Le Bout’Chandelle

Aujourd’hui, notre balade gourmande nous emmène à Saint-Paul où nous visitons le restaurant « le bout’ chandelle ». Situé dans la rue Marius et Ary Leblond il bénéficie d’un grand parking à proximité. 

L’accueil. Dès qu’on entre dans le restaurant on se sent privilégié. Franck, le patron, assure lui-même l’accueil avec une dextérité rare qui mérite d’être soulignée. Il nous place à une table au fond de la salle, tout prêt d’un parterre de plantes luxuriantes et nous apporte la carte avec une belle assiette d’amuses-bouches composée de feuilletés de fromage et d’espuma (crème) de tapenade. Aussi délicieuses que belles,  ces petites choses nous ont ouvert l’appétit. Très bon point. Sur la carte : du foie gras, du porc, de la daurade à l’honneur, mais pas de plats créoles. Nous optons pour menu à 35€ qui comprend un carpaccio de daurade, un filet mignon sauce au thym et un moelleux au chocolat. Nous commandons aussi un foie gras et ses toasts et un pavé de daurade accompagné de purée de patate douce. 

La salle. Elle est bien éclairée et très accueillante. Les tables sont superbement nappées, les chaises qui les entourent, noires et hautes, offrent ainsi une confortable assise. On est bien installés,  que les hostilités commencent !

Le carpaccio de daurade. On pourrait appeler aussi ce plat « plaisir des yeux et des papilles ». Le poisson est frais, la sauce vinaigrette à l’orange qui l’accompagne est douce avec un léger côté acidulé. C’est dire si le chef l’a bien maîtrisée. Les quelques zestes d’oranges confits ajoutent un petit côté piquant. L’assiette est parsemée de brindilles d’aneth. Vraiment excellent. 

Pavé de daurade purée de patate douce . L’assiette copieuse est composée d’un beau pavé de daurade cuit sur peau et posé sur un lit de chutney de papaye. Elle est accompagnée d’un gratin de chouchou, d’une demi-tomate provençale et d’une purée de patate douce.

Mignon de porc, mousseline de citrouille, pommes de terre sauce au thym et quelques asperges. L’assiette est copieuse aussi. Les pommes de terres sont quant à elles fondantes. La viande moelleuse est ravivée par la sauce au thym ô combien onctueuse. Le seul point négatif : les asperges pas de toute fraîcheur qui étaient par conséquent de trop sur cette assiette. 

Le dessert moelleux au chocolat. « Waouuuhhh » on a envie de dire ! C’est tout simplement divin. La tiédeur du moelleux, son cœur coulant et la glace vanille qui l’accompagne, finissent en beauté ce moment gastronomique purement divin. Rien à dire, sauf que c’était très bon.

Aujourd’hui nous avons passé un moment de pure gastronomie. Le professionnalisme et le sourire de Gilda (la patronne), le service et l’amabilité de Franck, la gentillesse de leur personnel, plus des plats aussi excellents les uns que les autres :  il n’en faut pas plus pour que nous  décernions au « Bout’ Chandelle » la fourchette d’or. 

Pour résumer : 
Accueil : très bien • Cadre : très bien • Présentation des plats : très bien
Service : très bien • Qualité des plats :  excellents
Impression globale : excellente table
Fourchette en or

Le Relais des Plaines

1098Aujourd’hui nous grimpons chercher la fraîcheur à la Plaine des Palmistes. Nous avons choisi de tester le Relais des Plaines, restaurant ayant pignon sur platanes depuis deux ans au pays des goyaviers et logé dans une jolie maison créole avec son avancée polygonale et ses fenêtres à petit carreaux. La salle d’une quarantaine de couverts est vaste. Un espace qui vous permet de vous installer à l’aise sans profiter des conversations des voisins.

On nous accueille avec grand sourire et nous découvrons une carte variées, très orientée créole, surtout pour les entrées où samoussas, bouchons et piments farcis ont la part belle. Le rougail saucisses y tutoie les cuisses de grenouilles, et le magret de canard côtoie le cari de crevettes. C’est justement sur ces crustacés que nous jetons notre dévolu. Le cari et le sauté de crevettes aux gros piments vont passer un sale quart d’heure !

