L’Iloha

Aujourd’hui nous nous sommes arrêtés à la Pointe des châteaux sur les hauteurs de Saint-Leu au seaview hôtel***Iloha qui comprend deux restaurants : la Trattoria et le kotémer, un salon-bar, un snack ou vous pourrez déguster des sandwichs et salades de 10h à 18h00, plus un glacier. Aujourd’hui nous visitons le Kotémer.

Nous arrivons à 12h30 nous nous garons dans le grand parking privé de l’hôtel arboré de magnifiques cocotiers et autres plantes luxuriantes. Nous sommes accueillis chaleureusement et on nous installe aussitôt sous le kiosque en bordure de piscine face à la vue imprenable que nous offre la baie de Saint Leu. Après avoir esquivé gentiment la carte des apéritifs à cause de cette dame Modération, nous passons directement à l’essentiel en choisissant un menu « grande fringale » qui est composé d’une entrée-d’un plat et d’un dessert à 27€.
Aujourd’hui : Ananas Victoria et ses crevettes grillées, Côtes d’agneau sauce au poivre Quinoa et chou safrané ainsi qu’un méli-mélo de fruits frais. Nous prenons aussi à la carte un carpaccio de poisson frais mariné à l’aneth et un canard à la vanille-riz-grain-rougail. Après 20 minutes d’attente en regardant barboter les enfants dans la piscine et les agitations autour de nous, on nous apporte nos entrées.

Le carpaccio de poisson frais à l’aneth : 

L’assiette est généreuse. Le poisson, effectivement plein de fraîcheur et relevé d’une douce délicieuse sauce à l’aneth, est fondant. Tout est vite englouti après tant d’attente. Ce n’est pas grand hommage que nous lui rendons. Nous attendons encore qu’on nous amène nos plats, c’est trop dur ! Nous remarquons la présence de quelques Grands Raideurs venus se reposer à l’hôtel et qui font les 100 m dans la piscine. Nous avons presque oublié ce que nous avons commandé, quand 25 minutes pus tard arrivent les serveurs les bras chargés. Ils nous posent nos commandes sur la table sans aucune explication sur cette longue attente. 

Le canard à la vanille : 

La couleur et l’odeur sont présentes, en bouche le canard est tendre et plein de saveur, mais trop gras. Il baigne dans l’huile. Nous avions fondé de grandes espérances sur ce plat, hélas, il n’est pas au top ! Les haricots rosés sont très bons et crémeux, le riz jaune trop sec.  Le rougail, fade et pas pimenté, est plutôt dédié aux touristes. En revanche le piment vert est fidèle à lui-même.

Méli-Mélo de fruits frais : 

Nous attendons toujours et encore, nous interpellons un serveur qui nous explique que l’attente est normale car ayant pris un méli-mélo de fruits,  ces derniers sont préparés à la demande… mais tout de même ! Nos desserts arrivent. Nous apprécions la belle assiette pleine de couleurs : papaye, ananas, pastèque, fruit de la passion, raisins noirs que nous apprécions pour leurs fraîcheur, car il fait très chaud sous ce kiosque. 

Addition : 59 euros pour deux personnes. Compte-tenu de la qualité globale, c’est cher.

Au seaview hôtel*** l’ambiance est certes familiale et conviviale mais ce n’est pas pour autant qu’il faille se relâcher sur la qualité des plats. L’attente considérable n’est pas normale. 

Pour résumer : 
Accueil : très bien • Cadre : très bien • Présentation des plats : bien
Service : trop long • Qualité des plats : moyens
Impression globale : moyen
Fourchette en inox

Chez Nehoua

C’est sous un ciel radieux avec la chaleur de saison que nous décidons de partir pour la bonne ville de Saint-André, en plein bazar du samedi, afin de nous sustenter chez Nehoua, au restaurant Kom’ la Case, à cinquante mètres derrière l’église.

Une belle terrasse contenant près de 70 couverts nous accueille, avec son pied de letchis qui apporte un peu de fraîcheur à l’endroit. On nous reçoit avec le sourire. Nous nous installons sous l’arbre et l’on nous sert une désaltérante à mousse avec la carte. Carte chinoise pour l’essentiel. Pas moins d’une cinquantaine de plats aux viandes diverses, des sautés et shop-suey pour la plupart. 

Sur commande on peut également déguster cari bichiques, civet d’autruche ou dinde aux marrons, entre autres. Deux formules, «Ti case» et «Ti villa», associent entrées et plats de résistance pour 17 ou 25 euros par personnes. 

Pour leur part les plats du jour sont bien créoles : on nous propose un cari poulet palmiste et un civet de cerf. Nous optons pour ce dernier et commandons un plat de sarcives, de haute réputation, nous a-t-on informés. Ils sont servis en quantité honnête, assez pour nous permettre de les apprécier à leur juste valeur. Et leur réputation n’est certes pas usurpée. Une viande parfumée,  légèrement collante sous la dent, d’une souplesse sans égale, avec un juste équilibre dans le sucré-salé, nous procure un plaisir continu qui déclenche ce geste du bras, celui qui va puiser les morceaux dans le plat, comme une sorte de toc mécanique, jusqu’à ce que le vide s’ensuive !

Et qu’il est agréable ce plaisir du contentement quand les restes du parfum des défunts sarcives continue de nous caresser la luette ! 

Parfum d’autant plus fugace que voici le civet de cerf. Et il va débouler comme chien roquet derrière poule-la-cour dans la cuisine de l’ailleule d’Ernestine.

Le gibier aux bois, d’importation, nous subodorons, plaide non coupable. Parce qu’à vrai dire il fallait avoir le palais fin pour distinguer sa saveur sauvageonne au milieu du tintamarre olfactif et gustatif du poivre et du girofle dosés à la sulfateuse. Oui nous l’avons quand même apprécié, nonobstant, poussant le vice masochiste jusqu’à laisser le rougail tomate nous rejouer Verdun 1916 dans ce déluge épicé. Nous renvoyons illico la blonde mauricienne réclamer un cessez-le-feu, ce qui permettra au gingembre-mangue du rougail de compter fleurette au civet le temps d’une bouchée. Une association non dénuée d’intérêt. Enfin, bon point pour les grains, très goûtus.

Une crème brûlée et un café viennent clore le repas avec une addition de 25 euros et des clous de girofle, tout compris. Très honnête compte-tenu de la qualité globale.

Kom’ la Case, ou chez Nehoua, comme on voudra, est une adresse très prisée des Saint-Andréens, et nous ne leur en ferons pas grief. L’endroit est sympathique, on y est bien accueilli, et pour ce qui concerne les mets créoles, nous n’avons pas été déçus, malgré le manque de finesse du civet, qui n’était pas fait pour les chochottes. Pour ça et pour les sarcives divins, nous décernons à Kom’ la Case une très jolie fourchette en argent.

