Le Bistrot Case Créole

BCC3Aujourd’hui, nous mettons les pieds sous la table du Bistrot Case Créole, établissement saint-gillois posé au bord de l’artère principale du village balnéaire. Une belle salle d’une cinquantaine de couverts, sobrement décorée, tableaux aux murs, finit, au fond, par les marmites de caris du buffet à volonté de 19 euros. À la différence de certains autres restaurants à buffet, le Bistrot ne vous force pas à manger «à volonté» et vous fait l’assiette à 10 euros pour un seul service. Bonne initiative.

L’accueil est souriant et aimable. Nous nous installons et lisons le menu. Rougail saucisses – boucané, poulet au citron, cari de poisson et massalé cabri attendent dans les marmites, avec les accompagnements habituels. Des plats plus « métros » sont aussi proposés : brochettes de bœuf, tartare de thon, magret de canard et pavé de légine, mais ce n’est pas ce que nous allons noter. Quelques gorgées de mousse fraîche plus tard nous passons à l’assaut.

BCC1Nous entamons notre assiette bien pleine avec le massalé cabri. L’odeur en dit déjà long sur l’animal. C’est du vieux bouc surgelé, avec ce goût prononcé de «lait», comme dit le créole, doucereux et musqué. Sans doute aurait-il été plus aimable assaisonné en civet, mais là, avec le massalé grossier dans lequel il baigne, sans l’ombre d’un caloupilé à l’horizon, il manque singulièrement de classe. De la viande de second choix cuisinée à la va-comme-je-te-pousse, et caoutchouteuse par-dessus le marché. Ce plat est une insulte. Le poisson n’a pas de mal à faire mieux. Il n’est sans doute pas frais, lui non plus, mais affiche une saveur intéressante. Heureusement. Parce que la sauce, huileuse, n’apporte rien en terme de sensation. Les épices sont mortes, aucune énergie, aucun parfum, le peu de tomate fait pitié. Ce plat est insignifiant.

Le rougail saucisses ne se détache pas du lot. Les saucisses trop moulues ont certes un peu de goût, mais elles dansent dans l’huile avec le compère boucané dans une sarabande écœurante. Ce plat est un concentré de gras, qui n’a même pas la politesse de proposer ne serait-ce qu’un tant soit peu de fumet.

Les rougails, tomates et concombres, sont seulement salés, c’est tout. Les grains sont limite durs, des haricots qu’on sert à l’armée en temps de guerre, l’armée d’avant, celle d’aujourd’hui fait sans doute mieux. Le riz achève les plats comme on achève les chevaux. Mais qu’est-ce que c’est que ce riz ? À première vue en grain, il se délite en bouche pour devenir pâteux et farineux à la fois, laissant une sensation désagréable qui n’arrange pas la médiocrité des caris. Nous comptions sur les achards de légumes pour amener de la fraîcheur dans tout cela, en vain. A la vue, on peut déjà soustraire le « s » de  «légumes». Avec 98% de chou, c’est du achard de chou, ou du manque de respect pour ce plat emblématique. Aucun intérêt.

Addition : 20 euros donc pour deux Réunionnais, ce qui constitue un crime, et pour deux touristes qui découvriraient la cuisine locale avec «ça», ce qui constitue du mépris. Le rapport qualité-prix est conséquemment mauvais.

BCC2Sur le logo du restaurant on peut lire « tradition, bistronomie ». Parce que c’est ça la Tradition ? De quelle tradition parle-t-on ? Pas de la tradition réunionnaise en tout cas. Jusqu’à preuve du contraire, les plats que nous avons dégustés aujourd’hui sont la conséquence d’un je-m’en-foutisme patent. Créol i apèl ça « foutant ». C’est bien beau de faire des présentations à la marmite avec les cochonailles suspendues pour faire « genre », mais le Bistrot Case Créole nous a surtout illustré magistralement à quel point notre belle et riche gastronomie est insultée, dénigrée, rabaissée, dans ces lieux fréquentés des touristes, là où, précisément, il conviendrait d’en donner la meilleure image possible. Sous la présentation soignée et le cadre attrayant, il n’y a… rien. Rien qu’une cuisine fadasse, sans éclat, faite à l’économie, sans recherche, sans travail, sans cœur. L’établissement est bien noté sur TripAdvisor, mais ce que nous avons avalé aujourd’hui ne mérite guère qu’une misérable fourchette en plastique.

Pour résumer
Accueil : bien • Cadre : bien • Présentation des plats: buffet • Service: bien • Qualité des plats : médiocre • Rapport qualité-prix: mauvais.
Impression globale : médiocre
Fourchette en plastique

La présente critique a été réalisée le 30 juin 2017, à partir de 19h30, et ne prétend pas être une vérité absolue et définitive. Notre point de vue est subjectif, par nature, mais parfaitement honnête. Nous certifions n’avoir aucun rapport de près ou de loin avec les propriétaires de ce restaurant et aucun intérêt à attribuer à ce dernier une bonne ou une mauvaise note. Dans tous les cas, le restaurant dispose d’un droit de réponse.

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