Nous goûterons également, en passant, de l’espadon frais au menu du jour. Les prix s’étalent entre 12,50€ et 16,50€. Nous notons que trois plats végétariens sont également proposés : un sauté de légumes, une omelette et un gratiné de légumes à la crème. Louable initiative.

Nous snobons les fritures péi pour attaquer les plats direct, afin de d’avoir les papilles toutes vierges pour apprécier les crustacés, qui le valent bien.

Le service est assez rapide. Nous avons à peine patienté avec des petites olives au cumin.Le sauté de crevettes aux gros piments nous interpelle tout de suite : une légion de carottes a envahi les pauvres gros-piments ! C’est une erreur sur l’intitulé ou bien le chef a décidé d’écouler le stock de carottes. Passé la surprise, va pour les carottes. Elles sont au moins assez croquantes, comme les bouts de brèdes chou de Chine bien fraîches, et accompagnent les crevettes sans leur faire de l’ombre. Celles-ci sont divines dans leur enrobage de sauce fleurant bon un siave poivré. 

Les crevettes sont souples et cèdent sous la dent avec une résistance de pure forme, libérant leur saveur unique, qui eût été toutefois plus intense si les crustacés n’avaient été livrés en tenue d’Eve. En effet, même si la présence des carapaces vous transforme les assiettes en chantier, et le repas en cérémonial de décorticage patient, chacun sait que la substantifique essence du divin goût de la crevette fuse au broyage et suçage de sa dure robe orangée.

Le cari est dans la même veine, avec des crevettes aux humeurs de gingembre qui donnent donc plus de voix. La sauce, modérée en quantité mais parfaite en goût, vient nous colorer le riz, et les grains excellents, en crème, au thym lumineux, apportent tout leur velouté dans cette affaire pour notre plaisir non dissimulé. Le piment vert « crasé » sublime parfaitement le plat. Du coup, le riz à presque un air de « pas assez ». Notre voisin nous invite à déguster un peu de son espadon. Nous mesurons alors l’expertise du chef dans la cuisson du pélagique, mesuré au centième de seconde. La chair cède en un moelleux parfait et nous diffuse dans les gencives son délicat fumet, doucement, amplement.  Tous les plats sont parfaitement dosés en sel. Du ni trop ni trop peu qui sied très bien au poisson en l’occurrence.

Les plats repartent à peu près vides, sauf quelques frites de-ci de-là, et nous demandons une crêpe au goyavier pour le dessert.

La crêpe est tiède et très bonne. La gelée de goyavier est parfaite. La glace à la vanille qui les accompagne est délicieuse. Belle triplette donc, qui nous enjoue la glotte si tant est qu’elle en eut encore besoin.

Addition  : 32 € pour deux caris et un dessert, sans compter les apéritifs. Un rapport qualité prix qui tient la route.

Cela fait donc deux ans que le Relais des Plaines régale ses clients. Alice et Arnaud Bailly (lequel a été formé au Centhor) ont bien mis en valeur l’endroit, et ont semble-t-il trouvé leur rythme de croisière. En ce qui nous concerne ce fut une sortie heureuse. De la bonne cuisine créole bien faite, avec de bons produits ; une carte qui sait contenter tout le monde, et tous les porte-monnaies. Accueil correct, belle salle confortable, et le service semble efficace par temps calme. Pour bien faire, il faudrait juger en plein « coup de feu », dans une salle pleine. Nous déplorons tout de même la pauvreté de la carte en produits du terroir, comme le goyavier ou le fromage des plaines, sous toutes ses déclinaisons. Rien ne dit que le magret, par exemple, est accompagné d’une sauce au goyavier. Si les baies ne sont plus de saison, leurs produits transformés sont présents toute l’année. En attendant,  nous décernons au Relais des Plaines une très belle fourchette en argent avec recommandation de l’équipe.