Pour résumer :
Accueil : bien • Cadre : bien • Présentation des plats : perfectible
Service : bien • Qualité des plats : bons
Impression globale : bonne table
Fourchette en argent

La Caz

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Aujourd’hui nous prenons la direction de la cité portuaire pour manger à La Caz. Sise rue Evariste de Parny, au 51, le restaurant est caché au fond d’une petite allée verdoyante et fleurie où l’on entre par un portillon garni des panneaux réglementaires (licences, moyens de paiement acceptés, etc.) plus deux autocollants du Petit Futé, datant de cette année et de 2012. Nous pénétrons dans l’antre par l’odeur alléchée, qui vient nous tournebouler avant que midi eût sonné.

Accueil souriant, alors que la salle est encore déserte. Nous nous installons et admirons. C’est coquet. Quelques objets anciens et des tableaux en guise de décoration, avec deux pathéphones qui n’attendent plus que leurs toutous, le faux plafond traditionnel et les lambrequins signent l’ambiance créole chic avec les tables tirées à quatre épingles.

Ici, point de carte, mais des plats du jour. Trois entrées et trois plats au choix pour nous : boudin créole, rillettes de thon, courgettes au basilic, puis romazava, vindaye d’espadon et steak de thon mi-cuit. Plus un cari la patte surprise. Va pour la patte cochon et le « roumazav », plus les rillettes et le boudin.

Avant d’embrayer sur la dégustation, un mot sur le service : impeccable du début à la fin. Amabilité, courtoisie, discrétion, suggestions… si on se souvient des règles que nous avons énumérées lors de notre dossier sur les arts de la table, avec les bons soins du lycée de la Renaissance, tout y est !

Rillettes et boudins sont dressés sur un lit de mesclun frais légèrement assaisonné, qui apporte tout de suite une note de primeur aux entrées. Les rillettes sont de thon et dans le ton, rafraîchissantes, mais salées comme la Mer Morte. Le boudin, pour sa part, est sans intérêt notable. Du boudin « la mie » standard, pimenté al dente pour le créole moyen, au goût passable.

Ça ne traîne pas, les entrées sortent, les plats arrivent, accompagnés de lentilles bien en crème à la bonne odeur de roussi, et de deux rougails, courgettes et tomates, correctement pimentés et pas trop salés (ouf!). Le riz est servi en quantité raisonnable, mais on viendra nous proposer du rab, quand on vous disait que le service est impeccable.

Offensive sur la patte cochon. Question viande, nous n’avons pas de chance : un seul morceau est digne d’intérêt, pour le reste, la peau et les os mais rien à dire. A la vue comme à l’odeur, déjà, c’est le genre de cari qu’on respecte, celui qui faisait soulever les chapeaux des messieurs saluant les bonnes cuisinières, dan tan lontan. Luisant, couleur or, avec une sauce réduite bien épicée, notre cari nous emballe le palais, avec sa peau glissante et souple aux humeurs lointaines de poivre et de thym, que vient équilibrer le rougail tomate avec sa petite claque acide. Plus le petit clin d’œil du persil, au hasard d’une canine.

Nous passons à l’abordage du romazava. Ce plat, assez rare dans les restaurants créoles, apparaît de temps à autre au menu du jour de quelques brasseries dionysiennes, dont celle au nom de l’aviateur moustachu né sous nos cieux. Quelle ne fut pas notre agréable surprise de le voir arriver, tout baignant dans sa sauce. Le plat, pas l’aviateur voyons ! L’odeur, déjà, nous fait voyager vers le pays des ravenales. C’est parti ! Première bouchée bien en sauce et les brèdes mafanes nous ratiboisent la glotte, nous carwashent les gencives, nous émoustillent les amygdales, nous électrisent les « lewres », nous profilaxent le glou et nous révolutionne les émonctoires.

Qu’est-ce qu’il fait chaud tout d’un coup ! L’acidité parfumée de la sauce, couplée au piment des rougails vient de nous envoyer un grand coup de tatane dans les glandes salivaires, pourtant déjà réveillées. Mais pas besoin de ça pour apprécier les morceaux de bœuf, gras juste ce qu’il faut, fondants, au goût charpenté, parfaitement à leur aise avec les feuilles de brèdes mafane effilochées. Oui, ça nous fait ça, le romazava. Et pour en avoir consommé des litres, nous pouvons juste déplorer une sauce pas assez abondante à notre goût, et peut-être un chouïa trop de sel, là aussi.

Repos. « Vous voulez des desserts ? » nous demande la serveuse. C’est pas raisonnable mais oui on en veut. Qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour nos lecteurs !

Ce sera tarte tatin à la papaye et gâteau patate. La tarte est bonne, mais nous sommes un peu déçus. Les fines lamelles de papaye confites sont un peu éteintes au niveau goût. Nous eussions préféré de loin des tranches plus épaisses et plus sucrées, tant qu’à faire. Le gâteau patate est en revanche une bonne surprise. La présentation originale rappelle un fondant. À des années lumières du gâteau-comblage que nous nous fîmes servir par ailleurs, la pâtisserie est ici souple, toute molle dedans et à la vanille riante.

Bilan de l’opération : 50 euros pour deux personnes, sans les boissons. Étant donné la qualité globale, le cadre et le service, autant dire correct.

Treize heure aux horloges et la salle est presque pleine. Nous repartons repus. C’est le moins que l’on puisse dire. Dans son cadre charmant et ses dentelles, cachée de la rue comme une demoiselle effarouchée, La Caz cultive avec soin sa pudeur et son intimité, en vous faisant profiter de sa bonne cuisine traditionnelle. Si nous avons eu un peu maille à partir avec le sel, l’ensemble des plats de ce jour reflète une bonne maîtrise de notre gastronomie et de celle des îles de l’océan Indien, avec le respect des saveurs authentiques, le tout dans une certaine simplicité. Une bonne raison pour attribuer à La Caz une belle fourchette en argent avec recommandation de l’équipe.

 
Pour résumer : 
Accueil : très bien • Cadre : très bien • Présentation des plats : bien
Service : très bien • Qualité des plats : bons
Impressions Globales : bonne table
Fourchette en argent
Recommandé par l’équipe

Au resto de La Bretagne

Visite en août 2013

Aujourd’hui nous grimpons vers la Bretagne, charmant quartier de Saint-Denis, où un petit restaurant vient s’ouvrir. Vous le trouverez sur votre droite après la station service, à l’angle du Chemin de la Grotte.

Un petit jardin potager, deux tables d’extérieur, une salle d’une trentaine de couverts, et, au fond, les alignements des plats à emporter avec la caisse, où, à 11h30 déjà, s’affairent deux personnes pour servir la clientèle des barquettes. La salle, simplement décorée, est propre, très agréable et ventilée. Les propriétaires ont eu la bonne idée d’y conserver un pied de letchis. Un jeune homme nous propose de nous y installer et vient prendre la commande.

