Le Belvédère

IMG_0732Mare-à-Vieille-Place. Ce joli village du cirque de Salazie, au cachet authentique, où officie le charcutier titulaire de la saucisse de bronze 2015 (première édition de notre concours de la meilleure saucisse), est le passage obligé vers Grand-Ilet. Un coin charmant connu pour son point de vue panoramique sur Mare-à-Martin de l’autre côté du rempart. Un point de vue où il fait bon pique-niquer et qui donne son nom au restaurant que nous testons aujourd’hui : Le Belvédère.

IMG_0722Le restaurant, qui est également un snack et une salle de jeu, est logé dans une case créole patinée. Quelques tables espacées dedans, quelques autres sous l’étroite terrasse en façade, l’intérieur est arrangé simplement. C’est propre. Le jeune barbu qui nous accueille est sans doute le patron. Il nous invite à nous installer et nous demande de choisir parmi les quatre caris du jour.

Nous nous laissons tenter par un civet de canard et un massalé de coq, plus un rougail saucisse pour la route. Les assiettes sont dressées puis déposées sur notre table rapidement, avec les boissons. Ca bave un peu du côté des gros pois. La portion de cari est chiche. Nous attaquons.

IMG_0721Le civet de canard, d’une belle couleur sombre, très bien épicé, est un peu timide à l’odeur mais se rattrape en bouche. C’est très bon. Le vin parfume la chair sans faire semblant, mais sans brutalité non plus. Le poivre, et un girofle boute-en-train, l’accompagnent efficacement, en sublimant la saveur brune du volatile. Pas de sauce grasse, et c’est bien, mais pas de persil haché dessus non plus, et c’est dommage, il aurait aidé le cari à avoir plus de panache au nez. De plus, c’est mal nettoyé, des racines de plumes sont encore présentes sur les ailes…

IMG_0716Le coq massalé est de la même trempe. Et même davantage si l’on ne juge que par sa texture musclée. Il propose un mordant qui n’autorise pas les dents déchaussées. Un temps de cuisson supplémentaire l’aurait assoupli davantage, mais qu’importe : ce coq-là est du coin, il y a de fortes chances, bénéficiant du grand air, si l’on en juge par son caractère affirmé, que le massalé parvient à peine à maîtriser, comme un cow-boy sur un cheval sauvage. C’est du massalé équilibré, ni trop agressif, ni trop subtil, mais une ou deux cuillères de plus et du caloupilé n’auraient pas été de trop, à notre sens tout du moins. Les palais plus délicats ont amplement apprécié. La dose de sel est parfaite dans ces deux caris, ainsi que dans le rougail saucisses que nous dégusterons ultérieurement.

Assez bon rougail, bien qu’un peu sec. La sauce n’a presque pas teinté le riz, et ce n’est pas un défaut de service : elle doit être assez maigre, bien qu’elle colore les saucisses suffisamment pour que l’appellation « rougail » soit méritée. Les saucisses elles-mêmes sont aussi du coin, supposons-nous. Cette saveur poivrée et chambrée, cette texture particulière de viande hachée gros, c’est de l’ouvrage artisanal, à n’en point douter. Un rougail concombre croquant et assez pimenté pour chauffer les touristes accompagne très bien le coq ou le canard.

IMG_0728Les pois du Cap en « creume » aussi d’ailleurs. Seul le riz nous déçoit quelque peu. Ce n’est pas ce vilain riz grain long, sec, auquel le hasard de nos visites nous a abonnés dernièrement, mais ce n’est pas très goûtu non plus. À changer, à notre humble avis. Nous terminons par des bananes flambées, très bonnes. Un dessert simple mais qui clôt le repas sur une belle note sucrée.

L’addition se monte à 35€ pour trois caris dont un à emporter, deux boissons et deux desserts. Le rapport qualité-prix est correct.

