Le P’tit Bleu

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Saint-Gilles, par une chaleur étouffante, où nous avons l’impression d’être dans la peau d’un poulet au gril, su bor d’chemin. Au détour d’une ruelle du centre, à deux pas de l’esplanade du front de mer, nous trouvons l’entrée du P’tit Bleu, restaurant du Grand Bleu, l’hôtel.

IMG_0113Un hôtel de ville à la plage en somme. Personne encore alors que midi n’a pas sonné sur la grande terrasse aux tables bien mises. Une jolie demoiselle nous accueille avec un sourire jusque derrière les oreilles, nous propose une table, puis nous montre le menu à l’ardoise.

Quatre entrées, quatre poissons, trois viandes et un plat végé. « Salade de palmiste à notre façon », « Salade de zourite et son mesclun de jeune pousse », « Tataki de thon, salasa de mangue », «pavé de dorade au combava » ou « entrecôte charolaise aux poivres concassés », voilà qui nous met en appétit. Les tarifs s’étagent entre 14 et 26 euros. Le menu du jour est proposé en deux formules, la totale pour 23€ ou deux plats seulement pour 18€. Nous nous désaltérons d’une mousse locale, très rafraîchissante avec une amertume raffinée. L’entrée est servie. Après l’estomac dans les talons nous avons Les Dalons dans l’estomac.

IMG_0118Nous choisissons la salade de zourite. Superbement assaisonné, l’octopus nous nous chatouille les sinus. En bouche des saveurs fraîches et ensoleillées de poivron rouge et de persil emballent et acculent les tentacules à se laisser mordre doucement. Elles résistent, prouvent qu’elles existent, et risquent l’impatience des dents qui lancent leurs assauts bellicistes. Mais finalement cède l’ourite, non sans livrer au palais une suite d’intermèdes gustatifs alléchants.

IMG_0121Ah, les chants ! Les chants charmants de l’iode et des champs, mêlant leurs codes, dans les atours changeants de la chair rouge du thon, laissant ses saveurs autour comme pour surprendre les méchants qui rôdent. Très bel assaisonnement, acidulé, garni de ses petits croquants, va chercher le sucré dans les gouttes en maraude. Dernière chiquenaude. Les sensations s’éloignant, au thon en emporte le vent.

IMG_0126Du dessert l’on se sert sur ces récents sentiments pour ravir nos pupilles et sucrer nos papilles. Chocolat ni noir ni blanc, surprend de son sucre appétant. Sont-ce donc les fraises, nous en sommes bien aise, qui calment les ardeurs grasses de la mousse, avant que se taisent les relents jouissifs de ce mets qui glousse de leur éclat de braise ?

C’est fini. Les rimes rament et nous déclinons le rhum. La note : près de 50 euros pour une entrée, un plat, un dessert et une boisson, le rapport qualité prix est bon. Hélas nous partons.

L’hôtel est le Grand Bleu, son restaurant le P’tit Bleu, et le chef de ce dernier est loin d’en être un, de bleu. Il propose une cuisine variée, goûteuse, ensoleillée comme le ciel de Saint-Gilles en été, la fraîcheur en plus, servie dans des assiettes joliment dressées. Le plaisir des yeux précède celui du palais. Ajoutez à cela un accueil comme nous n’en voyons que trop rarement, souriant, gai, et un service détendu mais professionnel, et vous avez tous les ingrédients pour un moment gastronomique très sympathique. Les photos de leur page Facebook en promettaient, nous ne sommes pas partis déçus, mais proprement repus.

Pour les rimes riches et les Alexandrins, vous attendrez que nichent les ours sous les trains.

La fin des fourchettes

A partir de 2020, le système de notation actuel sera supprimé. Dorénavant, nous n’écrirons que sur les restaurants qui en valent la peine et ne parlerons pas des tables moyennes et médiocres.
En fin d’année, les fourchettes d’or, d’argent et de bronze seront attribuées, plus une fourchette en plastique pour le pire restaurant de l’année !Imprimir

La Kaz à Léa

Aujourd’hui nous mettons les pieds sous la table à la Kaz à Léa, restaurant saint-pierrois qui affiche une (grosse) carte de plats divers, dont sept de cuisine locale, très classiques : cari camaron, civet canard ou zourite, cari d’espadon et un « Ti Caz Salé », mélange d’andouille, boucané et saucisses, qu’on retrouve sous d’autres noms ailleurs, mais avec la particularité ici d’inclure des lentilles de Cilaos. Nous avons dénombré pas moins d’une quarantaine de plats différents, burgers compris, sans compter les suggestions du chef, les desserts, le menu enfant et la partie plats à emporter. Dans ces cas-là, deux solutions : une belle brigade officie en cuisine ou le frigo est plein.  