Le menu, qui change tous les jours, est déjà affiché à l’extérieur. Aujourd’hui, c’est cari bichiques (bichiques déor, à ce prix là, c’est évident), steack porc à la chinoise, civet de canard, poulet aux oignons, camarons sauce d’huître, gratin aux légumes et un cari de poisson. « C’est du vivaneau », nous précise notre serveur qui nous le recommande. Va donc pour le vivaneau et nous nous laissons également tenté par le porc à la chinoise.

Le temps d’apprécier un rafraîchissement nous remarquons que le défilé de clients vers les barquettes est de plus en plus soutenu. Certains repartent avec quatre, cinq, six plats. Les nôtres arrivent sans trop tarder.

Déjà, nous sommes positivement surpris par la quantité respectable de riz. Et le rougail tomate rouge vif attire notre regard. Nous le humons. Il sent bon la tomate des champs, le piment et le persil frais. Il n’en faut pas plus pour nous mettre les glandes salivaires au garde-à-vous.

Nous entamons le déjeuner avec le poisson. Déjà, ce dernier, du surgelé probablement, est au moins présenté en darnes, tout enveloppé d’une épaisse sauce rouge où l’oignon ne fait pas défaut. C’est déjà pas mal tant il est vrai que, par ailleurs, certains ont le culot de proposer à leur clientèle du poisson congelé en cube au goût de carton, en baptisant cela de la cuisine créole ! Ici nous sommes bien loin de ces médiocrités. Le poisson est savoureux. Il libère son arôme soutenu par un gingembre bien présent et le petit arrière-goût sucré de tomates mûres. La texture des chairs est fine, avec des arêtes en nombre limité, mais la sensation en bouche, farineuse sur la fin, trahit une cuisson peut-être poussée au-delà du maximum syndical (par inadvertance supposons-le), sans pour autant que cela devienne désagréable.

Le porc pour sa part est souple, tendre, d’une belle couleur luisante et nous offre des saveurs sucrées-salées où la sauce d’huître a semble-t-il côtoyé d’autres aromates, dégageant le parfum un peu piquant des sautés déglacés aux alcools d’anis. Il s’entend à merveille avec notre rougail frais, fleurant bon la tomate la cour, celle qui a du goût, et pas les vulgaires tomates gonflées d’eau que nous servent régulièrement les supermarchés.

Le riz est correctement cuit. Les pois du Cap sont assez équilibrés, pas trop en grain, pas trop en crème, et très satisfaisants au palais. Nous terminons notre déjeuner par un gâteau d’ananas maison. Une petite pâtisserie familiale fort goûtue quoiqu’un peu dense peut-être, et joliment présentée.

Nous repartons repus, avec une barquette de civet de canard, pour le soir. Nous réglons 27 euros et des poussières pour trois repas dont un à emporter, un dessert et deux boissons. C’est notre portefeuille qui est content.

Si d’aventure vous passez par là, le Resto de la Bretagne, tout nouveau, vous propose de la bonne cuisine traditionnelle créole et chinoise. Vu les prix, ne vous attendez pas à des produits haut de gamme, mais le talent du chef accommode magistralement l’ordinaire pour vous laisser la satisfaction qui vous fera revenir. On ne s’y trompe pas : à midi et demi, c’était plein. Il est donc préférable de réserver si vous comptez passer un bon moment entre midi et quatorze heures. A trois minutes en voiture de la Technopole, voilà une sympathique adresse à conserver dans son agenda. Et c’est avec grand plaisir que nous décernons au Resto de la Bretagne une bien jolie fourchette en argent.

Pour résumer : 
Accueil :  bien • Cadre : bien • Présentation des plats : bien
Service : bien • Qualité des plats : bons
 Impression globale : bonne table
Fourchette en argent

Le Baril

[Visite en août 2013]

Aujourd’hui nous voilà partis vers le joli quartier du Baril, à Saint-Philippe, pour mettre les pieds sous la table du restaurant du même nom. « L’hôtel-restaurant » devrions-nous dire, en cours de rénovation de ses chambres, « par boute » comme dit le créole. 

 

A notre arrivée nous constatons que la salle aussi aurait besoin d’un rafraîchissement, mobilier compris. En effet, le style général fait vieillot. La grande pièce de plus de 130 couverts sent la moisissure. Son seul intérêt étant les baies vitrées donnant presque directement sur la falaise et les vagues qui s’y brisent. En préambule de cette visite, nous avions été consulter le site de l’établissement (www.lebaril-reunion.com) qui est pour le moins à l’image du lieu : pas très glamour dans sa présentation, et, fait notable, présentant un encart « tripadvisor » où l’on peut lire les avis d’internautes étant passés par là. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la direction du Baril n’est pas rebutée par la critique ! Ou alors elle s’en fiche complètement, parce que certains internautes y ont le verbe sévère. 

Nous avons donc voulu nous faire notre propre opinion sur la cuisine cet établissement qui compte parmi les plus anciens de l’île et qui eut en son temps une réputation non surfaite.

On nous accueille avec sourire et politesse. Nous nous plaçons près de la baie vitrée, pour profiter de la vue. Si l’endroit est fatigué par les ans, la  vaisselle est propre, c’est déjà ça. La carte est créole, pour l’essentiel… Nous passons commande d’un gratin de citrouille au jambon et crevettes, d’une assiette créole classique avec les fritures traditionnelles, puis d’un cari ti-jacques boucané et d’un cari canard-maïs, un couple hélas rare au menu de nos restaurants et qui fleure bon la tradition.

Sans crier gare, et sans plus de commentaires, la serveuse nous dépose quatre beignets en guise d’amuse-bouche, et pfuiit, passez muscade, file à ses occupations. On ne saura pas ce que c’est, sinon que cela avait un vague goût de je ne sais quoi, du pimpin, peut-être, écrasé par celui de la friture…

Parlons maintenant des entrées. D’abord, le gratin de citrouille « au jambon et aux crevettes ». Il faut bien chercher les crevettes. De toute manière, il vaut mieux parler d’un gratin de béchamel parfumé à la citrouille, et encore, tant le cucurbitacée fait pâle figure, en quantité comme en saveur. De plus le fromage du dessus a un peu trop brûlé et a coulé sur les bords du ramequin. Ça fait négligé, d’autant que l’affaire est un peu froide, un peu chaude, « par place ». La note finale va être gratinée aussi, on le sent comme ça.

Les fritures créoles étaient mangeables mais passablement insignifiantes. Aucune originalité dans la présentation, une humeur de cumin dans les samoussas, puis le néant gustatif.