Le Belvedère est un endroit sympa, dans un style évoquant les boutiques d’autrefois, le chinois en moins, et propose une belle vue sur une cuisine réunionnaise authentique et très goûtue. L’accueil et le service qui nous ont été offerts étaient souriant et attentionnés. Nous ne déplorons que quelques détails, où se loge le diable. Des négligences sans grande importance en soi, mais qui dénotent un manque d’attention professionnelle. Les couverts d’abord, qui sont dépareillés, dont des couverts d’enfant. Petite fourchette qui plie, couteau faiblard avec les viandes fermes des caris. La remarque est faite au gérant, qui nous objecte que les couverts en inox sont difficiles à trouver et chers (ah bon?). Nous lançons ici un appel pour qu’un fournisseur obligeant s’occupe du Belvedère, s’il vous plaît ! La serviette en papier ne vaut pas mieux. A peine s’est-on essuyé les mains qu’elle se déchire. Des quantités de cari à revoir pour les « bons » mangeurs, pas de carafe d’eau sur la table (récurrent dans beaucoup d’autres établissements), un morceau de gingembre gros comme un ongle qui nous passe sous la molaire (heureusement, nous adorons ça !), une cuisson du coq un peu juste en rapport à sa fermeté naturelle, pas de brèdes (on est dans les hauts, tout de même, mais ça aussi c’est récurrent), les assiettes dressées mais non essuyées, autant de petites choses qui, corrigées, donneraient au restaurant un côté plus « pro », sans dénaturer son authenticité. Un problème de temps et de manque de personnel, sans doute. Rien de bien grave de toute manière. Avec un peu plus d’efforts, d’envie et de motivation (si c’est possible), la fourchette d’or est très largement accessible. Aujourd’hui nous avons le plaisir de compléter la vaisselle du Belvedère avec une jolie fourchette en argent (honorifique) !

FourchettesPour résumer. Accueil : bien • Cadre : bien • Présentation des plats: perfectible • Service : très bien • Qualité des plats : bons • Rapport qualité-prix:  bon. Impression globale : bonne table
Fourchette en argent

LA PRÉSENTE CRITIQUE A ÉTÉ RÉALISÉE LE 17 SEPTEMBRE 2017, À PARTIR DE MIDI, ET NE PRÉTEND PAS ÊTRE UNE VÉRITÉ ABSOLUE ET DÉFINITIVE. NOTRE POINT DE VUE EST SUBJECTIF, PAR NATURE, MAIS PARFAITEMENT HONNÊTE. NOUS CERTIFIONS N’AVOIR AUCUN RAPPORT DE PRÈS OU DE LOIN AVEC LES PROPRIÉTAIRES DE CE RESTAURANT ET AUCUN INTÉRÊT À ATTRIBUER À CE DERNIER UNE BONNE OU UNE MAUVAISE NOTE. DANS TOUS LES CAS, LE RESTAURANT DISPOSE D’UN DROIT DE RÉPONSE.

Le Rendez-vous

RDV intéreiurNous n’avons pas rendez-vous, mais c’est bien le Rendez-vous que nous décidons de tester aujourd’hui, un restaurant situé sur la voie de liaison portuaire, au front de mer côté nord du Port.

L’endroit est fréquenté des cadres et patrons de la zone. De l’extérieur, le restaurant ne paie pas de mine. Il est en effet installé dans ces préfabriqués type Algeco, et en cela il se fond parfaitement dans le paysage au point presque de disparaître. Nous poussons la porte et c’est un tout autre décor qui s’offre au regard : parquet flottant imitation bois, miroir encadrés, une touche orientale, joli mobilier, table dressées à l’équerre, belle vaisselle. Le contraste est saisissant.

IMG_4279Nous sommes très aimablement accueillis par deux dames fort souriantes, qui nous placent et nous amènent le menu du jour sur tableau. Malheureusement pour nous, une des chaises est posée pile à un endroit ou le parquet flotte un peu plus que la normale. Il ondule même à chaque fois que quelqu’un y met les pieds, et la chaise suit le mouvement. C’est désagréable mais nous ne mouftons pas. Le menu est créole pour l’essentiel, teinté de quelques plats métros et mauriciens comme le briani. Pas moins de 25 plats et 6 entrées sont proposés, des classiques rougails morue et saucisses au Ti-Jacque, en passant par les camarons et poissons. C’est un peu beaucoup. Nous ne nous faisons pas d’illusion : point d’armée en cuisine mais plutôt une belle chambre froide avec des caris préparés d’avance. Et les tarifs pratiqués sont un peu sévères pour du surgelé. Mais enfin après tout, si c’est bon…

Deux bonbons piments tout chauds, épais et savoureux, sont proposés en amuse-bouche. Un concentré de cotomili, de cumin et de curcuma qui envoie du lourd avec du piment. Nous adorons. Suit un jus de mangue et ananas tout à fait savoureux et rafraîchissant bien que très sucré.

