Bon repas dans un p’tit coin

P1110596Dans la zone d’activité de la balance à Saint-André, chemin Lefaguyes, un restaurant vient de naître : le Ti coin créole.

Plats à emporter et buffet à volonté sont proposés à la clientèle. La terrasse abritée, d’une cinquantaine de couverts, offre des tables assez espacées pour être à l’aise. L’accueil est poli et souriant. Nous nous installons, et l’on vient tout de suite nous proposer les boissons. Les buffets sont dans la pièce principale de la maison attenante, dans des bacs fermés de couvercles opaques. Il faut lire le noms de plats, quand ceux-ci sont visibles. Des couvercles transparents auraient mieux convenu, ou alors des étiquettes lisibles. Aujourd’hui, boudin et achard, poulet massalé, rôti de porc et rougail morue sont au menu.
Nous faisons l’impasse sur les entrées, sauf pour le boudin, et remplissons nos assiettes.

P1110598A l’aspect, tout à l’air convenable. Le rougail morue, bien émietté, arbore un bel orangé appétissant. Le poulet massalé est paré de feuilles de caloupilé, et envoie son odeur sans faire semblant. Le boudin est frit, le rôti de porc paraît un peu pâlot sur le sec de la chair, mais développe également une humeur poivrée intéressante.
La dégustation peut commencer.

Le boudin est assez léger. Ce n’est pas du boudin « comblage » chargé à bloc. Même s’il est un peu gras, son goût épicé est très satisfaisant. Nous nous demandons où est passé l’achard, avant d’apprendre qu’il n’était pas loin, caché sous son couvercle en inox. Dommage pour nous.

P1110603Le poulet n’est pas fermier, et encore moins péi. Evidemment son lignage explique que les chairs sont assez fragiles et peut-être un peu trop cuites sur les bords. La saveur intrinsèque du poulet est conséquemment en berne mais sauvée par sa belle sauce pas trop grasse et qui, sans prétendre être une bête de concours, assure suffisamment pour nous contenter. On aurait tout de même aimé détecter la petite acidité d’un tamarin, s’il fallait chipoter.

Le rôti de porc se défend bien aussi, même si nous avons mangé largement mieux ailleurs. La peau un peu collante laisse en bouche un fumet honnête. La chair bien que blanche apparaît moins sèche qu’elle ne le laissait présager au premier abord. Le mordant est souple et élastique juste ce qu’il faut. On est loin du papier mâché. Toutes les épices s’expriment, avec le fameux roussi de fond de marmite d’un rôti bien né.

Le rougail morue emporte la palme. Nous avons rarement dégusté de rougail morue aussi réussi. Le dernier étant à la Table Créole de la Possession. Méticuleusement réduits en petites fibres, peu de morceaux importants subsistent. De fait, la sauce a imbibé l’ensemble comme une éponge, sans laisser de gras superflu. Le résultat en bouche est attendu : un beau moelleux, où le goût de la morue ne fait pas de la figuration, et ce d’autant que le sel est impeccablement dosé. Nous retrouvons en pointillé, sous les épices et la tomate fondue, cette odeur caractéristique des vieilles morues des boutiques chinois d’autrefois, qui fouettaient jusqu’au bar.

Le riz, type basmati, un peu sec, sent renfermé de fond de bac. Passable. Le piment vert « crasé » en revanche est excellent.

Le repas s’achève avec un clafoutis à la papaye, assez peu sucré pour laisser le fruit s’exprimer sans far. L’addition, boissons comprise, se monte à 36 euros et des miettes de morue. Le rapport qualité-prix est satisfaisant.

Alors bien sûr, il y aurait beaucoup à dire, notamment sur l’agencement de la salle et la circulation des gens. Le personnel fait des allez-retours fréquents entre le pôle des plats à emporter et le buffet, traversant la salle. Quand les clients se font nombreux, c’est gênant. Un passage discret pourrait être aménagé au fond, par de simples paravents. Nous ne reviendrons pas sur la lisibilité des plats, au sens large. Le service quant à lui, pour ce qui reste à faire à côté du buffet, est aimable mais encore tâtonnant. Le temps et l’expérience, et aussi peut-être une embauche ou deux, rendront tout cela plus fluide. Concernant la cuisine, rien de bien particulier à dire. Tout est assez conforme aux canons créoles pour les tarifs pratiqués, il ne manque plus que davantage de finesse, dans le massalé notamment, avec un poulet plus expressif. Nous sommes repartis repus et assez satisfaits pour décocher au Ti Coin Créole une belle fourchette en argent avec recommandation de l’équipe !

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Fourchettes

Pour résumer : Accueil: bien • Cadre : bien • Présentation des plats: moyen
Service: perfectible • Qualité des plats: très bons • Rapport qualité-prix: correct.
Impression globale : bonne table
Fourchette en argent avec recommandation

La présente critique a été réalisée le 6 mai 2016, à partir de midi, et ne prétend pas être une vérité absolue et définitive. Notre point de vue est subjectif, par nature, mais parfaitement honnête. Nous certifions n’avoir aucun rapport de près ou de loin avec les propriétaires de ce restaurant et aucun intérêt à attribuer à ce dernier une bonne ou une mauvaise note. Dans tous les cas, le restaurant dispose d’un droit de réponse.