Déjà mal disposés, nous entamons les plats de résistance par le canard accompagné du maïs. Le plat est, autant le dire tout de suite, sans intérêt. La viande filandreuse et d’une pâleur sépulcrale n’a aucune espèce de tenue. La sauce est claire comme de l’eau, et en bouche les saveurs sont en veilleuse. Rien à voir avec le goût franc du collier au fumet incomparable d’un cari canard traditionnel exécuté dans les règle de l’art. Le « fameux » poulet certifié « la cour » présent à la carte sous-entendait-il les origines moins fermières de l’anatidé ?

Ce n’est pas la présence du maïs qui changera quoi que ce soit. Celui-ci est en effet aussi pâle en goût que le cari, et servi dans le plat par agglomérats collants, sans le moindre souci de faire bonne figure.

Le cari ti-Jacques boucané pour sa part est un scandale. Il a été oublié au feu, visiblement. L’ensemble est archi-roussi. Cela se voit déjà à l’oeil nu et la dégustation ne laisse aucune place au doute. Le ti-Jacques imprime une amertume trop présente sur la langue, retirant toute valeur à la préparation. Le boucané en lui-même est mangeable mais sans plus. L’ensemble suinte le gras jaune d’une huile bas de gamme chargée de safran­­­­. Rien à dire sur le riz, servi en grande quantité, ni sur les pois du Cap et les lentilles, standards.

Nous arrêtons le carnage (et les frais !) en ne prenant pas de dessert (crème brûlée, banane flambée, tutti et quanti). Total de l’opération 51,50 euros pour deux personnes, soit un peu plus de 25 europar tête. Un peu cher vu la qualité de l’ensemble. 

Non, nous ne vous dirons pas que la cuisine du Baril, c’est du bidon, ni autre billevesée du même tonneau. Nous ne vous dirons pas non plus de ne pas y aller… au contraire. Il se peut que vous tombiez sur un bon jour, et que le chef soit de bonne composition. Parce qu’aujourd’hui, en cuisine, c’était du grand n’importe quoi. Mitonner des plats, arranger un semblant de présentation, tout cela était le cadet de leur souci. Autant dire que vu la concurrence qui pousse (et poussera) dans les alentours, telle la mousse sur les laves (et que nous visiterons tantôt), il y a de toute façon quelques questions à se poser sur le Baril. La dégustation de ce jour leur valant, hélas, une fourchette en plastique. Fermez le ban.

Pour résumer : 
Accueil :  bien • Cadre : moyen • Présentation des plats : aucune
Service : moyen • Qualité des plats : très moyens
 Impression globale : médiocre
Fourchette en plastique

Le restaurant du Cap

[Visite en juillet 2013]

Un pique-nique au bord de l’eau, ça vous dit ? Par ce beau samedi ensoleillé, nous partons pour une balade sans but précis, et finissons par arriver dans la bourgade Sainte-Marienne de la Rivière-des-Pluies, où les habitants vaquent à leurs occupations de ce début de week-end, qui chez la coiffeuse, qui au marchant de légumes, qui en recueillement à la Vierge noire. Nous stoppons devant le Restaurant du Cap, juste à côté de la station service, à quelque distances du vieux pont en venant de la Technopole.

Trois tables et quelques chaises, la vitrine où sont présentés les plats du jour, l’armoire à boisson, quelques glaces et la caisse : nous sommes dans un de ces petits restaurants de quartier sans prétention, propre et bien entretenu. Quatre personnages s’activent, en uniforme blanc, toqués et rasés de frais, pour servir avec dextérité et sourire la clientèle qui défile. Entre les voitures qui arrivent et qui repartent, les caris qui changent de contenant et le sonnant et trébuchant à la caisse, tout à l’air d’être parfaitement huilé comme à la chaîne de montage. Au menu ce jour : sauté de porc, poulet au chouchou, massalé cabri, poisson au gingembre et les quasi-incontournables sauté de mines et riz cantonnais. « Trois, à emporter s’il vous plait » : le massalé (l’un de nos plats phares avec le cari de poulet qui nous sert souvent de mètre étalon), le poisson (dont la couleur orangée nous interpelle) et le sauté de porc. Le menu de la semaine entière est affiché de toute façon, pour savoir ce qui vous attend, ou ce que vous avez raté, selon le jour.

Nous voilà repartis les glandes salivaires au taquet, vers les berges de la rivière-des-Pluies, via la route grimpant vers Moka. A deux ou trois cent mètres après la dernière maison, nous trouvons un charmant espace de verdure, propre à part un vieux moteur désossé qui traîne dans un coin, et de toute évidence prisé des pique-niqueurs si on en juge par les foyers depuis longtemps refroidis répartis sur le site. À quelques dizaines de mètres en aval, le doux son continu de l’eau courante se superpose au silence. Plus haut, un bras de rivière asséché, où vient mourir une pelouse encore humide, nous dégage la vue des hauts de Sainte-Marie. Nous nous installons sous un grand filao, et, après un bon bol d’air frais, entamons les hostilités. Nous ne sommes pas les seuls à avoir faim, les moustiques aussi (si vous y allez, prévoyez en conséquence).

Le sauté de porc exhale tout de suite ses parfums de cuisine chinoise poivrée, entre Siave et sauce d’huître, avec des légumes tranchés menu en fin de croquance. Les morceaux de viande ne sont pas gras du tout, et bien moelleux. La dose de sel est correcte. L’affaire se situe, gustativement parlant, entre le shop-suey et le porc sauce grand-mère.

Le massalé est dans les clous. Bien parfumé aussi au déballage, avec présence des feuilles de caloupilé. La viande est tendre, presque trop à vrai dire, tout ça manque un peu de tenue à la vue mais demeure parfaitement correct au palais. Le massalé a de la personnalité, assisté de ce petit piquant acide qui va bien. Il eut été mieux arrangé avec un rougail concombre bien fouetté au piment vert, qu’avec le rougail Dakatine de rigueur aujourd’hui.

Le poisson au gingembre tient la route également. Le « Zingiber officinale créolitum » (gingembre la cour quoi !) ne nous agresse nullement tout en étant bien affirmé. Le poisson en passerait presque au second plan si ce n’était la petite touche sucrée réglementaire, qui, associée à la douce épaisseur de la robe enfarinée des morceaux, nous rappelle le légendaire poisson au gingembre de feu le Ti-couloir, à Saint-Denis, dont les moins de 20 ans se fichent comme de leur première barquette.

Le sauté de mine est passé à la trappe. Un « ti’guine » trop salé celui-là, et comme glutamaté plus que de raison et bien trop gras à notre goût. Mais certains doivent aimer, s’ils le vendent. Les mines exceptées, donc, les autres barquettes sont proprement nettoyées, et le tout pour 20 euros avec deux boissons. Nous nous dégourdissons les jambes dans ce joli petit coin de verdure, en nous disant que finalement tout cela serait bien descendu avec un baron bien connu localement, frais, n’en déplaise à ses détracteurs, avec la mère Modération et deux ou trois joueurs de dominos, comme ça.

