Aujourd’hui, nous sommes du côté de la grotte des premiers migrants, à Saint-Paul, pour mettre les pieds sous la table du Palais de l’eau de coco, petit restaurant d’une quarantaine de couverts en bord de l’ancienne nationale, presqu’en face du cimetière marin.
L’endroit est arrangé simplement, avec quelques plantes ici et là, des tables et chaises en plastique et un gros tas de cocos « d’lo » en attente d’être consommés. De l’autre côté, une vitrine avec des rhums arrangé, et un meuble à crèmes glacées. C’est propre dans l’ensemble, mais un rafraîchissement général (y compris au niveau des toilettes) ne serait pas du luxe. On nous accueille avec le sourire. Nous nous installons.
Le menu est inscrit sur un panneau. Aujourd’hui : civet de cabri, coq massalé, rougail saucisses, boucané bringelles et camarons au lait de coco. Nous goûtons au rougail saucisses et au coq massalé, après un apéritif mousseux bien frais. Les plats sont servis assez rapidement, agrémentés d’une salade verte, de lentilles (en conserve) et d’un rougail piment-vert-oignons.
Le rougail saucisses est très réussi. Il démontre que l’on peut faire un plat qui tient la route avec des ingrédients moyens. Les saucisses sont en effet assez correctes gustativement parlant, mais molles au niveau de la texture, la faute à une présence de gras exagérée, courante dans les saucisses bon marché. Pour autant, la sauce bien rouge est très équilibrée tant au niveau du sel que celui de sa consistance, ni trop liquide ni trop épaisse. Les oignons y ont bien fondu en bonne harmonie avec les tomates. Sans aller jusqu’à choisir des saucisses de luxe, des produits plus goûteux et mieux épicés auraient donné au plat davantage de relief.
Le coq massalé est dans la même veine. Même si ce n’est pas un « coq la cour », aux gambettes musclées avec une chair de caractère, le gallinacé parvient tout de même à afficher un peu de saveur, ainsi qu’une certaine rondeur dans la viande. Il faut dire qu le massalé, parfumé mais peu puissant, le laisse s’exprimer. On sent en revanche assez peu le caloupilé dans cette belle sauce aussi bien réussie que celle du rougail précédent.
Heureusement que le « piment-zognons », de la famille des chauffe-zoreils, et des chauffes-créoles aussi d’ailleurs, amène sa belle saveur claquante dans tout cela. Les lentilles, fussent-elles en conserve, sont parfaitement préparées. Elles ne sont certes pas assez en crème, mais on ne va pas trop leur en demander non plus.
Les plats sont finis. Nous concluons le repas avec une tranche de confiture de papaye un peu seule dans son assiette en plastique. Une présentation simple avec de la chantilly, même en bombe, plus une feuille de menthe aurait été appréciée. Mais la papaye est tendre et savoureuse. Elle met un point final joyeux au repas.
Le palais de l’eau de coco existe depuis 76 ans ! C’est certainement l’un des plus vieux restaurant de La Réunion. Trois générations de gérant s’y sont succédées. Le restaurant est idéalement placé, à proximité du parc de la grotte et du cimetière marin. Sa cuisine est dans l’ensemble correcte, si nous en jugeons par ce que nous avons dégusté, même si les plats ont manqué de « peps ». Les portions de cari sont aussi un peu justes pour les bons mangeurs. L’accueil et le service sont très satisfaisants. Un rafraîchissement des lieux et une cuisine plus aboutie, moins ronronnante, qui sait préserver ses racines tout en sortant des sentiers battus, devraient amener davantage de monde. De bonnes raisons pour octroyer au Palais du coco une belle fourchette en argent. Tienbo larg’pa.
Pour résumer
Accueil : très bien • Cadre : moyen
• Présentation des plats : moyen • Service: très bien
• Qualité des plats : bons
• Rapport qualité-prix : correct
Impression globale : bonne table
Fourchette en argent