IMG_4280Nous commandons un cari la patte cochon et un « riz chauffé saucisse pétée », plat traditionnel s’il en est. Nous entamons le repas avec un « méli-mélo de zourite – palmistes », une entrée à 14€. Celle-ci est présentée comme un tartare, sur lit de salade verte et quelques juliennes de carotte. C’est assez bien fait. Pas besoin de plusieurs bouchées pour se rendre compte que ce méli-mélo est vinaigré à la louche, et salé à la pelle. Conséquence logique : les saveurs subtile du palmiste et musquée du zourite ont quasiment disparu. Le mélange, qui promettait d’être intéressant, est gâché. Ne subsiste que le croquant des légumes, et plus grand-chose.

IMG_4284Le cari la patte-cochon est à l’inverse pauvre en sel, et en épices en général. Nous n’avons pas vu l’ombre d’une feuille de thym, ni senti le moindre poivre. La viande est certes abondante, ce n’est pas un « cari le zo » mais ne propose qu’une vague saveur de cochon brut, et devient très vite insipide sur la longueur. L’aspect de la sauce en dit long sur l’affaire : la patte a dû patauger dans quelques hectolitres de flotte en compagnie d’un oignon célibataire et du curcuma pour la couleur. Elle eut été plus colorée (dans tous les sens du terme) si elle avait accroché au fond de marmite en fin de cuisson à l’étouffée, avec des épices correctement roussies, puis déglacée pour en dégager les sucs.

IMG_4286Le riz chauffé saucisses pétées a usurpé son nom. D’abord, c’est au mieux un riz cantonnais au rabais, sinon un riz frit à la mauricienne, d’autant que les grains sont longs type basmati. Des œufs et des oignons verts l’agrémentent. Et il a été tourné dans un fond de sauce de poisson, vu les humeurs vaguement marines qui s’en dégagent. Les saucisses, moulues fin, ne sont absolument pas pétées. Trop maigres pour l’être. Ce sont des saucisses frites tout simplement. Pas mauvaises. On est loin du vrai riz chauffé, tourné à l’huile ou au saindoux, salé et chauffé au piment zoizo bien vert, avec du bon riz grain moyen, et pas cette chose sèche, qui accompagne aussi la patte-cochon.

IMG_4285Les lentilles sont correctes, sans étincelles. Deux rougails sont proposés : oignons et gros piment, plus dakatine. Bon point pour ce dernier, plus épais, plus « roots » et plus goûteux que les diarrhées de mimites rencontrées tantôt dans deux autres restaurants. Nous faisons l’impasse sur les dessert. L’addition se monte déjà à 54 € pour deux personnes. Le rapport qualité-prix est mauvais.

Dans la zone industrielle du Port, en face du parcours santé du front de mer, qui, soit dit en passant, est bien plus joli que le champ de ruines du littoral dionysien, le Rendez-vous est celui des chefs d’entreprises et de leurs collaborateurs et collaboratrices, triste dehors, confortable dedans. Des gens qui travaillent aux alentours, et/ou habitués, qui trouvent sans doute la cuisine de ce restaurant correcte. Il ne faudrait pas qu’un autre restaurant de bonne cuisine locale s’installe à proximité parce « Le Ren-dez-vous » va le sentir passer, au risque de finir par s’appeler « Le Lapin ». Un lapin posé par des clients qui réaliseront que cette cuisine est finalement très moyenne, si ça continue comme ça, bien sûr. Certes l’accueil et le service sont très pros, mais ça ne suffit pas. Il ne suffit pas non plus de mettre les plats dans de la belle vaisselle, dressée dans une jolie salle décorée chic, pour qu’ils soient bons. Il faut aussi les cuisiner correctement, faire en sorte que les aliments aient du goût, et pas seulement un goût de sel. Et cela passe sans doute par un menu moins pléthorique qui éviterait de déguiser de la nourriture de cantine en plats élaborés. Et tant qu’à faire, si on propose des plats traditionnels, autant qu’ils soient exécutés comme tels, pour qu’ils méritent leur nom. Des mesures qui contribueraient peut-être à justifier des tarifs éhontés. Voici un repas qui ne mérite pas plus qu’une fourchette en inox. Terne.

