Chez Mité, qualité stable et c’est déjà bien

Retour à Saint-Gilles
La station balnéaire ne nous a hélas jamais habitué à une grande qualité gustative de ses plats réunionnais, depuis qu’Angelo et Armelle ont laissé la Marmite pour les Cocotiers à la Saline les bains. Depuis l’année dernière nous avons entrepris de sillonner le secteur jusqu’au trou d’eau, et plusieurs petits restaurants ont été testés, sans qu’aucun ne sorte du lot. On citera, entre autres, « La Potée Ose », « l’Arc en Ciel » et « Chez Rosa », les deux premiers figurant quand même dans le guide jaune, à la page des adresses complémentaires. Nos investigations vont se poursuivre. Aujourd’hui nous descendons chez Mité, bien connu à Saint-Gilles.

Notre dernière visite chez Mité remonte à deux paires d’années. Le restaurant du centre de Saint-Gilles avait obtenu de justesse une fourchette en argent, ce qui, à l’époque, était une performance dans un secteur où naguère pleuvaient les fourchettes en plastique. La dernière adresse proposant de la bonne cuisine réunionnaise dans le secteur était « La Case DIC », du côté du marché couvert, encore qu’elle ne fit qu’une apparition dans le guide jaune de l’année dernière. La qualité avait baissé quand nous y sommes retournés pour l’édition 2022. A refaire de toute façon.
Mité, de son côté, semble inchangé depuis 4 ans. Seules les tables très espacées, stigmates de la crise sanitaire sans doute, donnent une impression de vide, surtout quand on est les premiers à s’installer à la terrasse, qui aurait besoin d’un peu plus de soins. Ce n’est visiblement pas la priorité pour les gérants.
Signe encourageant, la queue est déjà conséquente à midi moins le quart. Pas de quoi stresser les deux personnes au service et à la caisse, qui discutent avec la clientèle. Aujourd’hui, neuf plats sont au menu du jour. Du poulet à toutes les sauces, roti, en cari, sauté, en civet. Rougail saucisse, boucané bringelles et porc massalé pour la cochon. Et un cari de marlin, pas précisé « frais », et sans doute surgelé, vu le tarif. Tarif de 8 euros pour tous les plats, sauf pour le poulet roti à 6€. 11 sur place. Des salades à composer soi même sont aussi proposées.
Nous prendrons le boucané bringelle et le porc massalé en petites portions dans la même assiette, plus un poulet aux olives à emporter.


Le boucané n’est sans doute pas une rolls du genre mais il reste bon, en dépit d’une relative faiblesse de son caractère fumé. Trop bouilli ou pas assez fumé ? Nous penchons pour la première explication, étant donné sa texture plutôt molle. Les bringelles ont d’ailleurs fondu, donnant de l’épaisseur et du liant à la sauce. L’ensemble est plutôt harmonieux, et pas désagréable en bouche. Le cari se mange sans forcer, mais ça manque quand même de punch.

Le porc massalé est dans la même veine. Si on sent le massalé, et qu’un touriste qui le découvre peut y trouver son plaisir, la poudre d’épices est faiblarde pour un réunionnais rompu aux saveurs musclées d’un massalé malbar revendicatif. Les morceaux de porc sont assez hétéroclites, secs pour certains, avec du gras pour d’autres. Les patates ont bu le sel, mais ils restent bonnes.


Le poulet ne fait ni pire, ni mieux que les deux caris précédents. C’est bon dans l’ensemble, quoi qu’un peu sec sous la dent. La saveur de vin cuit n’est pas agressive, ce qui en l’occurrence est plutôt une bonne chose, cette fois-ci. Il faut dire que les olives aident bien à relever les saveurs.

Très bon point pour le riz, dont les grains moelleux boivent bien les sauces et donnent des bouchées gourmandes. Les haricots, coco ou rosés, sont également délicieux et veloutés. Le rougail d’oignon est réussi aussi. Il donne la claque nécessaire aux caris trop sages en épices.

Nous ne prendrons pas de dessert et nous en sortons pour une vingtaine d’euros, pour un plat sur place, un plat à emporter et une bouteille d’eau. Le rapport qualité prix est correct.

L’établissement poursuit son existence tranquille à Saint-Gilles, réussissant à conserver un peu d’authenticité dans les plats au milieu d’un spot touristique, ce qui signifie un bon nombre de palais zoreils peu habitués ou enclins à des saveurs franches. Heureusement ils ne sont pas tous comme ça. Ce « lissage » gustatif est notablement ennuyeux, pour qui recherche des sensations. Pour un déjeuner pas cher, ça passe. Quand même, la cuisine de chez Mité gagnerait à un peu plus d’originalité, d’audaces, avec des épices plus présentes, car entre ce que nous avons mangé aujourd’hui et la bouillie proposée à l’époque dans les marmites d’un établissement presque sur plage, et dont nous tairons le nom avant d’y retourner, le chemin est court et la pente glissante. Pour le moment, « Chez Mité » tient bon. Pourvu que ça dure encore. La fourchette est toujours d’argent, mais toujours ric-rac.

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