
Dans son restaurant du début des rampes de Saint-François, Yves Piednoel est comme un coq en pâte. Il s’amuse, il partage sa passion, il se fait plaisir en faisant plaisir.
Déjà le nom de l’endroit : « L’ère des Mets », un jeu de mot facile et plein de sens à la fois, inspiré pourrait-on dire. Les clients, eux, ont un peu plus que « l’air d’aimer » les menus qui y sont concoctés chaque semaine que Dieu fait puisque la réputation du restaurant grandit chaque jour par ce bouche à oreille si efficace, mieux que toutes les campagnes de pub du monde.
Mais est-ce un restaurant dailleurs ? N’y aurait-il pas un terme plus signifiant pour qualifier cette maison ? Quand Yves Piednoel nous parle non pas de gastronomie mais de « gastromamie », il a des accents fervents et presque nostalgiques de cette vieille hospitalité française, où l’on voit émerger une grand-mère cordon bleu aux joues rouges qui pose délicatement sa tarte sur le rebord de la fenêtre dans un torchon vichy. Mais cette grand-mère là n’a pas voyagé. Yves si (voir encadré).

Dans son élan vers une authenticité remise au goût du jour pour ne pas dire au goût du monde, le chef va plus loin que le choix de produits frais et de qualité pour élaborer ses plats qu’on pourrait qualifier de métis (lui il dit « fusion ») : il va jusqu’à les servir lui-même à ses clients, avec la description idoine (origine des plats, techniques de cuisson, association des saveurs), propre à satisfaire l’intelligence et la curiosité de quelques-uns qui viennent là pour manger et non bouffer comme dirait le regretté Jean-Pierre.
« On fait tout maison, notre pain, nos glaces, on cave nos fromages… » dit l’homme, qui ajoute « On fait peu de couverts, au delà de 25 on arrête les réservations« . Ces façons de rechercher la qualité et non pas la quantité révèle ce besoin de retrouver l’essence même du plaisir, de l’instant précieux d’une belle assiette s’offrant à l’appétit ouvert des convives. « C’est un restaurant d’amour, qu’on essaie de diffuser dans tout ce qu’on fait. Un restaurant plaisir, pour nous comme pour les clients« .

Et s’il est un mets rare et savoureux qui diffuse, à l’Ere, c’est la truffe, prédilection d’Yves et Jeoffrey, l’acolyte chef. Point d’affolement, inutile d’aller préparer le terrain avec madame qui tient les cordons de la bourse, Jeoffrey vous rappelle qu’il a toute sorte de truffes, à tous les prix. De toute manière, les menus de dégustation sont à 49 ou 55 euros, conséquent pour une barquette de rougail saucisses, plat réunionnais préféré d’Yves (nous l’aurions parié tiens !), mais assez doux en regard du moment « gastromamique » proposé, pas de quoi en faire une jaunisse.
L’Ere des Mets est ouvert du jeudi au samedi soir (jusqu’à 25 personnes), et sur réservation (jusqu’à 80 personnes exceptionnellement) au 06 92 11 69 59.
Le restaurant se trouve sur la droite en montant, au début des rampes de Saint-François, à Saint-Denis.
Expérience internationale
La découverte des saveurs et des textures se pose comme le voyage culinaire inspiré par les autres voyages nombreux, et au combien enrichissants, de l’Yves qui nous livre son curriculum à faire rêver. Après des expériences parmis les étoilés de Paris, notre homme se donne pendant quatre ans dans un restaurant espagnol, puis travaille en brasserie de luxe au Luxembourg. Ensuite ce sera la Thailande, le Japon, un cinq étoiles à Saint-Martin, puis Miami où il exerce comme chef exécutif et gérant d’un quatre étoiles. Enfin, avant d’officier sous nos latitudes, il endosse le costume de directeur adjoint de l’école Lenôtre à Houston pendant deux ans. Rien que ça !
Bravo Yves, ta cuisine à toujours été excellente et maintenant que tu es loin, ta découverte de nouveaux horizons doit l’enrichir encore plus. J’ai hâte d’aller me rendre compte sur place
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