Pour résumer : 
Accueil : bien • Cadre : bien • Présentation des plats : bien
Service : très bien • Qualité des plats : très bons
Impression globale : très bonne table
Fourchette en argent

Chez Alex

Par ces nouvelles chaleurs de l’été approchant, nous allons prendre le frais à Bourg-Murat, où il y aura bientôt plus de restaurants que de boeufs. Pour rappel, Le QG et le Ti Resto Lontan ont déjà été notés les années précédentes, deux fourchettes d’or, d’autres établissements ont reçu notre visite incognito, et c’est « Chez Alex » que nous testons aujourd’hui.

L’établissement, situé en face du Palais du Fromage, à deux pis du QG, a fait pour ainsi dire peau neuve il y a un peu plus d’un mois en mettant à la disposition de sa clientèle une belle salle d’une quarantaine de couverts espacés, très agréable quand il pleut comme vache qui pisse, ou quand, comme on dit : « brouillard i marche quat’ pat’ « , avec les températures qu’on sait, surtout en hiver.

Le menu est au tableau noir. Quelques banalités métros (entrecôtes, frites, steak) ; des classiques créoles pour l’essentiel, comme du canard pays à la vanille, cabri massalé et cari de coq fermier, et des plats plus intéressants comme le magret de canard au cidre et miel ou du thon banane frais.

Aucune entrée proposée. Nous goûterons le cari de coq fermier et le rougail saucisses fumées.

Les plats sont servis sans chichis. Pour le coup (et pour le prix) nous aurions apprécié quelques chichis. Il devient lassant de voir arriver des caris sans aucune espèce de semblant de présentation (une feuille de laitue, une touffe de persil …). Certes la tradition créole ignore peut-être ce genre de coquetterie, encore que. Mais la tradition créole est d’abord domestique, comme celle qu’on retrouve dans les tables d’hôtes, qui, pour beaucoup, font assez attention quand même à l’esthétique de leurs plats. 

Cette parenthèse refermée, nous ouvrons la bouche sur la cuisse du coq. C’est bien un coq fermier. Et pas un coq la cour. Néanmoins tonique, et goûteux, il présente sa viande ronde avec quelques tâches rouges cramoisies à l’intérieur. Dans sa sauce réduite jaunie du safran, il offre de correctes sensations gustatives, tout à fait dans les normes d’un bon cari qu’Ernestine ne renierait pas. Le sel est bien dosé, ce qui préserve la saveur de la chair.

Le rougail saucisse n’est pas au niveau. Moins à cause de la préparation, aussi réussie que celle du coq, qu’à cause des saucisses elles-mêmes. Ces dernières sont tout à fait mangeables et donnent au nez une agréable odeur de fumaison. En revanche en bouche, les saucisses fumées manquent de fumet. D’autre part, leur chair est moulue et non battue. Très moulue même. C’est gramoune qui va être content s’il a oublié ses dents à la case. Du coup, rien à mâcher. Et nous nous disons que le fumet disparu est peut-être parti dans l’eau bouillante.

Le riz grain long est sans intérêt. Les pois du Cap pour leur part affichent une jolie odeur  d’épices roussies et sont bien en crème. Les rougails tomates et bringelle, formatés pour les touristes délicats et les palais juvéniles, sont plutôt bons. La bringelle est un peu blème, sans défaut ni accroc comme un manequin photoshopé, mais son goût est bien amené par une trace vinaigrée. Les tomates sont mûres et intéressantes tant par l’odeur que par le goût.

Les plats totalement vides sont enlevés. On vient nous proposer un dessert. Nous prenons un moelleux au chocolat. Ce dernier nous emballe avec son petit coté cacao amer qui fait passer le sucre comme une lettre à la poste .

Addition : 50 euros pour deux personnes, apéritifs, plat et desserts, soit 25 euros par tête de yab. Un peu cher quand même quand on sait qu’il n’y a pas eu d’entrées.

