, heureusement qu’en bouche il est meilleur. Fruits confits et raisins secs sont bien présents mais c’est un dessert sans prétention. Le prix 75€ pour 2 personnes.

Saint-Leu peut s’enorgueillir d’avoir plusieurs restaurants « pieds dans l’eau ». Toutefois, avec cette qualité et offrant un tel service dans un cadre aussi chaleureux, il y en a très peu. Nous avons passé un très bon moment gustatif aussi nous décernons une belle fourchette en argent et nous reviendrons. Ce restaurant mérite bien son label de Maître Restaurateur.

Pour résumer : 
Accueil : très bien • Cadre : bien • Présentation des plats : très bien • Service : très bien • Qualité des plats : très bons
Impression globale : bonne table
Fourchette en argent

Le Jardin des délices

Aujourd’hui nous allons prendre un bon bol d’air marin dans le grand Sud, où le temps mi-figue mi-raisin nous chasse des varangues de restaurants trop exposées. Nous atterrissons finalement au Baril, au Jardin des délices, en face de l’hôtel. 

Le restaurant, en dur, est agencé comme une sorte de rondavelle ouverte sur l’arrière. La salle d’une capacité de 40 couverts est à demi-remplie. Nous sommes accueillis par un serveur affable qui nous dévoile le menu du jour : cary canard, rougail zandouille, sauté de porc sauce saté, sauté de poulet aux champignons, sauté de porc gros piment, sauté de bœuf aux brèdes, shop-suet bœuf. Aucune entrée n’est proposée. Nous optons pour un sauté de boeuf aux brèdes, changé pour un sauté de porc aux gros piments pour cause de disparition du boeuf, très demandé visiblement. Le rougail zandouille emportera notre suffrage contre le canard.

Pendant que nous sirotons les rafraîchissements, les odeurs de fond de karail et de viande saisie nous parviennent, aiguisant notre appétit d’autant plus qu’il y a une petite attente, fort compréhensible puisque les sautés sont fait à la minute. Un petit amuse gueule ne serait pas de trop avec l’apéro. L’attente ne dure pas et nous voyons arriver les plats, avec un fumet qui en dit déjà long concernant le porc.

Ne tournons pas autour du baril : le sauté est excellent. De la viande de porc tout à fait tendre, au piquant poivré, magnifique dans son enrobage de siave, et succulente accompagnée des morceaux de gros piments encore croquants. Un plat qui a du répondant, c’est le moins qu’on puisse dire, et dont les atours salés s’atténuent mélangé au riz.

Le rougail zandouille est surprenant. La charcuterie, coupée proprement en tranches, n’exhale pas cette odeur caractéristique de tripaille et de poivre à laquelle on peut s’attendre. A la place, nous avons une humeur légère avec un fond de fumé, fort satisfaisant au nez de toute façon. La sauce est quasi absente, ne recouvrant les tranches qu’à la manière d’une pellicule, avec quelques morceaux de tomates ici et là. Ce plumage sobre n’a rien à voir avec le ramage, très respectable. En effet, l’andouille est savoureuse malgré des saveurs de tripes sages. Son onctuosité et un bon équilibre entre les parties sèches et le gras font merveille, révélant avant celle du chef, l’expertise d’un bon charcutier. Et le chef a le mérite de respecter un produit, dont il est sûr de la valeur, en ne cherchant pas à le maquiller d’une manière ou d’une autre.

Les accompagnements sont corrects dans l’ensemble. Le riz avait un goût de pas assez, ce qui est fréquent quand les plats sont bons. Le rougail tomate était un peu quelconque. Nous avons demandé un piment vert « crasé », pour jouer avec l’andouille en mode fortissimo, parce qu’elle le valait bien. Quelques brèdes auraient fait osciller la note vers du 18 carats mais nous ne pouvons que constater la rareté des verdures sur les tables des restaurants créoles, au grand désespoir d’Ernestine.

Une crème brûlée aux amandes amères et des bananes flambées viennent clore le repas. Rien à dire de particuler à leur sujet.

La note s’élève à une quarantaine d’euros et des grains de piment, pour deux personnes, boissons, plats, desserts, plus un café. Correct. L’établissement ne prend pas les cartes bancaires.

Repas fort plaisant que fut celui-là. Dans un cadre sans chichis et ouvert sur un espace vert reflet d’une nature domestiquée typique du coin, le Jardin des délices vous propose une cuisine excellente, simple et efficace. Nous nous sommes quand même étonnés de ne pas avoir de produits du terroir au menu, tels que le vacoa. Mais peut-être que ce n’était tout simplement pas le jour. D’autre part, outre des entrées (deux suffiraient), des amuses-bouches et des rougails plus variés auraient été les bienvenus, comme un rougail bringelle par exemple. Si nous cherchons ainsi les poux et les lentes, c’est qu’en définitive il ne manque vraiment pas grand chose pour que la fourchette d’or tombe. Par conséquent nous décernons au Jardin des délices une belle fourchette en argent avec recommandation de l’équipe

Pour résumer : 
Accueil : bien • Cadre : bien • Présentation des plats : moyen
Service : très bien • Qualité des plats : très bons
Impression globale : bonne table
Fourchette en argent