Saint-Gilles, par une chaleur étouffante, où nous avons l’impression d’être dans la peau d’un poulet au gril, su bor d’chemin. Au détour d’une ruelle du centre, à deux pas de l’esplanade du front de mer, nous trouvons l’entrée du P’tit Bleu, restaurant du Grand Bleu, l’hôtel.
Un hôtel de ville à la plage en somme. Personne encore alors que midi n’a pas sonné sur la grande terrasse aux tables bien mises. Une jolie demoiselle nous accueille avec un sourire jusque derrière les oreilles, nous propose une table, puis nous montre le menu à l’ardoise.
Quatre entrées, quatre poissons, trois viandes et un plat végé. « Salade de palmiste à notre façon », « Salade de zourite et son mesclun de jeune pousse », « Tataki de thon, salasa de mangue », «pavé de dorade au combava » ou « entrecôte charolaise aux poivres concassés », voilà qui nous met en appétit. Les tarifs s’étagent entre 14 et 26 euros. Le menu du jour est proposé en deux formules, la totale pour 23€ ou deux plats seulement pour 18€. Nous nous désaltérons d’une mousse locale, très rafraîchissante avec une amertume raffinée. L’entrée est servie. Après l’estomac dans les talons nous avons Les Dalons dans l’estomac.
Nous choisissons la salade de zourite. Superbement assaisonné, l’octopus nous nous chatouille les sinus. En bouche des saveurs fraîches et ensoleillées de poivron rouge et de persil emballent et acculent les tentacules à se laisser mordre doucement. Elles résistent, prouvent qu’elles existent, et risquent l’impatience des dents qui lancent leurs assauts bellicistes. Mais finalement cède l’ourite, non sans livrer au palais une suite d’intermèdes gustatifs alléchants.
Ah, les chants ! Les chants charmants de l’iode et des champs, mêlant leurs codes, dans les atours changeants de la chair rouge du thon, laissant ses saveurs autour comme pour surprendre les méchants qui rôdent. Très bel assaisonnement, acidulé, garni de ses petits croquants, va chercher le sucré dans les gouttes en maraude. Dernière chiquenaude. Les sensations s’éloignant, au thon en emporte le vent.
Du dessert l’on se sert sur ces récents sentiments pour ravir nos pupilles et sucrer nos papilles. Chocolat ni noir ni blanc, surprend de son sucre appétant. Sont-ce donc les fraises, nous en sommes bien aise, qui calment les ardeurs grasses de la mousse, avant que se taisent les relents jouissifs de ce mets qui glousse de leur éclat de braise ?
C’est fini. Les rimes rament et nous déclinons le rhum. La note : près de 50 euros pour une entrée, un plat, un dessert et une boisson, le rapport qualité prix est bon. Hélas nous partons.
L’hôtel est le Grand Bleu, son restaurant le P’tit Bleu, et le chef de ce dernier est loin d’en être un, de bleu. Il propose une cuisine variée, goûteuse, ensoleillée comme le ciel de Saint-Gilles en été, la fraîcheur en plus, servie dans des assiettes joliment dressées. Le plaisir des yeux précède celui du palais. Ajoutez à cela un accueil comme nous n’en voyons que trop rarement, souriant, gai, et un service détendu mais professionnel, et vous avez tous les ingrédients pour un moment gastronomique très sympathique. Les photos de leur page Facebook en promettaient, nous ne sommes pas partis déçus, mais proprement repus.
Pour les rimes riches et les Alexandrins, vous attendrez que nichent les ours sous les trains.