Chez Alex présente bien. Si on en juge par le défilé au comptoir des plats à emporter, c’est une adresse connue et prisée, sachant qu’à deux pas se trouve l’aire de pique nique qui brosse le dos du tout nouveau musée du Volcan. L’accueil est pas mal, le service est attentionné, même si on n’a pas toujours su répondre à nos questions.  La cuisine y est très correcte, mais certains points mériteraient d’être améliorés : présentation et sélection des produits notamment. Espérons que le patron (ou la patronne) ne sera pas tenté d’augmenter ses marges au détriment de la qualité, pour rentabiliser ses investissements. 

En attendant, c’est repus et assez satisfaits que nous avons pris congé, non sans avoir décoché au restaurant « Chez Alex » une belle fourchette en argent.­ 

Au diable le menu enfants
Au tableau des menus de Chez Alex, nous avons retrouvé le sempiternel « menu enfant » à 9 euros. Qu’il nous soit permis ici de lancer un cri à ce sujet. A l’heure où l’on parle de manger des légumes et des fruits, d’alimentation équilibrée et variée, et où tout ce qui a un rapport avec la cuisine est tendance, il serait bon que nos chers restaurateurs envisagent autre chose que le misérable « menu enfant » constitué de steak frites ou de poulet rôti.
C’est hélas une évidence : nos progénitures en culottes courtes raffolent de ce genre d’alimentation qui rappelle certains produits dont ils peuvent s’empiffrer notamment aux mangeoires de deux enseignes multinationales bien connues. Bien entendu, c’est pratique pour les restaurateurs de proposer (et de vendre) ce genre de menu, très rentable. Mais ne serait-ce pas là une façon de considérer les enfants comme de « sous-consommateurs » abrutis et dénués de tout sens gustatifs ? ­­Ne serait-ce pas plus intéressant, pour leur édification personnelle, de leur proposer simplement une déclinaison en plus petite quantité des plats à la carte tout en faisant en sorte que le patron du restaurant s’y retrouve financièrement parlant ? N’oublions pas que les enfants d’aujourd’hui deviendront clients demain.

Pour résumer : 

Accueil : Bien • Cadre : bien • Présentation des plats : moyen
Service : très bien • Qualité des plats : bons
Impression globale : bonne table
Fourchette en argent

Le Paille-en-queue

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Aujourd’hui notre balade gourmande nous emmène dans l’Ouest, au restaurant du casino de Saint-Gilles « le Paille-en-queue ». 

L’accueil. Nous sommes accueillis chaleureusement et placés. On nous emmène le menu sur ardoise.  Nous avons droit à une explication sur le fonctionnement de la formule déjeuner « affaire », composé d’un plat plus entrée ou dessert, d’une boisson soft, et d’un café pour 18 €. Le menu complet vous en coûtera quant à lui 21,50€. Nous optons donc pour ce dernier qui comporte une aumônière de jambon au fromage, du saumon sauce beurre blanc-purée-et petite ratatouille pour finir par un ParisBrest.

Puis, à l’ardoise, nous choisissons le tournedos de bœuf sauce au foie gras-croquettes de pomme de terre, à 19€ 

La salle. Elle est sombre mais bien décorée. Les chaises noires offrent une confortable assise. Sur l’estrade, un piano blanc fait un joli décor, puisque pour le moment, il ne joue pas. 

Aumônière de jambon fromage. Une feuille de brick en forme d’aumônière garnie de fromage fondu et jambon fumé très croustillant et goûtu. Cette entrée originale par sa présentation est très appétissante.

Saumon au beurre blanc-purée et petite ratatouille. La chair du poisson est extrêmement moelleuse, le dessous bien cuit, le milieu rosé, et le haut presque cru. Cette cuisson en dégradé, associée à la sauce onctueuse, permet de multiplier les saveurs en une seule bouchée. La purée maison ainsi que l’excellente petite ratatouille présentée en quenelles sont un festival gustatif. La sauce au beurre blanc est émulsionnée, chaude, instable, préparée avec des échalotes, du vinaigre et du vin blanc, réduite et montée au beurre froid. Il ne faut surtout pas la  faire bouillir, et la préparer au moment de servir. 