finoxPour résumer. Accueil : très bien • Cadre : très bien • Présentation des plats: bien • Service : très bien • Qualité des plats : moyens • Rapport qualité-prix:  mauvais. Impression globale : moyen
Fourchette en inox

LA PRÉSENTE CRITIQUE A ÉTÉ RÉALISÉE LE 8 SEPTEMBRE 2017, À PARTIR DE MIDI, ET NE PRÉTEND PAS ÊTRE UNE VÉRITÉ ABSOLUE ET DÉFINITIVE. NOTRE POINT DE VUE EST SUBJECTIF, PAR NATURE, MAIS PARFAITEMENT HONNÊTE. NOUS CERTIFIONS N’AVOIR AUCUN RAPPORT DE PRÈS OU DE LOIN AVEC LES PROPRIÉTAIRES DE CE RESTAURANT ET AUCUN INTÉRÊT À ATTRIBUER À CE DERNIER UNE BONNE OU UNE MAUVAISE NOTE. DANS TOUS LES CAS, LE RESTAURANT DISPOSE D’UN DROIT DE RÉPONSE.

Chez Yann

IMG-0657Centre ville de Saint-Denis, par une journée de fin août, et un soleil qui pwak un peu trop pour la saison. Ca promet pour l’été. Nous avons choisi de tester le tout petit restaurant occupant l’angle des rues Jules Auber et Labourdonnais, Chez Yann.

Cette popote, que nous avions repérée depuis près de deux ans déjà, avait attiré notre attention avec sa cuisine réunionnaise variée, proposant des plats traditionnels encore peu courants dans les restaurants : sounouk, brèdes songes, rougail boudin, par exemple. Au menu ce jour : bœuf carotte, poulet sauce d’huître, porc pomme-de-terre et civet zourite. Nous choisissons ces deux derniers plats et nous nous installons. 14 couverts, pas plus, tiennent dans le local.

Le défilé pour les barquettes débute quelques minutes après l’ouverture. Le patron est devant, jouant de la grande cuillère, madame est dans la cuisine à l’arrière. C’est elle qui nous pose nos assiettes avec un sourire, mais sans s’attarder. Nous ne nous attendions pas à un dressage quelconque, et il n’y en a pas. Chez Yann, c’est à la bonne franquette, et ce n’est plus l’heure d’éplucher de l’ail. Nous espérons que nous nous régalerons autant que la veille, quand l’excellent boudin et le très bon poulet croustillant nous avaient décidé à faire cette critique.

IMG-0653Le cari de porc pommes de terre est très bon aussi. Les morceaux de viande étagés en gras et maigre sous la peau, sont d’un moelleux sublime et offrent de belles sensations sous la dent. Le goût du cochon est brut, à peine teinté par les épices classiques du cari, ce qui confère au plat un certain caractère. A vrai dire, les patates ont prélevé leur dîme de saveurs, le fait qu’elles partent un peu « en sucette » trahit une incorporation peut-être trop rapide dans la marmite, même si la qualité des tubercules joue aussi. Une tenue plus ferme aurait offert d’autres sensations. Ceci étant dit, le cari est également très apprécié ainsi.

IMG-0650Le zourite pèche un peu par manque de goût. Non pas le civet en tant que tel, puisque celui-ci offre un bouquet de vin cuit tout à fait plaisant et tonique, poivré sagement, avec un sel civilisé, mais plutôt la bestiole elle-même, qu’on attendait gustativement plus franche des ventouses, en iode notamment. Peut-être en demande-t-on trop à du zourite surgelé. La sauce a cependant un côté glissant qui n’est pas inintéressant, distribuant le parfum du civet dans tous les recoins du palais, d’autant plus facilement que la chair du tentaculaire est tendre, avec juste assez de résistance pour prolonger le plaisir.

