Grand Anse. Sa plage battue par les vagues d’un bleu intense. Son site en plein travaux. Son piton couvert de filaos. Tout cela constitue la vue plongeante que vous aurez du « Palm », le luxueux hôtel de Petite-Ile. Sous un angle différent, vous aurez le même genre de vue de la terrasse des Badamiers, modeste restaurant créole, qui vous propose la pitance du lundi au vendredi midi.
L’établissement est en effet posé en contre-bas du chemin Neuf, à un souffle de son prestigieux confrère Makassar. Nous décidons d’y descendre, au sens propre comme au figuré, et sommes accueillis aimablement. Il est midi, et quelques tables sont déjà occupées. Une dame assure le service. Un homme, à priori le chef cuistot, fait des allées et venues entre la salle et la cuisine pour lui donner un coup de main. Les lieux sont simples, sans décoration touristiques ostentatoires, et propres. La terrasse contient une soixantaine de couverts.
Le menu est inscrit à la craie à l’entrée. Aujourd’hui : cari de coq, rougail saucisses, massalé cabri, rougail morue, boucané bringelles et cari de poisson, plus deux desserts : une crème brûlée et une tarte tatin à la papaye. Le coq et le cabri feront notre affaire. Le temps de se rincer la glotte d’un rafraîchissement, nous attendons notre tour pour être servis. Et malgré le monde, cette attente n’est pas trop longue.
Le coq présente bien, avec sa cuisse généreuse et des morceaux de bonne tenue. Sa couleur trahit une utilisation vigoureuse du curcuma local, et du poivre dont les poussières constellent la peau. En bouche, l’on devine que le volatile est d’extraction commune. Il n’a pas couru la poule dans les chemins caillouteux, celui-là. La chair manque d’un peu de la résistance et de la souplesse qui autorise une mâche virile. Ceci étant dit, la viande est convenablement préparée et imbibée de sauce, et procure le plaisir nécessaire à l’extermination du gallinacé. C’est un peu salé quand même.
Le cabri, pour sa part, nous est servi noir et clapotant dans l’huile jusqu’aux chevilles. La viande est plus que cuite. Elle a le goût prononcé de vieux bouc soupe-au-lait. Celui qui vous montre les cornes quand vous l’approchez. La poudre de massalé est de la tendance gros grains grillés, qui, mélangés aux épices confites et au gras de la viande, surnagent entre deux huiles au fond du plat. Ce n’est définitivement pas régime, mais, sous ses airs un peu brut de décoffrage, ce massalé cabri, relevé de caloupilé, propose des bouchées enjouées et parfumées. Le seul bémol, si l’on passe sur le gras, est peut-être le sel derechef, qui aurait tendance à la ramener, juste avant la finale acidulée.
Le riz est bien choisi et convenablement cuit. Il est souple et s’imbibe des sauces comme il faut. Les grains sont assez bons. La sauce de piment joue son rôle parfaitement en relevant les plats avec un éclat fort et frais.
Ces plats consistants nous font faire l’impasse sur les desserts. L’addition est de 26 euros, boissons comprises, pour deux repas, soit 13 euros par tête de touriste. Le rapport qualité-prix est très correct.
Voici la critique rapide d’un restaurant sans chichis, qui offre aux visiteurs de passage une cuisine créole authentique et très bien exécutée, avec des produits assez bon marché pour permettre des tarifs de vente abordables. La qualité des plats est proche de la cuisine familiale de tous les jours. L’établissement n’est ouvert que les midis de la semaine, ne fait pas de plats à emporter et ne prend pas la carte bleue. Les gérants n’ont visiblement pas envie de s’embêter, et l’on ne saurait leur en tenir rigueur. Pour leur gentillesse et leur caris convenables, nous attribuons aux Badamiers une honnête fourchette en argent.
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Pour résumer. Accueil : moyen • Cadre : bien • Présentation des plats : aucune
• Service : bien • Qualité des plats : bons • Rapport qualité-prix : très bien. Impression globale : bonne table
Fourchette en argent
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Bonjour – Vous êtes un peu dur avec la cuisine des Badamiers. Certes, les carrys sont relativement gras et c’est aussi, dans la tradition pays, ce qui les rends d’autant plus savoureux.
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Bonjour. Dur ? Ils ont eu une bonne note quand même !
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