Chez Lucay

IMG_0638Aujourd’hui nous sommes à Cilaos, assis là-haut à la table de Chez Lucay, dans les murs du centre artisanal faisant face à un autre restaurant testé en 2015, le Petit Randonneur. Très belle salle à la décoration sobre et gaie, que jouxte une non moins belle terrasse pour les midis chauds du cirque. Nous débarquons dès l’ouverture, comme à notre habitude, accueillis aimablement et installés aussi sec.

IMG_0630Au menu du jour : joue de bœuf braisée au vin, travers de porc sauce aigre doux, blanquette de poissons (espadon, moule, thon, saint-Jacques, crevettes, saumon) qui eût pu s’appeler plus justement « blanquette de poissons et fruits de mer », carry d’ailes de dinde, lapin à la crème aux poivres, carry bichiques (des bichiques déor, vu le prix), porc pommes de terre et un pied de porc au vin de cilaos. Ce dernier fera notre affaire. La carte, riche, fait dans le classique et les plats autour des lentilles mariées à multiples cochonnailles. Nous ne sommes donc clairement plus dans un « petit » établissement, et la variété des plats proposés montre une volonté de ratisser large, tout en maintenant un certain côté qualitatif.
Nous optons pour la patte cochon au vin de cilaos, intelligemment non estampillé « civet », car il s’agit bien là du breuvage traditionnel, sucré, issu du cépage Isabelle. Et nous sommes curieux de voir ce que cela peut donner.

IMG_0631En préambule, nous prenons un classique boudin-achard de légumes. Celui-ci est servi rapidement, trop sans doute. Car il est encore froid.
L’assiette est pleine, et c’est peu dire pour une entrée. Pour terminer ça, sachant ce qui vient derrière, vaut mieux débarquer pedibus cum jambis direct du Piton des Neiges avec une « dalle » à engloutir un cochon entier.
Le achard de légumes est déplorablement coupé au robot. C’est sans doute une nécessité pratique, mais l’aspect visuel en pâtit. L’on eût préféré une quantité moindre, mais taillé comme il faut, en julienne, comme chez gramoun. Le côté froid n’est pas forcément dérangeant, si l’on attend un peu, et en bouche, le curcuma ne fait pas dans la dentelle. Hélas, point de piquant à l’horizon pour des sensations vives, hormis des atours poivrés. Heureusement, c’est croquant.
Le boudin, quant à lui, donne dans la texture équilibrée, pas trop pâteuse, pas trop molle. Ici et là, des morceaux d’oignons vert garnissent la farce. Au goût, le boudin s’avère sage, et même timide.
L’entrée est plutôt correcte dans l’ensemble, sans casser des briques.

IMG_0632Le pied de porc au vin de Cilaos est ce genre de plats qui n’est pas spécialement recommandé aux mauviettes, aux étiques de régime, aux traumatisés de la bonne chair réfugiés dans le véganisme de circonstance.
C’est du lourd. Certes, la patte cochon n’est, en soi, pas le genre de cari qu’on déguste avec l’espoir d’affronter l’après-midi sans une once de somnolence digestive, mais ainsi marié au vin de Cilaos, cela devient une ode pantagruélique de la bouffetance, façon gibier, à Bacchus lui même.
Car, oui, messieurs-dames, le plat qui nous est servi n’est pas moins rempli que le défunt achard.
Même si l’on inclut la présence des os. Les morceaux qui baignent dans une sauce passablement huileuse, suintent de reflets marrons et orange foncés, avec leur peau tirant sur le noir.
En bouche, le gras fait bande à part, et la viande rougie, archi-cuite, s’effile sous la dent. La saveur franche et musquée laisse des réminiscences sucrées trahissant les origines du vin, mais pas seulement, car en fermant les yeux, elle rappelle furieusement la charge gustative épicée d’un civet de tangue phénoménal, gras compris.
Nous ne finissons pas le plat.

IMG_0635Le riz est bon, bien cuit, bien buvant. Les lentilles sont assez décevantes. Nous avons connu des lentilles de Cilaos plus goûteuses et plus en crème que celles-ci. Renseignements pris auprès d’agriculteurs du cirque, la culture souffrirait d’une baisse de qualité consécutive à un appauvrissement des sols pour cause de surexploitation. Une information qu’il convient de creuser.
Le rougail tomates, pour finir, est parfaitement inintéressant. C’est fade.

Une boule de glace à la vanille clôt ce riche repas de sa douceur glacée.

Addition : 29 euros, entrée, plat et dessert, le prix de la formule. Le rapport qualité prix est correct.

Ne tournons pas autour du pot de lentilles, le restaurant Chez Lucay est une bonne table. Pour apprécier le genre de repas que nous avons dégusté aujourd’hui, il faut avoir du répondant stomacal, mais tous les plats sont différents, bien que sans doute servis avec la même générosité, qui confine au gaspillage pour ce qui concerne notre entrée. Le service est efficace et souriant. Le cuisine est variée. Tout cela mérite rien de moins qu’une jolie fourchette en argent.

 

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Farg2
Pour résumer. 
Accueil : bien • Cadre : bien • Présentation des plats : aucune
• Service : très bien • Qualité des plats : bons • Rapport qualité-prix : bonImpression globale : bonne table

Fourchette en argent

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