Le riz et les accompagnements sont bien éduqués. Ça nous change de nos précédentes visites. En effet, le riz est conforme à ce que tout bon créole est en droit d’attendre : grain épais mais pas trop, cuisson à point, aptitude à jouer avec la sauce pour des bouchées gourmandes. La base. Les lentilles sont odorantes au possible, avec cette réminiscence de terre caillouteuse mouillée que nous n’avions plus rencontrée depuis un certain temps. Bon point également pour le rougail concombre, dont le croquant est apprécié, surtout avec le porc, avec sa dose de piment vert généreuse, qui excite la salivation.

Les assiettes sont nettoyées. Nous repartons repus, après avoir réglé une note de 14 euros pour deux plats à déguster sur place. Le rapport qualité-prix est excellent.

Ceux qui empruntent la rue Labourdonnais en venant du front de mer aux alentours de midi auront certainement remarqué la queue qui se forme souvent devant chez Yann. A juste titre. Depuis quelques année ce petit restaurant de midi régale sa clientèle de bons plats locaux, exécutés à la perfection, par un couple sympathique, qui sait faire. Le petit plus : pouvoir de temps à autre y déguster des plats traditionnels autres que les grands classiques du genre. Dans cette partie de la ville jusqu’au Barachois, c’est incontestablement la meilleure adresse à barquettes qu’on puisse trouver. Bien d’autres établissements, jadis bons, sont tombés dans la facilité et le tout-venant, (sans parler des camions bars glauques du front de mer). Aussi, un conseil : arrivez de bonne heure parce que Yann à pas pour tout le monde ! Verdict : une très belle fourchette en argent avec recommandation de l’équipe. L’or n’est plus très loin.

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FourchettesPour résumer. Accueil : bien • Cadre : moyen • Présentation des plats: moyen • Service : très bien • Qualité des plats : très bons • Rapport qualité-prix:  excellent. Impression globale : très bonne table
Fourchette en argent avec recommandation

LA PRÉSENTE CRITIQUE A ÉTÉ RÉALISÉE LE 31 AOÛT 2017, À PARTIR DE MIDI, ET NE PRÉTEND PAS ÊTRE UNE VÉRITÉ ABSOLUE ET DÉFINITIVE. NOTRE POINT DE VUE EST SUBJECTIF, PAR NATURE, MAIS PARFAITEMENT HONNÊTE. NOUS CERTIFIONS N’AVOIR AUCUN RAPPORT DE PRÈS OU DE LOIN AVEC LES PROPRIÉTAIRES DE CE RESTAURANT ET AUCUN INTÉRÊT À ATTRIBUER À CE DERNIER UNE BONNE OU UNE MAUVAISE NOTE. DANS TOUS LES CAS, LE RESTAURANT DISPOSE D’UN DROIT DE RÉPONSE.

Les Marsouins

IMG_4272Aujourd’hui nous voilà partis taquiner le Marsouin. Un nom qui fleure bon le football saint-leusien, le troufion de base du régiment ou plus prosaïquement le cochon de mer. Il est porté par un établissement discret de la rue Amiral Bouvet à Saint-Benoît, que nous avons choisi de passer au tamis.

Pas âme qui vive ou presque à l’heure où nous arrivons. À part un couple qui sirote son apéritif. Une minute s’écoule avant que quelqu’un ne se manifeste. Vus l’âge et l’assurance du personnage, il y a de fortes chances que ce soit le patron. L’accueil est franc du collier, sans rond de jambes, poli et expéditif. Nous nous installons sans broncher à une table, puis l’adjudant-chef nous glisse le menu du jour, écrit dans ce qui ressemble à une carte. Un petit travail graphique de base ne serait pas du luxe. Nous espérons que la présentation ne reflète pas la cuisine. L’homme apparaît et disparaît au gré de ses occupations. Il nous propose les boissons, prend la commande, file en cuisine. Cet homme-là, c’est Speedy Gonzales.

