La Case de l’Oncle Tom

La semaine dernière nous avons relaté l’ouverture dans le jardin de l’Etat d’un nouveau restaurant : l’Oiseau du jardin. Aujourd’hui nous visitons un autre établissement situé sous les arbres : La Case de L’Oncle Tom, posé dans le parc de la Trinité sous un énorme banian, derrière la médiathèque baptisée du patronyme d’un autre tonton.

IMG_0121« La Case de l’oncle Tom », évoque le célèbre roman d’Harriet Beecher Stowe traitant de l’esclavage, dont un mémorial est édifié tout près. Y aurait-il un rapport ? N’allez pas demander au chef s’il vend des frites ou des bouchons dans son snack, vous risqueriez de l’indisposer. Le message écrit blanc sur noir sur le panneau extérieur est explicite : ceci est un restaurant !

« C’est si rare de voir un restaurant ouvert aux quatre vents dans un cadre comme celui-là, les gens ne sont pas habitués. J’ai assez donné dans ce genre de cuisine (la cuisine rapide). Aujourd’hui je fais la cuisine que j’aime, avec des produits de qualité», nous lance le chef en plongeant sa cuillère dans la marmite pour nous servir. Car pour une fois, nous prenons des plats à emporter. Il y a assez d’espace autour pour déjeuner en paix sous les arbres. L’établissement met tout de même à disposition une trentaine de couverts sous sa terrasse, pas pour le même tarif, il va sans dire. Et si Stephan Eicher, les plats ne le sont pas. Au menu du jour : bœuf carotte, un cari policé, cari saucisses pomme de terre, rôti de poulet jaune et cari vegan petit pois (soja texturé bio).

Notez que les gérants, Thomas et Béatrice, affichent une totale transparence quant à l’origine des produits qu’ils utilisent. Sur leur page Facebook, les petits pois sont par exemple signalés surgelés. Ayant réservé, puisque c’est conseillé pour les plats à emporter, nous repartons avec le bœuf et les saucisses.

Première surprise : les barquettes n’en sont pas vraiment. Ce sont des containers en carton (alimentaire, et bio-dégradable) qui doivent coûter une petite monnaie. Nous en avons trouvé sur le net à plus de 9€ les 25 unités. C’est le prix à payer pour éviter la propagation du plastique. Les portions sont généreuses.

IMG_0135Testons d’abord le bœuf, du jarret (précision apportée sur leur page facebook). La chair est juste assez grasse pour fournir une belle souplesse en bouche. Le mordant est gourmand, aucune présence de filasses sèches et désagréables qui vient se loger entre les dents. Une saveur de vin cuit, agréablement soutenue par un girofle domestiqué, monte jusqu’au nez pour y lâcher des notes de poivre et de laurier. Les carottes (péi) compensent parfaitement l’acidité sous-jacente et un sel assez présent par leur douceur naturelle. La barquette est atomisée.

Le cari saucisses pomme de terre est un ton en dessous mais reste très bon. Des saucisses de chez Alagama, apparemment fournisseur du restaurant, charcutier qui vient tout juste d’ouvrir son point de vente à Sainte-Suzanne, et qui peut s’enorgueillir d’une réputation respectable dans le milieu du cochon (leur boucané est délicieux). La texture des saucisses donne dans le moulu fin, mais pas trop. Des petits bouts s’éparpillent un peu. La saveur est prononcée, brute mais non brutale, comme un fumet sauvage qui irait bien se marier avec celui des andouillettes créoles. Ici aussi le sel joue les gros bras, les patates ont un peu de mal à le calmer mais y parviennent tout de même. 

Les accompagnements sont corrects. Le riz, en grains séparés, est bien cuit. Si le sauté de chou est assez commun chez les familles réunionnaises, nous le trouvons que très rarement dans les restaurants, bon point donc, mais nous l’aurions apprécié plus croquant encore. La petite sauce de piment vert au gingembre mangue se pose en redoutable excitateur d’appétit. Mention spéciale pour les lentilles. Ce ne sont pas des lentilles en boîte, pour sûr, vu le bouquet qu’elles envoient. Cela sent la terre juste après une averse, sur un velouté délicat qui porte aussi l’arôme des épices roussies, ail, ail, ail !

Addition : 15 euros à emporter pour ces deux caris. Il nous en aurait coûté 27,50 € si nous avions déjeuné sur place. Le rapport qualité-prix est bon.

IMG_0125La Case de l’oncle Tom, niché dans le parc de la Trinité, c’est d’abord une bonne cuisine créole traditionnelle, qui privilégie les produits frais. Mais quand on dit «traditionnelle », ici il faut l’entendre au sens large. Le chef ne se contente pas des grands classiques, il sort des sentiers archi battus par d’autres restaurants. Ainsi le cari saucisse pomme de terre et le sauté de chou sont des plats que nous n’avons quasiment jamais trouvé ailleurs en huit ans de critiques. En outre, un « gros » vendredi, où le rougail morue est de rigueur un peu partout (ça en devient lassant), La Case de l’Oncle Tom préfère proposer un cari végan. Pour y déjeuner, soyez ponctuels. Le restaurant n’est ouvert que de 12h à 14h. Ne vous étonnez donc pas si vous le trouvez fermé en dehors de ces horaires. Pour les plats à emporter, on vous prie de réserver avant 11H45. 

Voilà une adresse à retenir. Pour ces repas goûteux, pour leur originalité, pour la passion visible du chef, nous décernons à La Case de l’Oncle Tom une jolie fourchette en argent.

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Farg2
Pour résumer. 
Accueil : bien • Cadre : bien • Présentation des plats : barquette
• Service : bien • Qualité des plats : bons • Rapport qualité-prix : bonsImpression globale : bonne table

Fourchette en argent

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