«Le vrai bonheur, le seul digne de l’homme, est de toucher un cœur» disait Voltaire. Avoir dans son assiette bonne et belle pitance est en effet l’un de ces bonheurs qui vous touche au coeur, avant l’estomac. Bonheur qu’il est encore possiblede s’offrir à moindre frais chez une Voltaire, justement.
Quelques tables sous la terrasse, d’autres à l’intérieur, et deux tables de pique nique en bois sous un vénérable Araucaria où pendent encore des décorations de Noël, et sous les branches duquel la température ressentie baisse d’un ou deux degrés. Ici, point de carte à rallonge. Deux ou trois caris au choix, persé met’ sec. Aujourd’hui sont proposés cari la patte cochon et rougail morue. Nous goûtons les deux, bien sûr.
Service à l’assiette, sauf pour les grains et les rougails. La quantité de riz est généreuse. Nous attaquons.
La morue, d’une belle couleur orangée, est émiettée finement façon rillettes. En bouche, elle transpire juste ce qu’il faut pour donner du liant sans la sensation de sauce surnuméraire, pour un assez bon équilibre qui satisfera les tenants du rougail plus sec. La mâche libère les belles saveurs de la salaison. Cette dernière laisse au nez les éclats vifs mais néanmoins sages de son fumet caractéristique qui fait
saliver.
La patte cochon est un pur bonheur. Sa peau luisante aux reflets cuivrés offre pleinement sa texture grasse et souple aux dents avides. Les gourmands commenceront par là pour une sorte de mise en bouche jouissive qui feront glisser les bouts de viande. Ceux qui préfèrent réserver le meilleur pour la fin attaqueront le riz imbibé de sauce, aux reflets odorants de curcuma, de thym et de poivre, avec une petite claque du rougail zognon finement ciselé, et bien vert. Puis ils nettoieront méthodiquement les os, où se nichent encore les délicieux petits morceaux de gélatine désespérés, jusqu’à ce que ça luise comme de l’ivoire.
Les grains, au humage comme à la dégustation, ne font pas mystère d’un cumin intéressant, mais qui ne fait pas l’intéressant. Tout en crème veloutée les haricots sont, et ils se répandent sur le riz comme une cape pour très bien accompagner morue et cochon. Le riz est très bon, ni trop épais ni trop sec, buvant la sauce comme il faut, et même assez bon pour servir de rempart aux assauts du petit piment confit.
Pas de dessert aujourd’hui. Dommage, nous avions encore quelques creux à combler. L’addition se monte à 32 euros pour trois repas et trois boissons. Le rapport qualité prix est imbattable.
Jean-François Vivier et Corinne Voltaire tiennent la Roz i dor depuis mai 2014, en proposant une cuisine réunionnaise traditionnelle très goûteuse, héritée de la mère de Corinne, qui s’appelait Rose. D’où le nom du restaurant, rien à voir avec la commune donc.
« Ma mère était très exigeante en cuisine, raconte Corinne. Fallait pas essayer de tricher. Elle disait que chaque aliment a un goût et qu’il ne faut pas le cacher avec les épices. » Un conseil sage dont bien d’autres devraient s’inspirer. Dernière de sa fratrie, Corinne commence à cuisiner à 21 ans, se formant aux côté de sa mère, cordon bleu reconnu à Sainte-Rose, qui faisait son massalé elle-même. «J’aime tout faire, même la cuisine chinoise et métro » ajoute Corinne.
Le repas d’aujourd’hui est dans la droite ligne de celui de 2017, à l’issue duquel nous avons attribué la fourchette en argent avec recommandation à la «Roz i dor». Très goûteuse, cette cuisine simple et familiale, servie dans un cadre typique, ravit les papilles et contente l’estomac, surtout après une petite marche près de l’océan, aux portes du Sud Sauvage.
Il n’en faut pas davantage pour que la Rose i Dor soit sélectionnée pour la remise de fourchettes de fin d’année, selon la nouvelle formule.
Cadre : 4/5
Service : 5/5
Présentation des plats : 3,5/5
Goût : 5/5
Note TripAdvisor : 4,5/5La Roz i dor
227 Route Nationale 2, Sainte-Rose
0692 38 03 38>>>Sélectionné