IMG_4268Le temps de siroter le punch maison, rafraîchissant, avec un rhum sage, ainsi que le punch coco vanillé et épais, les plats arrivent. Nous avons opté pour le bouillon coquilles « la rivière », spécialité bénédictine affichée logiquement à 20 euros, vu le fastidieux travail de nettoyage du gastéropode, et un cari canard. Civet de coq, porc massalé et bichiques « déor » (vu qu’il n’y en a pas encore chez nous, s’il y en a cette année) sont aussi disponibles.

Le canard est tout à fait urbain. Ce n’est sans doute pas du « canor » de haute lignée, élevé à l’eau sale et aux galets de la cour dans la fraîcheur des Hauts, mais il se défend avec une chair de consistance correcte, même un peu sèche sur les bords, et un assaisonnement qui met en valeur son fumet. Des humeurs poivrées portées par un sel particulièrement bavard. Quelques morceaux de peau ici et là relèvent encore le goût. La sauce est belle, et colore obligeamment le riz d’un marron-orange appétissant.

IMG-0558Le bouillon coquille se respire autant qu’il se mange. Son odeur caractéristique de fond d’eaux vives aux accents puissants de roussi évoquant la profondeur du quatre-épices et la tomate archi mûre où les oignons ont confit, excite les glandes salivaires. En bouche, un piment velléitaire montre son caractère. C’est chaud comme une feuille de tôle en plein cagnard, mais obligatoire dans ce plat emblématique de l’Est, comme pour l’anguille, d’ailleurs. Les coquilles elles-mêmes, petites, sont légèrement caoutchouteuses mais pas au point de rendre la mastication désagréable. Leur saveur est conforme aux effluves. Nous finissons le plat avec une impression de « pas assez ».

Rien à dire sur les lentilles standard, très bien préparées, dans leur sauce épaisse, si ce n’est la présence ici aussi d’un sel surnuméraire. En revanche nous tombons encore sur ce détestable riz grains longs, sec, qui n’absorbe pas les sauces de cari. Ce genre de riz a du succès, son prix doit être attractif aussi, mais il est plus indiqué à notre sens dans des plats comme le briani par exemple. C’est d’autant plus dommage avec le bouillon coquille, qui aurait été apprécié avec un riz plus « gonflé » et gourmand, cuit comme il faut. Le petit piment vert «crasé » joue son rôle à plein. Il va mieux aux coquilles qu’au canard, d’ailleurs, même si les mollusques sont déjà chauffés.

Nous déclinons les glaces, patates au sucre et bananes flambées du dessert, et réglons une addition de 54 euros pour deux punchs, deux plats et deux cafés, soit 27 euros par personne. Le rapport qualité-prix est perfectible, même en considérant le tarif du bouillon coquilles.

Nous ressortons du Marsouin contents, bien qu’un peu frustrés sur la quantité des caris. C’est signe qu’ils étaient bons. Nous nous laissons dire que des clients affamés pourraient rester sur leur faim. Mais après tout, n’est-ce pas ce qui est recommandé après un repas ? Il y a de la place pour le dessert en tout cas. Outre notre déception sur le riz, nous avons également trouvé l’ensemble des plats un peu salés. Le patron, qui est aussi aux fourneaux, doit être amoureux, il faut croire. Certes le sel relevait bien tous les plats, tout en les gardant mangeables, mais s’il eût été moins disert, les coquilles et canard auraient pu s’exprimer davantage. La cuisine de « Chez Loulou » reste toutefois satisfaisante, et conforme à la tradition. La salle et la présentation du menu mériteraient un rafraîchissement, mais le sympathique patron y imprime une ambiance joviale. Des arguments qui nous font décerner au Marsouin une jolie fourchette en argent.

FourchettesPour résumer . Accueil : moyen • Cadre : moyen • Présentation des plats: moyen • Service : très bien • Qualité des plats : bons • Rapport qualité-prix:  perfectible. Impression globale : bonne table
Fourchette en argent

La présente critique a été réalisée le 18 août 2017, à partir de midi, et ne prétend pas être une vérité absolue et définitive. Notre point de vue est subjectif, par nature, mais parfaitement honnête. Nous certifions n’avoir aucun rapport de près ou de loin avec les propriétaires de ce restaurant et aucun intérêt à attribuer à ce dernier une bonne ou une mauvaise note. Dans tous les cas, le restaurant dispose d’un droit de réponse.