L’Ere des Mets, le restaurant plaisir pour un amour de chef

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Jeoffrey, chef associé, et Yves Piednoel

Dans son restaurant du début des rampes de Saint-François, Yves Piednoel est comme un coq en pâte. Il s’amuse, il partage sa passion, il se fait plaisir en faisant plaisir.

Déjà le nom de l’endroit : « L’ère des Mets », un jeu de mot facile et plein de sens à la fois, inspiré pourrait-on dire. Les clients, eux, ont un peu plus que « l’air d’aimer » les menus qui y sont concoctés chaque semaine que Dieu fait puisque la réputation du restaurant grandit chaque jour par ce bouche à oreille si efficace, mieux que toutes les campagnes de pub du monde.

Mais est-ce un restaurant dailleurs ? N’y aurait-il pas un terme plus signifiant pour qualifier cette maison ? Quand Yves Piednoel nous parle non pas de gastronomie mais de « gastromamie », il a des accents fervents et presque nostalgiques de cette vieille hospitalité française, où l’on voit émerger une grand-mère cordon bleu aux joues rouges qui pose délicatement sa tarte sur le rebord de la fenêtre dans un torchon vichy. Mais cette grand-mère là n’a pas voyagé. Yves si (voir encadré).

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De la belle légine « en deux cuissons », terminée à 65°, parfumée à l’origan, avec un risotto aux tomates séchées et semi-confites, des asperges vertes et une tuile parmesan.

Dans son élan vers une authenticité remise au goût du jour pour ne pas dire au goût du monde, le chef va plus loin que le choix de produits frais et de qualité pour élaborer ses plats qu’on pourrait qualifier de métis (lui il dit « fusion ») : il va jusqu’à les servir lui-même à ses clients, avec la description idoine (origine des plats, techniques de cuisson, association des saveurs), propre à satisfaire l’intelligence et la curiosité de quelques-uns qui viennent là pour manger et non bouffer comme dirait le regretté Jean-Pierre.
« On fait tout maison, notre pain, nos glaces, on cave nos fromages… » dit l’homme, qui ajoute « On fait peu de couverts, au delà de 25 on arrête les réservations« . Ces façons de rechercher la qualité et non pas la quantité révèle ce besoin de retrouver l’essence même du plaisir, de l’instant précieux d’une belle assiette s’offrant  à l’appétit ouvert des convives. « C’est un restaurant d’amour, qu’on essaie de diffuser dans tout ce qu’on fait. Un restaurant plaisir, pour nous comme pour les clients« .

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Le spécialité de la maison : la truffe

Et s’il est un mets rare et savoureux qui diffuse, à l’Ere, c’est la truffe, prédilection d’Yves et Jeoffrey, l’acolyte chef. Point d’affolement, inutile d’aller préparer le terrain avec madame qui tient les cordons de la bourse, Jeoffrey vous rappelle qu’il a toute sorte de truffes, à tous les prix. De toute manière, les menus de dégustation sont à 49 ou 55 euros, conséquent pour une barquette de rougail saucisses, plat réunionnais préféré d’Yves (nous l’aurions parié tiens !), mais assez doux en regard du moment « gastromamique » proposé, pas de quoi en faire une jaunisse.

L’Ere des Mets est ouvert du jeudi au samedi soir (jusqu’à 25 personnes), et sur réservation (jusqu’à 80 personnes exceptionnellement) au 06 92 11 69 59.
Le restaurant se trouve sur la droite en montant, au début des rampes de Saint-François, à Saint-Denis.

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Expérience internationale

La découverte des saveurs et des textures se pose comme le voyage culinaire inspiré par les autres voyages nombreux, et au combien enrichissants, de l’Yves qui nous livre son curriculum à faire rêver. Après des expériences parmis les étoilés de Paris, notre homme se donne pendant quatre ans dans un restaurant espagnol, puis travaille en brasserie de luxe au Luxembourg. Ensuite ce sera la Thailande, le Japon, un cinq étoiles à Saint-Martin, puis Miami où il exerce comme chef exécutif et gérant d’un quatre étoiles. Enfin, avant d’officier sous nos latitudes, il endosse le costume de directeur adjoint de l’école Lenôtre à Houston pendant deux ans. Rien que ça !

Jetez l’ancre à Terre Sainte

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(Une critique de Louna Sanphi)

Aujourd’hui notre ballade gourmande nous emmène à Saint-Pierre au restaurant Ancre Terre et Mer, à un jet des vagues de Terre-Sainte. Le restaurant est spécialisé en tartares de poisson et risotto. Salade, foie gras et hamburger maison sont aussi à la carte.

La salle. Une belle terrasse de plus de cinquante couverts s’offre aux visiteurs. La salle intérieure, elle, peut accueillir huit personnes avec en prime une vue sur la cuisine. Les chaises sont en osier plastifié et offrent d’agréables assises. De grands parasols qui nous font penser aux ombrelles chinoises aux couleurs vives nous abritent d’une fine pluie. La décoration est simple, colorée et favorise la convivialité.