Tournedos de bœuf croquettes de pomme de terre sauce au foie gras. Rien d’extraordinaire pour ce plat (à 19€ tout de même !). La viande cuite saignante est certes bonne mais la sauce au foie gras n’est pas assez présente pour qu’on l’apprécie à sa juste valeur. Les croquettes de pomme de terre maison sont très bonnes, croustillantes à souhait et très légères. Elles accompagnent copieusement ce mets de choix mais la présentation laisse à désirer. La salade n’est même pas assaisonnée. Vraiment dommage !

Paris Brest. Celui-ci est servi avec une crème fouettée légèrement sucrée et un coulis de fruits rouges. La crème pralinée qui le garnit est très légère. Les amandes grillées recouvrent généreusement la pâte à choux faite maison. Autant de bonnes raisons pour l’engloutir avec délicatesse, afin de faire durer le plaisir. Vraiment un bon dessert. 

Tarte aux framboises (dessert à l’ardoise 6€). Voilà une tarte comme on les aime : une pâte facile à couper et qui fond littéralement dans la bouche sans parler de sa crème légère qui, mélangée aux framboises, n’est que pure merveille. Coulis passion et crème fouettée agrémentent délicieusement le tout.

Prix pour deux : 46,50€, avec deux boissons et un café. Bon rapport qualité-prix.

Le Paille-en-queue, brasserie de luxe, nous a bluffés avec son menu affaire par le prix, par la présentation et par la qualité des plats. Il n’abuse pas de son emplacement, bien au contraire, car à la carte, on peut avoir une entrée un plat pour 34€. On a vu pire. C’est avec ces arguments que nous avons décidé de lui décerner une fourchette en argent avec les recommandations de l’équipe. À noter aussi que c’est dans cet établissement qu’officiait Kelly Gaétan Jean Baptiste qui a obtenu le titre de Maître Cuisinier de France. La chef est partie en Guadeloupe vers de nouvelles aventures où elle a pris les rênes des cuisines d’un hôtel-restaurant spa.

Pour résumer : 
Accueil : très bien • Cadre : très bien • Présentation des plats : bien
Service : très bien • Qualité des plats : très bons
Impression globale : très bonne table
Fourchette en argent

Chez Bazou

P1070249C’est à la Petite France, à la frontière du Maïdo, que nous retournons aujourd’hui, afin de goûter aux plats de Chez Bazou. Jusqu’ici nous n’avons pas eu de chance dans le coin. Nos deux précédentes dégustations s’étaient soldées par d’insignifiantes fourchettes en inox gratifiant une cuisine créole approximative, jugée sans doute suffisante pour nos touristes et quelque créoles conciliants au ventre vide.

La bonne dame qui nous reçoit est du genre guillerette avec du bagou. On cause de tout et de rien comme si elle nous connaissait depuis toujours. Elle nous renseigne aussi sur le menu du jour : rougail saucisses, boucané bringelles, cari poulet et civet lapin, en prenant la précaution de nous donner le pédigrée du volatile : du poulet fermier, pas du poulet péi. En entrant chez Bazou, déjà, l’ambiance est autre. Point de décor de bois ou de rondin pour faire « genre », ni de buffet dressé. La grande salle d’une soixantaine de couverts est doucement chauffée par une cheminée à côté de laquelle nous prenons place. Toile cirée sur les tables, des chaises confortables, un capillaire près du bar, le jardinet fleuri tout autour du parking : l’ambiance est familiale. 

Les entrées, elles, sont du terroir : des beignets divers réalisés avec de la pâte parfumée au géranium. L’assortiment comprend : bringelles nature, chou fleur, brèdes chouchou au lardon. 

Nous les dégustons en finissant notre apéritif, et tout cela se révèle fort plaisant. En effet, les beignets ne sont pas très gras, la pâte est certes parfumée mais les effluves de géranium sont légers et ne viennent en aucune façon altérer les saveurs des produits. Du bon dosage maîtrisé certainement de longue date. Cette entrée en matière disparaît trop vite. 