Bonne note pour l’équipe du Restaurant du Cap, qui fait valser les barquettes depuis bientôt dix ans du côté de la Rivière-des-Pluies, avec constance et sa cousine régularité, au vu du nombre de personnes qui défilent, l’hypothalamus déjà soulagé à la vue des caris étalés sans pudeur. Au passage, ce n’est pas parce qu’on sert des plats à emporter qu’il ne faut pas soigner la présentation. Un peu de déco culinaire (une feuille de persil par ci, une rondelle de citron par là) égayeraient un peu les bacs ! Nonobstant ce chipotage, nous gratifions Le Restaurant du Cap d’une fourchette en argent.

Pour résumer : 
Accueil : très bien • Cadre : moyen • Présentation des plats : buffet
Service : bien • Qualité des plats : bons
Impression globale : bonne table
Fourchette en argent

 

Chez Jo

[Visite en juin 2013]

C’est par un beau samedi ensoleillé que nous trouvons un Manapany riant, avec son front de mer au puissant chant de vagues à faire baver les surfeurs, ses résidences coquettes pelotonnées contre la pente raide, et son bassin de baignade à l’eau claire qui, par ces temps, ferait le bonheur de touristes norvégiens. Juste au-dessus dudit bassin, Chez Jo est ouvert. Et nous avons décidé d’y mettre le nez, les papilles et le reste, histoire de voir si la réputation dont jouit cet établissement dans le sud est justifiée.

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Comme à notre habitude nous débarquons tôt, et sommes accueillis avec sourire et amabilité par le personnel, et aussi avec les couleurs des plats à emporter qui attendent le client à l’entrée. De quoi achever de nous mettre en appétit après la petite promenade aux embruns que nous venons de faire.
Bon signe déjà, la carte est serrée : 8 salades dont deux « géantes » (pour 13 euros) et 7 plats, dont deux créoles (rougail saucisses et cari zourite) : entrecôte grillée, magret de canard, fricassée de poulet aux pleurotes, entre autre.

Les plats du jours sont sur l’ardoise du fond. Ce jour : rôti de porc aux brèdes chouchous (des brèdes, alléluia!), espadon à la chinoise, émincé de bœuf au gingembre, filet de cerf ou salade de palmiste au foie gras poêlé pour les fins gourmets.

Le rôti nous plaît bien, et nous testerons aussi les cuisses de canard à la vanille, pour voir. Mais avant d’attaquer les plats nous ouvrons le bal avec quelques samoussas au jambon-fromage, des accras et des bonbons piments. Nous notons que du jus de goyavier frais est proposé comme rafraîchissement.

Les amuses-bouches créoles sont servis dans un vanne et nous apprécions l’effort de présentation, tout en déplorant que tout cela soit un peu froid, un petit passage au four n’aurait pas été de trop. Rien à dire pour autant sur le goût. Les samoussas au fromage ne sont pas notre tasse de thé, mais ils sont bien dodus et savoureux.

Les choses sérieuses arrivent vite, servies à l’assiette. Les portions sont conséquentes et la présentation est simple mais soignée.

Parlons d’abord du canard. Ici, « canard » rime avec « standard ». Rien d’extraordinaire en effet. La sauce épaisse, d’une belle couleur foncée, est légèrement sucrée-salée comme nous nous y attendions, mais la saveur de vanille est lointaine. Trop lointaine. Sur ce genre d’exercice, le dosage est capital : trop de vanille tue le plat, en risquant de le rendre un peu écœurant, et le cuisinier a semble-t-il préféré jouer la prudence. D’autre part la viande elle même manque de corps allant jusqu’à être légèrement sèche. Rien de dramatique pour autant. Le plat est correctement réalisé.

Le rôti est d’un autre niveau. La viande a ce caractéristique parfum de fumé-cramé, où flottent le poivre et le thym, avec de belles couleurs miel. En bouche, les chairs sont d’une souplesse magnifique, tendre comme une fiancée qui sent l’amour, et les lentilles avec leur bonne odeur de roussi safrané l’accompagnent judicieusement.

Un mot sur les brèdes chouchous : un peu trop cuites à notre goût, et donc avachies dans l’assiette, elles sont quand même très bonnes, avec un sel bien dosé et le petit piquant d’ail qui va avec. Et c’est très bien de mettre des brèdes à table, nous n’en voyons pas assez dans les restaurants soi-disant créoles que nous visitons. Tout cela est parfaitement soutenu par un très bon rougail tomate claque-zoreils, où le piment vert donne de la voix.

Nous terminons avec des desserts par pure conscience professionnelle, car il ne reste guère de creux à boucher. Il le faut bien, ce sont des desserts « maison ». Nous vous laissons le café gourmand, la tarte tatin et la mousse au chocolat, préférant une crème brûlée à la vanille et un tiramisu.
La crème brulée, tiède, est une douceur lactée exquise, au fondant incomparable. Le tiramisu, tout de mousse et de crème vous donnerait l’envie d’y mettre la tête toute entière pour peu qu’il soit dix fois plus gros, c’est tout dire !

Nous repartons comblés, au sens physique du terme, après avoir réglé une addition de 48,50 euros, soit un peu plus de 24 euros par personne (sans les boissons) ce qui, en regard de la qualité globale, de l’accueil et du cadre, nous paraît honnête.

Chez Jo, endroit charmant dans un coin charmant, vous propose une cuisine variée et très correcte, dans un cadre sympa. Du sauté chinois au foie gras poêlé, il y en a pour tous les goûts et toutes les bourses. Du reste, on ne s’y trompe pas : à 13h, il restait peu de tables libres parmi la centaine de couverts disponibles, en comptant l’extérieur. Grand coup de chapeau au personnel, qui, malgré le monde, a assuré le service avec célérité. De très bonnes raisons pour décerner à l’équipe de chez Jo une très jolie fourchette en argent, avec recommandation spéciale !

Pour résumer : 
Accueil : bien • Cadre : très bien • Présentation des plats : bien
Service : très bien • Qualité des plats : bons
Impression globale : bonne table
Fourchette en argent

Le Relais du Maïdo

[Visite en mai 2013]

Aujourd’hui nous prenons la direction du Maïdo, dans le sillage de notre fringuant randonneur Alain Dupuis, sorte d’elfe des forêts parcourant les monts et les vaux de notre belle île (sans collant vert ni chapeau pointu, Dieu merci !) qui nous a proposé ces dernières semaines une randonnée sur le bord du rempart. Nous ne sommes pas allés si haut, mais nous sommes arrêtés quand même dans les hauts des hauts, au royaume des trois « B » (Boeufs, Bois, Brouillard), au Relais du Maïdo et ses animations touristiques dont la luge qu’on ne présente plus. D’ailleurs, l’ancienneté des installations commence à se voir, il est vrai que l’humidité ambiante ne doit rien arranger. La grande salle tout en bois, elle, est confortable et chauffée par des poêles, l’ambiance est donnée.