L’accueil. Nous sommes accueillis avec le sourire et on nous apporte les menus. On nous propose le cocktail soft du jour : pomme, ananas, orange, que nous acceptons. La couleur vive du cocktail et le goût confirme qu’il est sans sucre et eau ajoutės. Excellent et bien désaltérant. La carte se compose principalement de poissons, dont des tartares*, mais les carnassiers ne sont pas en reste puis qu’un tartare de boeuf une entrecôte et des burgers maison sont aussi proposés.

Nous arrêtons donc notre choix sur le foie gras chutney d’ananas et fruits secs, le tartare du jour, à la Mexicaine, et la salade Ancre terre et mer.

*Le poisson cru est un aliment fragile, son altération peut provoquer l’anisakiase , (infection par les vers anisakis ) En France, il est rare de souffrir de ce genre d’intoxication grâce à une règlementation stricte liée aux poissons crus. Les professionnels de l’alimentation ont pour obligation de les congeler à -20°c au moins 24h durant. On le déconseille toutefois aux femmes enceintes et aux jeunes enfants .
Pour le préparer à la maison il convient de choisir de produits frais de chez votre poissonnier. Bien se laver les mains et les ustensiles qui vont servir à le préparer .
Conserver la préparation au frais et consommer rapidement .

P1110169Foie gras – chutney d’ananas et aux fruits secs. Le foie gras, copieux et savoureux, est présenté  sur une ardoise, accompagné du chutney d’ananas et de fruits secs. Original et excellent. Une salade assaisonnée au vinaigre balsamique l’accompagne. C’est parfait .

La salade Ancre terre et mer. Elle est très copieuse également, composée de feuilles de salade verte sur laquelle le chef a ajouté de belles noix de Saint Jacques marinées et coupées en rondelles, succulentes et tendres. Un mini tartare de thon du jour, des rillettes de thon maison, un tataki de thon marinė poėlė aux sésames et du Marlin fumė coupė en petits dés complètent le tableau. L’espuma de wasabi coiffe tout cela pour sublimer le festival de saveurs douces et piquantes qui relève excellemment les poissons.

P1110177Le tartare à la Mexicaine. La belle assiette est servie avec des pommes grenaille rôties**. Le tartare excellent est très bien agrémenté d’un guacamole qui lui donne cet agréable goût qu’on aime bien. La salade à la vinaigrette balsamique adoucit agréablement le palais. Nous remarquons que le chef utilise les fleurs comestibles, qui rendent les assiettes aussi agréables à regarder qu’à manger.

IMG_4467**A la maison :
Laver les pommes grenaille, les mettre sans les peler ( si vraiment elles sont très sales mettez les dans un récipient genre bouteille de jus de fruits, ou sac de congélation un peu de gros sel, et secouer énergiquement, elles ressortiront propres ) Dans un plat allant au four, les recouvrir d’huile, ajouter un peu de gros sel, de poivre en grains, des gousses d’ail non pelées, et des branches de thym frais. Cuire 1h a 90°c. Passez à la friteuse selon vos besoins, mais vous pouvez aussi vous en servir pour vos salades .

IMG_4472Les produits de la mer sont le fond de commerce de ce restaurant de Terre Sainte, comme son nom le laisse deviner, et les amateurs ne seront pas déçus, surtout ceux qui préfèrent savourer le poisson dans son plus simple appareil, si l’on peut dire : en tartare. Plus que n’importe quel autre mets, le choix et la préparation des produits de la mer n’autorisent en aucun cas l’amateurisme et la négligence. Rien de tout ça à l’Ancre terre et mer, et le soin apporté au dressage en est la première preuve. Aujourd’hui nous avons passé un des plus agréables moments de notre vie de critique. A l’heure ou certains restaurateurs s’inquiètent du manque de clients, ce jour-là, la terrasse du restaurant était pratiquement pleine. Accueil et service très agréables, produits obligatoirement frais, plus un cadre agréable, idéal pour un dîner en tête à tête avec bougies et tutti quanti… tout cela justifie des tarifs assez élevés qui peut faire passer l’addition au-delà de la barre des 100 euros pour deux personnes.
Autant d’arguments qui nous font attribuer au restaurant Ancre Terre et Mer la fourchette d’or. La deuxième de cette année.

FourchettesPour résumer : 

Accueil: bien • Cadre : bien • Présentation des plats: très bien
Service: très bien • Qualité des plats: très bons • Rapport qualité-prix: perfectible.
Impression globale : Excellente table

Fourchette en or

La présente critique a été réalisée le 13 avril 2016, à partir de midi, et ne prétend pas être une vérité absolue et définitive. Notre point de vue est subjectif, par nature, mais parfaitement honnête. Nous certifions n’avoir aucun rapport de près ou de loin avec les propriétaires de ce restaurant et aucun intérêt à attribuer à ce dernier une bonne ou une mauvaise note. Dans tous les cas, le restaurant dispose d’un droit de réponse.