Les délices du Moulin joli

IMG_3153La Possession. Les Délices du Moulin Joli. Un restaurant à caser dans la catégorie des lieux de rendez-vous du midi pour les personnes qui travaillent dans le quartier, comme il en existe partout sur l’île. Et plus si affinités, car l’on y organise aussi des soirées et autres événements privés ou familiaux. La surface conséquente qui dénombre déjà 150 couverts les midis ordinaires, autorise les grosses fêtes. Le parking est également spacieux, bien que passablement poussiéreux et caillouteux.

Nous débarquons là par hasard, passé midi de peu. On nous accueille très poliment, et nous prenons une table chez les non fumeurs. De toute manière la terrasse abritée sous chapiteaux est assez vaste et ventilée pour le pas trop subir les fumées cancérigènes des suceurs de clous de cercueil.

Une pression, et nous nous intéressons au buffet à volonté, politique choisie par l’établissement. Sept salades diverses et un gratin de chou-fleur se posent pour les entrées, avec quelques amuse-gueules comme des nems au poulet et des samoussas bien frits, moulus fins, pas trop gras. Vous pouvez aussi passer directement aux caris. Dix plats de résistance attendent. Aujourd’hui, entre autres : poulet au citron, massalé d’agneau, cari de dorade, cari coq estampillé «fermier», rougail saucisses, et une étrangeté nommée « agneau-poulet et merguez mouton au poivre vert » …

Tout cela est accompagné au choix de riz blanc ou riz jaune, plus deux rougails. De quoi faire baigner les dents du fond. Voyons tout de suite si la qualité est aussi au rendez-vous.

IMG_3137Le coq, en tout cas, a bien l’air de ce qu’il prétend : fermier. La chair tient bien à l’os, et le couteau standard fourni est à la peine. La mâche est bonne, mais nous nous laissons dire que quelques minutes de cuisson supplémentaires n’auraient pas fait de mal. La saveur est honnête, mais manque de punch, et si l’on espère que la sauce aide un peu, c’est raté. En effet, cette dernière est salée juste au-delà du raisonnable pour les palais éduqués au sel éthique. Les autres n’y verront que du feu. à la place, nous aurions aimé un thym plus présent sur un croûtage d’épices efficace. Globalement, on a l’impression que sauce et viande se regardent en chien de faïence au lieu de s’épouser.

L’agneau massalé suit le même chemin. Sur cette viande cuite tendre le massalé s’exprimerait mieux, de concert avec le caloupilé, si le sel ne venait pas mettre la zizanie. 

Le poulet au citron est un ton au-dessus. Sans doute l’acidité parfumée de l’agrume compense-t-elle quelque peu le…sel ! Toujours est-il que le poulet s’en sort mieux que le réveil de basse-cour susmentionné, bien accompagné d’émincés de concombre dans une sauce épaissie riche en sensations gustatives appuyées par le mordant des tranches de citron.

Nous terminons l’assiette par l’étrangeté. Drôle de plat en effet que ce poulet-agneau-merguez au poivre vert, tout imbibé de sa sauce à la crème. Il ne fait pas exception à la règle : son sel est bavard. Néanmoins, le plat est assez urbain pour nous procurer du plaisir. Le poivre vert, sévère, saute au nez et au palais sans faire semblant, tout en se mariant assez bien avec l’agneau (surgelé, mais bon), et les merguez de caractére. Ce n’est pas un plat pour les mauviettes, mais pour des badass habillé(e)s en cuir, bottes jusqu’aux genoux et munitions en bandoulière. Vous voyez le genre ?

Tout cela est bel et bon, mais en définitive nous nous interrogeons sur la pertinence du poulet dans cette histoire. Quitte à donner dans le puissant, une pintade fournirait plus de répondant aux ovins. Après tout ce sel, heureusement que l’eau vint.

Une crème brulée termine, froidement, ce repas, complétant ainsi une addition qui se monte à 23,60 euros pour une boisson, un buffet et un dessert. Le rapport qualité-prix est correct.

IMG_3155Pour conclure, parlons d’abord du service : aimable, souriant, professionnel, efficace.
Concernant la cuisine, cette fois encore, nous avons rencontré celle d’un chef qui a une faiblesse de poignet quand il se saisit de la salière. C’est dommage, car les caris se seraient bien mieux portés sans cet excès de chlorure de sodium. Nous connaissons la chanson, on nous l’a assez chantée : « les clients aiment comme ça, si on diminue le sel, ils réclament. » Dans ce cas, il y a toujours le recours à la salière de table, n’est-il pas ? Mais faut-il céder aux désidératas de gens dont les palais sont formatés à la nourriture industrielle, salée par nature, au risque d’oblitérer les vraies saveurs des aliments, que le sel est censé relever, et seulement relever. Pas écraser.

Jugez donc de la difficulté de noter un tel repas. Il vaut plus qu’une fourchette en inox, car nous avons relativement bien mangé. En revanche, cette cuisine en grande quantité n’est pas assez aboutie. On ne lui demande pas du raffinement, mais davantage de subtilités gustatives sans leurre, com-me dans le poulet au citron. La fourchette en argent s’impose donc, par défaut.

 

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Farg2
Pour résumer. 
Accueil : bien • Cadre : moyen • Présentation des plats : buffet
• Service : très bien • Qualité des plats : bons • Rapport qualité-prix : correct Impression globale : bonne table

Fourchette en argent

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