Ce dimanche, c’est buffet pour les plats créoles, mais il y a aussi des plats plus « métros » à la carte (souris d’agneau, escalope d’espadon, rumsteck, magret de canard). Nous aurons donc, pour 17 euros, le choix de ne pas choisir entre le porc aux olives, le bœuf bourguignon, la cari de poisson (du grenadier) et le civet de coq, mais de tout goûter. En entrée, quelques crudités et un gratin sont au garde-à-vous. L’accueil est chaleureux et souriant. On nous installe, on vient prendre notre commande de boissons, et l’on s’enquiert de nos desiderata.

Nous décidons de tester les amuses-bouches salés qui consistent en diverses fritures classiques, plus une originalité du terroir : des beignets de poulet au géranium. Nous irons ensuite voir le buffet. Les samoussas, servis par lot de 3, à 2,50 euros, reviennent à un peu plus de 80 centimes pièce. Sachant qu’un samoussa se négocie dans « les bas » à 40 centimes prix public d’achat, la marge n’est pas mal, ils ont intérêt à être bons. Et ils le sont : farce fine et parfumée, pas gras.

Les beignets de poulet sont bons aussi et l’humeur de géranium est intéressante, tout en évitant d’être trop entêtante. C’est le plaisir d’essence. Mais nous ne décelons guère le goût de poulet, écrasé par celui du fromage qui compose le beignet. « Poulet » est sans doute signalé à l’adresse des personnes ne mangeant pas de boeuf ou de porc pour des raisons religieuses… Cette entrée en matière nous ayant à peu près satisfaits, nous fonçons vers le buffet ventre à terre. Nous n’y retournerons pas.

La salade de crudités fraîches, accompagnée d’une vinaigrette réussie, ni trop acide ni trop salée, est coupée presque en cheveux d’ange. Le résultat est un plaisir à la mastication et une belle odeur de choux et de carottes, de la bonne vieille salade classique et efficace. Place aux plats.

Nous allons être brefs. Le cari de porc aux olives est d’une banalité navrante, et les olives ne l’aident que peu. La viande est farineuse et peu goûtue.
Le cari de grenadier fait de la résistance, on ne peut pas trop lui en demander. Mais il aurait pu au moins être accompagné d’un piment vert «crasé» au caractère plus affirmé que le rougail « zognon » disponible au buffet. Globalement, c’est fade.

Le civet de coq est une véritable insulte. Déjà la viande est liquéfiée et les saveurs normalement franches et épicées d’un civet catholique (laurier, clou de girofle et vin) n’ont qu’une existence vaporeuse. Tout cela est mangeable mais ne nous amène que du regret. Ce ne sont pas les desserts qui nous consoleront. Une crêpe froide et un gâteau «ti son», dont il manque un peu de peau du dos (oser servir cela au client c’est du je-m’en-foutisme caractérisé). Le nom est un peu surfait. Disons que c’est un quatre-quart au lointain parfum de ti son, dont la texture épaisse fait dire au créole : « gâteau comblage ». Un verre d’eau là-dessus et ce n’est plus un dessert, c’est Bob l’Éponge.

Tout ça pour 41 euros et des poussières, sans l’apéro, soit un peu plus de 20 euros par tête de touriste.

Aurions-nous dû goûter aux plats à la carte ? Sans doute, parce que le buffet, lui, à l’instar de quelques autres que nous avons pu tester par ailleurs, est de piètre qualité. Ce n’est plus un mystère : la formule buffet permet aux restaurateurs de faire un maximum de chiffre avec des dépenses serrées. De là à servir du rata de temps de guerre en déguisant cela en cuisine « exotique », c’est se moquer ouvertement de la gastronomie réunionnaise. Tout cela sent la fourchette en plastique à plein nez.

Seconde dégustation

Aussi avons-nous décidé de donner une deuxième chance à ce restaurant qui est en première ligne sur le front du tourisme réunionnais. Nous avons voulu savoir comment étaient les plats à la carte et sommes retournés les tester quelques jours plus tard. Nous remarquons d’emblée que les plats métro « du jour » sont les mêmes que précédemment. Des plats du jour qui restent plusieurs jours… cela voudrait dire qu’ils n’ont pas été vendus ou qu’ils ne changent pas ?

Nous commandons le cari de poisson, de l’espadon nous annonce-t-on, et la fricassée créole estampillée spécialité maison, à base de charcutailles diverses et de bringelles.

Le poisson qui arrive, servi à l’assiette, est de l’espadon… en cube ! Pourquoi ne sommes-nous pas surpris ? Le plat est mangeable, loin s’en faut, mais très ordinaire. Un anglophone dirait : »cheap » !

La fricassée se défend un peu mieux. Des petits morceaux d’andouilles assurent le goût pour l’essentiel, encore qu’à minima, et les bringelles presque fondues confèrent au plat une certaine homogénéité de texture, tout en accompagnant la viande du mieux qu’elles peuvent gustativement parlant. Rien d’extraordinaire au final. Et le rougail tomate, formaté pour les palais sensibles, est parfaitement inintéressant. Seul le morceau de gâteau de patate douce fait mieux que le pitoyable « ti son » servi trois jours auparavant, bien qu’encore trop dense.

Globalement, les plats à la carte sont un ton au-dessus de ceux du buffet, mais c’est timide. Rien de tout cela ne nous a emballés.

Le Relais du Maïdo est une cantine. Allez-y si par malheur vous avez oublié le pique-nique, ou si mémé est tombée en panne de gaz en pleine cuisson du civet de canard! Vous aurez la satisfaction d’avoir l’estomac plein, et guère plus. Dans un endroit comme celui-là, c’est quand même dommage. Vu le potentiel touristique évident, dire que nos visiteurs se font servir de la tambouille cuisinée avec des produits de bas de gamme, c’est un véritable gâchis ! Le Relais du Maïdo récolte donc une bien généreuse fourchette en inox !

Pour résumer :
Accueil : très bien • Cadre : bien • Présentation des plats : buffet / moyen • Service : bien • Qualité des plats : très moyens
Impression globale : très moyen
Fourchette en inox

Le Latanier

[Visite en mai 2013]

Grand-Bois. Ce quartier de Saint-Pierre au passé sucrier, il n’y a pas si longtemps encore enquiquiné par les embouteillages, est en pleine mutation. Un établissement a connu toutes les transformations de ce tranquille village puisqu’il y propose le gîte et le couvert depuis plusieurs décennies, niché au bord de la côte rocheuse comme un paille-en-queue, au souffle des alizés. Il s’est appelé Demotel, puis Océan Maloya, et se nomme aujourd’hui Le Victoria. C’est son restaurant, le Latanier, que nous passons à la moulinette.