Les plats ne tardent guère. Un brin déçus de ne pas trouver céans des mets plus originaux que ces quatre-là, nous faisons l’impasse sur le boucané bringelles pour juger les trois autres.

Le rougail saucisses a belle allure dans sa sauce rouge. Premier morceau croqué et petite déception : la saucisse est passablement grasse. Fort heureusement le plat n’est pas trop salé. La sauce tomate est correcte, présente mais pas trop liquide et l’ensemble se mange. Le plat est standard. Assez bon pour une découverte de touristes, sans se payer la tête de ces derniers, mais le créole trouvera ça rasoir.

Le cari poulet est tout aussi bon, et tout aussi ennuyeux. La viande, aussi fermière soit-elle, n’a pas les qualités de la volaille nourrie aux galets de la cour, qui a passé ses journées à fuir ventre à terre le roquet soupe-au-lait ou les gamins taquins. Cela n’enlève rien à la qualité du cari, non pas, lequel est assez parfumé au nez mais manque un peu de saveur au palais. 

Le civet lapin fait un peu mieux. La viande bien cuite nous fond presque dans la bouche, mais en  diffusant un vague parfum de vin cuit tout à fait insuffisant à notre goût. Si la viande a macéré, elle n’a pas dû l’être longtemps. Le fumet du fond de sauce est néanmoins agréable, correctement salé, et parfume chaque cuillerée de riz assez efficacement pour entraîner la cuillerée suivante.

Le rougail tomate qui accompagne tout ça est soft, trop peut-être, tant au niveau du piquant que du goût. Les grains blancs sont absolument sans intérêt. Et toujours pas de brèdes pour accompagner ces classiques créoles, dans un endroit comme celui-là. Nous étant suffisamment sustentés, nous déclinons les desserts et réglons une addition de 52 euros et des poussières pour trois personnes, boissons comprises, soit un peu plus de 17 euros par personne : assez bon rapport qualité/prix dans l’ensemble.

Voici donc le troisième restaurant que nous testons aux portes du Maïdo, et à vrai dire la déception n’est pas loin. Elle n’est pas loin, mais elle n’est pas tout à fait là non plus. Chez Bazou, restaurant familial, on vous accueille comme des amis, des bons voisins, dans un cadre simple, propre, chaleureux et la cuisine créole que vous y dégustez est authentique et plutôt bonne. Cependant, en dehors des fameux beignets au géranium emblématiques du lieu, l’originalité est aux abonnés absents et, plus chagrinant, les saveurs sont plutôt dans la moyenne de n’importe quel cari standard. 

Une chose est sûre, si votre mère-grand ou votre vieux tonton est un de ces cordons bleus que recèlent bien des familles réunionnaises, inutile de les emmener là-haut sous prétexte que, pour une fois, c’est eux qui mettront les pieds sous la table. Parce que vous allez vous faire enguirlander. En revanche, en descendant du bord de rempart avec la belle famille zoreil fraîchement débarquée, Bazou est une adresse honnête pour lui faire découvrir la cuisine créole. Dommage quand même que les brèdes soient autant boudées (et cela, un peu partout sur l’île) et que, ventre saint gris, on ne propose pas davantage de fruits péi en dessert. La fourchette en inox est en embuscade, mais pour ce repas qui fut tout de même bon, malgré tout, nous décernons au restaurant chez Bazou une petite fourchette en argent.

Pour résumer : 
Accueil : très bien • Cadre : bien • Présentation des plats : moyen
Service : très bien • Qualité des plats : bons
Impression globale : bonne table
Fourchette en argent

L’Escale Gourmande

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Aujourd’hui notre ballade nous emmène au Tampon à l’Escale gourmande plus précisément. Au premier abord le restaurant ne paie pas de mine. En cette fin de semaine la terrasse commence sérieusement à se remplir. Nous préférons pour notre part nous installer à l’intérieur. 