IMG_0594Le décor, une case créole avec poutres apparentes, est cosy, confortable, agréable à l’œil. Trois espaces se succèdent : une jolie  terrasse, la salle principale et celle du fond, plus tranquille. Nous arrivons de bonne heure, comme à notre habitude, et avons l’impression d’être transparent. Personne à l’accueil, tandis que la queue aux barquettes commence. Finalement quel-qu’un finit par s’apercevoir de notre existence.

Une formule du jour est disponible pour 17 euros, entrée, plat et dessert, sans qu’il soit précisé si l’on a le choix des plats. Nous lui préférons la carte, et ses entrées élaborées. Nous optons pour un mi-cuit de foie gras caramel, sucre de canne et son chutney de saison pain au sésame, puis un cari poulet palmiste. 

Le service est poli mais peu avenant, et balbutiant. Le jeune homme nous demande quel accompagnement nous voulons avec le foie gras : frite ou salade. C’est une blague ? Il ne doit pas être là depuis longtemps, ce qui nous sera confirmé, mais assez quand même pour apprendre la carte non ? Un «vieux de la vieille» prend le relais. Passons donc.

IMG_0605L’entrée débarque. C’est très copieux et pourrait suffire pour le déjeuner. Il est vrai qu’elle est affichée à 19 euros. A savoir ça, nous aurions opté pour l’entrée de la formule. Le dressage est basique. Nous attaquons.

Deux petits morceaux de foie gras poêlé sont posés sur les toasts. Le reste est présenté comme une crème brûlée dans un ramequin. Le foie est assez bon, fondant mais peu parfumé, heureusement le chutney (pomme ananas, apparemment) lui donne de la couleur, et beaucoup de sucré. Une pointe piquante  n’aurait pas été de trop. Les toasts sont mous. Du croquant aurait été bienvenu. La petite salade, elle, est croquante, et fraîche, ce qu’on aurait davantage senti si elle n’était assaisonnée d’une vinaigrette très acide. Chacun ses goûts en matière de vinaigrette. Certaines personnes aiment leur salade quand elle a cuit dedans, d’autres pas. Il serait peut-être mieux de ne pas l’imposer et plutôt la proposer à part.

IMG_0608Une dizaine de minutes plus tard, voici qu’arrive le poulet palmiste, dressé dans une petite marmite (malgache ?), les haricots  aussi, le tout posé avec le riz et un achard de légumes dans l’assiette. Présentation douteuse, à défaut d’être ringarde. Les petites marmites, on a vu, revu et re-revu depuis 40 ans et plus, un peu partout. On aimerait voir autre chose, passons encore. Le fait de les poser dans l’assiette comme si celle-ci est un plateau, c’est sans doute pratique pour le service mais est-ce bien hygiénique ?

Le cari ne fait pas d’étincelles. Les morceaux, coupés menu au hachoir, ne laissent pas deviner une aile ou une cuisse. La chair est blanche, et un peu sèche. Cela remugle l’odeur rance du vieux chou de palmiste dur. Mélangé à celle des épices roussies, dont sans doute des oignons pas jeunes non plus, cela fait l’effet d’un curcuma dispersé sur de la transpiration. Confirmation en bou-che : le palmiste est bien dur, et coupé en tranches de 5 mm. Ceci explique sans doute cela. Quand un palmiste peut absorber la sauce, on en fait des bouchées qui autorisent des sensations correctes. Bref, c’est du cari niveau barquette à 6 euros, catégorie boui-boui, mais facturé 20.

Le achard, assez croquant, est passable. Le riz est bon. Les grains sont hétérogènes, certains bien cuits d’autres moins bien. Le rougail tomate est spécial, spécial hypertendus : sans sel, mais suffisamment pimenté, et la tomate semble fatiguée.

Nous nous dispensons de dessert. Un café précède l’addition qui se monte à 41€, pour une entrée, un plat et un café donc, sans boisson, sans vin. Le rapport qualité prix est perfectible, et c’est peu de le dire.

Des plats de cette qualité, dans un tel décor, c’est comme une femme vulgaire en robe de soirée (ou une brute en smoking, comme il vous siéra). Nous sommes sortis déçus aujourd’hui de la Kaz à Léa, en espérant tout de même que sa cuisine sait faire mieux que le niveau cantine. L’endroit est fréquenté, ce qui laisserait supposer que c’est le cas. La note TripAdvisor est également bonne. Nous pourrions, à l’instar du Choka Bleu voilà quelques semaines, réserver notre note qu’à la partie locale de la carte, sauf que nous n’avons goûté que le poulet palmiste. L’entrée, bien que bonne dans l’ensemble, n’était pas grandiose, pas assez pour racheter le plat de résistance. 

Si on ajoute à cela un accueil médiocre, même en tenant compte d’un manque de chance ou d’un raté fortuit, il nous est difficile d’attribuer à la Kaz à Léa autre chose qu’une fourchette en inox.

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Finox
Pour résumer. 
Accueil : médiocre • Cadre : très bien • Présentation des plats : moyen
• Service : moyen • Qualité des plats : moyen • Rapport qualité-prix : perfectibleImpression globale : décevante

Fourchette en inox

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