Visiblement l’hôtel a bénéficié récemment de certaines améliorations concernant l’accueil et le confort de la clientèle, même s’il reste encore à faire. Il en résulte que le restaurant, qui peut accueillir 70 personnes, est coquet, apaisant et très convivial.

Convivial aussi est le personnel qui nous reçoit. Par cette belle journée ensoleillée, nous nous installons à la terrasse qui fait face à la piscine autour de laquelle quelques épidermes blanchâtres de touristes tentent de bronzer. Des cocktails nous sont proposés, nous choisirons un « ti punch » pour nous fouetter les gencives et un jus de fruits frais. La carte est assez restreinte, mais, comme nous le confirmera le chef à la fin du repas, tous les produits sont frais.

Quatre entrées, poissons et camarons, quelques viandes et deux caris créoles au menu : rougail saucisses et cari de poisson. Ce sera donc rougail saucisses et filet mignon de porc, pour nous. Nous entamons les hostilités avec une salade de chèvre chaud « pané cornflakes et miel coco » plus une salade de palmiste.

Cette dernière nous surprend agréablement. En effet, outre une présentation soignée, le palmiste coupé en morceaux hétéroclites se trouve très correctement assaisonné. C’est rare. Nous avons assez maugréé contre ces assaisonnements trop citronnés qui tuaient la saveur subtile du cœur de palmiste. Ici nous avons une sauce toute en finesse, à l’huile d’olive, qui nous emballe le palmiste et ses accompagnements avec délicatesse, un vrai plaisir pour le palais.

Le chèvre chaud ne fait pas moins bien. Le fromage, sage comme une image (presque trop), crémeux et épais, avec un panage croquant et savoureux qui amène d’entrée de jeu l’humeur sucrée et parfumée du miel, est un délice sacré pour berger à biques. En finale il nous laisse comme une guillerette saveur de noisette. Nous terminons les entrées avec le plein d’émotions gustatives, et la suite nous est amenée dans la bonne humeur et la célérité.

Le filet de porc, un chouïa cramé aux entournures, sous ses dehors bruts de décoffrage et un peu secs, s’avère goûteux et souple en bouche, rappelant avec moult civilités sucrées-salées les atouts parfumés de son cousin rôti créole. Au bal du cochon, le filet est accompagné fort à propos par une magnifique daube de citrouille veloutée, cucurbitacé au caractère affirmé que, le diable nous patafiole, nous rencontrons trop rarement aux menus de nos restaurants créoles, à part quelques gratins par-ci, par-là. Un risotto rafraîchissant apporte au couple porc-citrouille son cachet « exotique » (pour nous) et tout à fait original. Au même bal, voici le rougail saucisses. Des saucisses fumées, coupées en tranches fines, toutes habillées d’une sauce bien rouge comme une seconde peau, mais qui n’étale aucune huile dans le fond du plat. Elles sont savoureuses, sèches mais pas trop, et portent à nos sinus la nostalgie des bons rougails au feu de bois des familles, simples et appétissants, des saucisses reines des piques-niques avec leurs zembrocals de maris ! 100% top créole. Dans toute cette affaire, le sel est savamment dosé, et Dieu sait si nous sommes tatillons sur le sujet. Nous regrettons simplement le rougail concombre un peu faible, tant en quantité qu’en puissance.

Les caris laissent la place au dessert : une tarte tatin à la papaye confite fraîcheur orange sanguine. La papaye, crue ou cuite, est, il est vrai, notre péché mignon. Nous n’en sommes que plus exigeants à son sujet. Cette papaye-là n’est peut-être pas la meilleure que nous ayons dégustée, nous la préférons un peu plus dure et plus collante, mais elle est tout de même très bonne, et son goût caramélisé est sublimé par le contraste de la glace acidulée et surtout par la menthe fraîche. Nous laissons une feuille de menthe collée à la paroi d’une joue, diffusant sa tonicité en continu tandis que la papaye, la glace et la chantilly se mélangent : un bonheur !

Addition : 76 euros pour deux personnes. Ce n’est pas donné, mais au regard de la qualité des plats, nous nous estimons satisfaits. Pour information les formules du jour vont de 15 à 20 euros (aujourd’hui une grillade de thon et du mérou frais qui sentaient bon l’iode et la marée).

 

Le Latanier est ouvert depuis septembre 2012 à l’hôtel le Victoria de Grand-Bois. Il vous propose une carte de petits plats amoureusement préparés à base de produits frais. Si vous êtes amateurs de poissons, c’est une adresse à conserver. On vous y reçoit avec simplicité et gentillesse, dans un cadre bucolique où vous trouverez paix et sérénité. La cuisine est de haut niveau, pour l’aperçu que nous en avons eu, et le jeune chef, qui n’est plus un « bleu », y met tout son savoir-faire et sa passion. Une cuisine simple, à la présentation soignée, qui fait honneur aux produits locaux, en mariant à merveille plats traditionnels créoles et standards métropolitains. Une carte qui va se renouveler sous peu, gageons qu’il y aura encore de belles surprises en perspective.  Nous sommes repartis ravis, en leur décochant au passage une très jolie fourchette d’or.

Pour résumer :
Accueil : bien • Cadre : très bien • Présentation des plats : Très bien

Service : très bien • Qualité des plats : excellents 
Impression globale : très bonne table
Fourchette en or

Note août 2013 : C’est le Chef du Latanier qui nous a appelé, répondant à l’annonce qui paraît avec la rubrique. Bien entendu nous ne lui avons pas dit quand nous viendrons. Nous avons attendu deux mois avant de nous y rendre. Et c’est la première fourchette d’or de cette année !