L’accueil est chaleureux et professionnel. Le serveur nous installe, apporte la carte aussitôt et répond à nos questions avec aisance. Il nous propose un apéritif alcoolisé que nous déclinons poliment et optons pour des cocktails softs.  Nous arrêtons notre choix sur le menu du jour à 10,50€ composé d’un carpaccio de thon – salade, d’une brochette de magret de canard – pommes au four et d’un crumble aux fruits. Puis nous prenons le menu à la carte (35€) : un médaillon de foie gras toast brioché, un pavé de poisson cuit sur peau au lait de coco parfumé à la citronnelle et un fondant au chocolat/Coulis d’orange pour terminer.

La salle. Très éclairée, elle peut contenir une cinquantaine de personnes. Sur les murs s’affichent quelques photos du chef entouré de célébrités, ce qui donne une idée de son parcours. Les tables sont dressées de nappes vertes et jaunes, les chaises hautes et noires font une assise très confortable. 

Carpaccio de thon. De fines tranches de thon coupées en carpaccio et un quartier de citron composent l’assiette qui est garnie aussi de salade, de rondelles de tomates et de concombres arrosés d’une bonne vinaigrette. Le thon parfumé à l’huile d’olive, est parsemé de fleur de sel et d’oignon rouge finement coupé en rondelles. Il est fondant à souhait. C’est une très bonne entrée. 

Brochette de magret pommes au four. La brochette, présentée sur une assiette arrosée de sauce et parsemée de brunoises de tomates et de persil haché est entourée de pommes de terre fondantes. On dirait même qu’elles ont été confites tant elles sont moelleuses. Verdict : très bon. 

Pavé de poisson cuit sur peau au lait de coco parfumé à la citronnelle. Le poisson du jour, comme nous l’a expliqué  le serveur, est le Seriole (ce poisson à chair blanche et ferme ressemblant à la dorade est très prisé des Japonais qui l’utilisent pour les suchis ou Teriyaki).

L’assiette est composée d’un très beau pavé de poisson servi sur un lit de purée de pomme de terre maison, le tout entouré de légumes. Il y a des lamelles de chouchous, des carottes coupées en petits tronçons, des pommes de terre et une mini courgette entière, le tout cuit au four pour un moelleux des plus succulents. Tout est douceur dans cette assiette. Une très bonne purée maison à l’émulsion coco-citronnelle légèrement safranée accompagne généreusement le Seriole, qui mérite d’être connu. Cela lui donne encore plus de caractère. C’est un plat très fin. On a plus qu’adoré. 

Médaillon de foie gras toast brioché. L’assiette, un beau médaillon de confit d’oignon avec une salade composée, est belle et bien présentée. Le foie gras légèrement rosé est parsemé de fleur de sel et de poivre. En bouche il est fondant. Associé au confit d’oignon, qui pour sa part est agréablement léger et doux, c’est  une pure merveille. Les toasts briochés bien croustillants nous font sentir qu’ils sont faits à la minute. 

Fondant au chocolat coulis d’orange. Sur le conseil du serveur nous avions commandé ce dessert en même temps que le menu car il est fait tout de suite. Il arrive donc  tiède. Le coulis d’orange est doux, mélangé au fondant c’est une explosion de saveur en bouche. Ce dessert à un autre nom :  « reviens-y »!

Ce chef est sans conteste un génie. Il transforme tous nos produits pei en de succulents mets qui nous épatent les yeux et les papilles. L’Escale gourmande est la preuve que manger dans un restaurant gastronomique à moindre coût est possible. Ajoutez à cela un service d’un professionnalisme rare et vous avez tous les atoûts d’une excellente table. Il n’en faut pas davantage pour que nous décernions à l’Escale Gourmande une très belle fourchette d’or. C’est la deuxième consécutive, après le Calbanon il y a quinze jours. Une première !

