La Terrasse Kréole, une escale intéressante

Aujourd’hui nous allons explorer les rues de Saint-André, et plus précisément le Chemin du Centre, qui compte plusieurs petits restaurants « barquettes ». Nous nous arrêtons à la Terrasse Kréole, qui offre non seulement des tables dans une salle confortable (quoique fatiguée par les ans) mais aussi un grand parking.

L’accueil est souriant et particulièrement gai de la part d’une jeune femme, « Jojo », comme l’indique une ardoise. Les tables ont toutes l’air réservées, heureusement il en reste une pour nous. Jojo nous propose un thé glacé « maison », qu’elle vante. Nous nous laissons convaincre. Au menu du jour : civet cabri, shop-suey poulet, cari poulet chou rave, cari pêche cavale, plus des desserts maison et des salades. Va pour le cabri, plus le poisson à emporter.

Le thé est très frais et bien aromatique. Des olives sont mises à disposition. A peine avons-nous le temps d’y toucher que le plat est servi, avec un enthousiasme non feint de Jojo.


Le civet de cabri est un plat délicieux quand il est réussi. Les humeurs un peu sauvages de cette viande s’accommodent très bien avec un vin, pour autant que ce dernier ait du tanin de caractère.
A la vue, presque rien à dire. La couleur est appétissante, mais nous remarquons que la sauce est claire, et pas très épaisse. La viande est parfaitement cuite, et même au-delà du nécessaire, rapport probablement à certains morceaux qui, sans cette cuisson poussée, auraient pu servir d’élastique à un lance-pierre. La mâche est correcte. Au niveau du goût en revanche cela se discute pour ceux qui aiment les civets forts. Ici, le gustatif est poussif. Le vin a-t-il été mal choisi ? La dose est-elle trop faible ? Ou un surcroît de flotte qui a-t-il noyé tout ça ? L’intérêt est que le goût du cabri lui-même est bien plus présent. Les oignons verts par-dessus font de la figuration avec le persil, qu’on aurait aimé plus démonstratif, histoire qu’il réveille un peu la saveur de vin cuit.

Nous avons demandé le cari pêche cavale à emporter, un plat très rare dans les restaurants. Nous aurons une pêche cavale, ni deux, ni trois. On trouve ça un peu pingre. C’est d’autant plus frustrant que ça sent bon et que le plat est qualitativement au-dessus du précédent.
Ce poisson n’est vraiment apprécié que par les amateurs, qui ne se laissent pas rebuter par les nombreuses arrêtes qu’il contient, et qui le dépiautent méticuleusement. La chair est plus dense que d’autres poissons courants en cari, avec une tendance à être sèche si on le cuit trop. Ici elle reste agréable à manger, d’autant que la sauce est parfaitement exécutée. Nous croyons même y déceler du piquant, un piment s’est sans doute baladé par là, pour notre bonheur. Un peu de combava là-dessus, ou dans une sauce piment vert en accompagnement, et le plaisir est décuplé.

Rien de spécial à dire sur le riz. Un « grain long » parfaitement cuit. Les lentilles sont délicieuses avec ce soupçon de massalé qui va bien. En revanche nous commençons à en avoir un peu assez de cette légumineuse qui devient systématique un peu partout. C’est le client qui réclame, ou bien est-ce une histoire de coût ? Les deux peut-être. Le rougail de courgettes est excellent. La petite salade verte en accompagnement est appréciable.

Nous terminons par un dessert maison recommandé par la tonique Jojo. Un « chococcino », pendant cacaoté du tiramisu cappuccino. Bon, mais un peu épais quand même. De la légèreté ne lui ferait pas de mal.

Nous réglons la somme de 30 euros pour une boisson, une bouteille d’eau, deux plats dont un à emporter et un dessert. Le rapport qualité prix est passable.

La terrasse créole est indéniablement une bonne adresse pour qui désire déjeuner rapidement, et correctement, du côté de Saint-André. La cuisine se défend, mais il est compliqué de noter suite à cette visite, avec les plats que nous avons dégustés. Le civet manquait de saveur, clairement, mais le poisson était parfait pour le peu qui nous a été servi. Le dessert, quant à lui, peut encore être amélioré. L’accueil et le service sont impeccables. Pour cette fois, nous attribuons à la Terrasse Kréole une « petite » fourchette de bronze. Le potentiel est là. Ce restaurant sait faire mieux, nous en sommes persuadés. Une seconde visite est nécessaire pour conforter cette note et qui sait, la remonter.