La Table créole : une adresse toujours recommandable

Nous débarquâmes à l’improviste et pour la première fois à la Table Créole en 2012. L’établissement se situait au fond d’un improbable parking de poussière et de galets, pour un peu on aurait croisé quelques cabris. Cette année-là, la fourchette en argent était tombée. Nous avons remis ça trois ans plus tard, et c’est l’or qui récompensa la cuisine familiale de Keza Thiaw-Yie, la patronne.
Il était plus que temps d’y remettre les pieds, le nez, le palais, et les dents, histoire de vérifier si la qualité s’est maintenue.

Nous arrivons de bonne heure, et le parking, bitumé depuis quelques temps, tout propre, est encore vide. La vaste terrasse aussi. Mis à part les consignes sur le port du masque, La Table Créole n’a visiblement pas eu besoin d’appliquer la distanciation physique, étant donné que la disposition des tables était déjà conforme auparavant.

Au menu du jour : un couscous, un cabri massalé, un poulet fumé au palmiste, « Duo camaron et poisson », mais aussi quelques salades et grillades, plus des shop-suey, dont un aux crevettes « façon bol renversé ». Nous commandons le cabri et le poulet. Ceux-ci sont servis rapidement, avec une quantité de riz honnête pour des mangeurs moyens.

Nous n’héritons pas des meilleurs morceaux du poulet fumé, et l’aspect la viande blanchâtre nous fait craindre une sécheresse en bouche. Il n’en sera rien. Celle-ci est relativement tendre, et se laisse mâcher sans moufeter. Quelques morceaux de peau viennent ajouter de la gourmandise à l’excellente sauce imprégnée du fumet du volatile, et les bouts de palmiste frais en profitent aussi largement, sauf pour les parties un peu plus dures mais dont le croquant vient obligeamment compléter la texture de la viande.

Le cabri massalé se situe aisément dans la catégorie supérieure de la multitude qui a défilé sous notre nez dans les restaurants depuis 2011. Bien que son odeur musquée de vieux bouc célibataire et mal embouché affiche par moment quelques velléités gustatives propres à rebuter les non-initiés, ces humeurs ont été parfaitement maîtrisées par un massalé équilibré, puissant mais délicat, qui a profité d’une cuisson parfaite. La viande s’en trouve tout à fait moelleuse et bien imprégnée de la sauce que le caloupilé finit d’arranger. Le rougail concombre, découpé de façon originale, apporte une touche de fraîcheur croquante aux bouchées. C’est excellent.

Les accompagnements sont également très satisfaisants. Le riz offre une mâche tendre et qui absorbe les sauces, rien à voir avec les riz bas de gamme qu’on rencontre trop souvent ailleurs. Un rougail tomate pimenté juste ce qu’il faut, accompagne bien le poulet. Les lentilles ont cette bonne odeur de terre mouillée qui les caractérise.

Les assiettes repartent nettoyées. Nous terminons le repas avec un moelleux au chocolat et une tarte tatin papaye et banane. La tarte est bonne, mais le moelleux ne l’est pas assez à notre goût.

Addition : 49,50 euros pour deux boissons, deux repas et deux desserts, soit un peu plus de 24 euros par personne. Le rapport qualité prix est satisfaisant.

La Table Créole continue son bonhomme de chemin du côté de la frontière Port-Possession, le long de l’ancienne nationale, avec une cuisine familiale honnête, goûteuse et variée. La clientèle revient petit à petit après le dur épisode du confinement. Elle peut. Le service est toujours sympathique et efficace, le cadre est agréable, et l’on repart repus et presque frustré de ne pas avoir goûté à d’autres plats. Fort logiquement, la Table Créole est sélectionnée pour la désignation des meilleurs restaurants de l’année.

Humeur
Les réseaux sociaux sont hélas infestés d’esprits étroits, des « je-sais-tout » et des « jamais contents », les uns étant souvent les mêmes que les autres, qui postent des commentaires aussi oiseux que leurs propres personnes, au sujet desquelles les vieux, naguère, disaient qu’il aurait mieux valu planter un pied de bananes au lieu de les mettre au monde. C’est ainsi. Il faut en prendre son parti.
Nous nous permettons tout de même de relever que quelques ignorants, ou mal-fondés, nous accusent de faire de la « pub » pour les restaurants. En d’autres temps, on nous a reprochés d’être trop durs à l’égard de certains, en nous traitant parfois de tous les noms.
Il n’est bien sûr nulle question de publicité ici. Les mauvaises expériences ne sont tout simplement plus rapportées, c’est tout. Depuis l’année dernière et la fin des fourchettes, les visites se font toujours à l’improviste, et sont payées. Nous n’en faisons pas un « business » comme certains médiocres sembleraient le croire. Pas de pub, et pourtant le secteur en a bien besoin.
Retournez donc au restaurant cher lecteur, même si, pour un temps encore, ce n’est plus forcément pareil qu’avant. Mettre les pieds sous la table, déguster de bons petits plats, se retrouver avec les gens que l’on apprécie reste un plaisir de la vie dont il serait dommage de se priver.

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