Commentaire Août 2014, par Christelle : « C’était cher on le savait au départ, et franchement il y a vraiment du laissez aller dans ce cas. Le buffet d’entrée c’était bof, rien d’original, un truc vite fait qu’on peut tous faire chez soi (i vaut pas les oeufs mimosa de ma belle mère) … j’ai pris un carry d’espadon et mes hommes un rougail saucisse fumées, les gros pois étaient hyper salés, rougail saucisse trop salé aussi et un peu gras, le carri espadon manque de goût et d’épices et tant qu’au buffet des desserts (mon dieu seigneur) c’était franchement pas bon du tout, je n’ai pas un super palais mais quand je dis que c’est pas bon ben ça ne l’est pas. Les tartes choco et coco : on dirait du surgelé (pâte pas croustillante, toute molle), l’espèce de truc qui ressemblait à un tiramisu avec une fraise dessus qui était un peu passé, pas de goût fait avec une crème pâtissière un peu de cacao et hop envoyé c’était pas bon, un gâteau dont je n’ai pas trouvé le parfum (je me suis demandé si c t pas un gâteau do lo) : génoise baignant dans son sirop sans goût avec une crème pâtissière pas bonne (ça existe encore ce genre de gâteaux ?), un gâteau péi dont je n’ai pas réussi à trouver ce que c’était : hyper sec, baignant dans un truc qui ressemblait à une crème anglaise avec plein de sirop sur le dessus. Bref, on s’est dit ça vaut une fourchette en plastique, on aurait dû aller manger chez Jo à manapany … »

Et vlan !  Il semblerait en effet que depuis la qualité a baissé.

L’Auberge créole

[Visite en avril 2013]

Quelques semaines après notre passage à Sainte-Anne, aux Trois orangers, vous voici de retour dans ce quartier de Saint-Benoît, à l’église fameuse et repeinte, mais empestant hélas la moisissure à rendre malade les allergiques (Mais que font les responsables de cet édifice ?) Nous ne nourrirons donc pas nos âmes ici, aujourd’hui, mais il n’en ira pas de même pour notre corps, qui, midi tapante, réclame sa pitance. Justement, presque en face il y a l’Auberge Créole, au fond d’une allée. L’endroit, pittoresque, donne sur la grande plage de galets. Le bâtiment semble avoir bénéficié de quelques rénovations et aménagements, mais il reste beaucoup à faire pour rendre l’endroit accueillant.

Nous sommes accueillis par un personnel souriant et sympathique, et nous nous installons à une table non loin de la baie vitrée qui donne sur une grande terrasse en caillebotis ouvrant elle-même sur le rivage. Nous y respirons l’air marin à plein nez, avec ses embruns consécutifs à une mer agitée. Des embruns qui n’épargnent pas les baies vitrées d’ailleurs : elles sont sales. Les chaises aussi ont subi les assauts salins : les pieds en fer sont attaqués par la rouille. Pas top. Un remplacement du mobilier ne serait pas du luxe. La salle est taillée pour les réceptions, mais ce midi une trentaine de couverts attend les clients.

Une jeune demoiselle fort accorte nous emmène la carte. Grosse carte (ce qui n’est pas forcément un bon signe). Zoreil, créole, chinois, et des pizzas: on sait tout faire à l’auberge créole, qui devient du coup l’auberge internationale ! Nous faisons notre choix en sirotant un excellent punch coco maison, « préparé avec amour », nous fait le serveur, qui nous détaillera la composition de l’affaire. Nous notons à notre surprise grande que la demoiselle sus citée prend la peine de nous remplir les verres. Ça c’est du service ! Nombreuses sont les fois où on nous a juste déposé les canettes sur la table, sans même les ouvrir !

En entrée, nous testerons du foie de volaille poêlé et un gratin de chouchou, que suivront un cari canard fumé et un cari poulet palmiste.

Et ça commence pas trop mal. Le gratin est passable, avec des morceaux de chouchous assez fermes sous la dent, et dont la saveur délicate n’a pas été écrasée par le fromage fondu. La béchamel a été dosée à l’économie, mais ce n’est pas désagréable et le plat ne s’en trouve que plus léger.

Le foie de volaille assure aussi, avec son petit arrière-goût de vinaigre, dans son lit de salade à l’assaisonnement raisonnable en sel (un miracle!). Idéal pour préparer nos papilles à l’arrivée du canard fumé. Les entrées sont prometteuses. Mais après…

Après nous avons droit à deux caris plutôt réussis, dans l’absolu, mais pour le moins standards. Le poulet palmistes nous en met pourtant plein les sinus, dans sa sauce convenablement épicée, mais qui s’avère assez grasse par ailleurs. La viande pour sa part est sèche, même les morceaux « de choix » comme la cuisse, et ne nous procure aucun plaisir. Les larges tranches de palmistes ont bu le fond de sauce et sont goûteuses mais en revanche filandreuses. Même affaire pour le canard fumé, dont, a priori, on pardonne plus volontiers le côté gras : Le cari canard n’a pas pour réputation d’être un plat léger. La viande, là aussi, est assez sèche et le côté « fumé » est un peu en berne. Ce qui est fort dommage.

Les deux plats nous laissent assez dubitatifs. Si la préparation des caris, le dosage des épices, la couleur de la viande et l’odeur de roussi nous semblent conformes aux canons de la cuisine créole authentique, l’ensemble au final n’est pas à la hauteur de nos espérances. C’est un peu éteint. Est-ce la qualité des volatiles, qui n’ont certes pas dû être trucidés de la veille, ou alors l’huile utilisée ? Toujours est-il que les caris nous resteront sur l’estomac jusqu’au lendemain, lourds comme des enclumes.

Le riz s’avère être peu ou prou le même que celui dont nous a affligé l’Ambéric il y a quinze jours, à la différence près qu’il est ici mieux cuit et sans odeur de vieux ! Côté accompagnement : les lentilles baignent un peu dans la flotte, en compagnie de quelques haricots ; le rougail tomate est quant à lui très satisfaisant, dans le taux de sel comme dans le dosage du piment.

De l’ananas frais sera notre dessert, bien sucré et parfumé comme il sied à notre Victoria.

Addition : 72 euros et des embruns pour deux personnes, en tout et pour tout, avec un café, soit 36 euros par tête de yab. Et la note de rejoindre le canard sur l’estomac !

L’Auberge créole, ou internationale, bénéficie d’un emplacement en or, pour le moment pas exploité à fond, mais cela est certainement dans les projets des responsables. Vous y trouverez un accueil chaleureux, un service plus que correct et une salle en partie de bois habillée s’ouvrant sur l’océan, idéal pour les mariages, baptêmes, et autres réjouissances familiales saisonnières. Pour ce qui est de la qualité de sa cuisine, l’Auberge créole est dans la moyenne, et nous avons longtemps hésité sur la note finale. Nous avons quand même été un peu déçus par la tournure des plats de résistance. Nonobstant la lourdeur relative des caris, imputable peut-être aux viandes et à la qualité de l’huile utilisée (si nous pouvons nous permettre d’oser quelques conjectures) l’ensemble manquait de « punch », comme des plats ayant perdu leur saveur au congélateur et au micro-onde. Nous n’avons donc d’autre choix, pour le moment, que d’attribuer à l’Auberge Créole une fourchette en inox, même si l’argent n’est en définitive pas très loin.

 
Pour résumer :
Accueil : très bien • Cadre : perfectible • Présentation des plats : moyen
Service : très bien • Qualité des plats : moyen
Impression globale : moyen

Fourchette en inox