Le chef Gerrardo et son équipe vous attend les jeudi et vendredi soir pour faire une bouillaisse gourmande (Poisson/ Calamar/ Moules/ Gambas/ Crabe).  Vous pourrez également déguster des moules marinières ou à la crème avec leurs frites à 15€ les vendredi soir. 

Pour résumer : 
Accueil : très bien • Cadre : bien • Présentation des plats : très bien
Service : très bien • Qualité des plats :  excellents
Impression globale : Excellente table
Fourchette en or

L’été indien

 

Aujourd’hui notre balade gourmande nous emmène sur la côte Sud-ouest de l’île, à l’Etang Salé, et plus précisément au restaurant l’Eté Indien. Situé dans la grande rue principale de la ville, le restaurant, une varangue aménagée, est abritée par d’immenses cocotiers. On peut aussi manger à l’intérieur. 

La salle . 12h30 nous sommes accueillis par une serveuse déjà affairée car la salle est presque pleine. Une grande table est dressée ce qui laisse penser qu’elle va être très vite prise d’assaut. Nous sommes placés à une table face à la rue, une table de bistrot petite. En ce jour de brume il fait très sombre et froid sous cette varangue. On nous apporte la carte et alors que nous n’avons même pas eu le temps de découvrir la cinquantaine de plats disponibles, on vient prendre la commande. Tous les plats sont proposés avec deux légumes au choix : chouchou, haricots verts, gratin dauphinois, frites, riz..

Dans ce restaurant on fait de tout : pizza, pâtes, plats chinois en passant par les pièces de viande et le poisson. Chacun trouvera son bonheur. Nous prenons le plat du jour à 10,50€ qui comprend un cari, un dessert ou un café (aujourd’hui c’est un coq massalé), plus des gambas flambées à l’anis (à la carte) accompagnées de chouchous et de riz, et aussi des frites.

Gambas flambées à l’anis . L’assiette énorme est composée de 5 belles gambas, un gros bol de riz blanc, de gros cubes de chouchou et une coupelle de rougail tomate. Le chouchou est aussi fade que celui que ma grand-mère prenait comme rafraîchissant. Les gambas, cuits à point certes, manquent un peu de piquant dans tous les sens du terme. Décidément cette assiette ne nous parle pas du tout, elle manque de caractère. Le riz pour sa part est bien cuit, encore heureux ! Pour un plat à 26€ on s’attendait à beaucoup, beaucoup mieux. 

Le plat du jour coq massalé. Que dire de ce plat sinon que l’appeler « massalé » c’est aller un peu fort. Comme tout le reste il n’a ni goût ni sentiment. Excepté la couleur rien n’y est. Mais où se cache la petite feuille de caloupilé qui fait vibrer nos palais ? Le coq est pour sa part bien cuit et…bien filandreux. Un mot sur les frites : congelées, bien sûr.  

La tarte au citron meringuée. La crème citron est un peu trop sucrée, la pâte dure est très difficile à couper. Impossible de la finir. Elle est accompagnée de chantilly et d’une coupe de chocolat chaud aux rebords dégoulinants pas très présentables. 

13h10 le deuxième service commence. Depuis 5 minutes c’est un ballet de touristes qui se présente guides en mains (les mêmes qui placardent la porte d’entrée). L’addition pour deux personnes : 57€ avec une boisson. C’est cher quand on voit la présentation et la qualité des plats. 

Avec les années, l’Eté Indien est devenu une institution à l’Etang-salé. A l’heure où l’on parle du « fait maison » on se demande comment on peut mettre à la carte autant de plats. S’ils sont faits à la demande, ce n’est plus une brigade qui occupe la cuisine, mais une armée. D’autre part nous avons remarqué que les serveurs parlent très peu par manque de temps. Pour une soirée intime, à part la salle sombre, mieux vaut ne pas tenter l’expérience car c’est de plus très bruyant.  Un établissement certainement rentable, mais avec un côté « usine », donc, qui nuit visiblement à la qualité. C’est un choix, mais en ce qui nous concerne la fourchette en inox est de rigueur.

Pour résumer : 
Accueil :  bien • Cadre : bien • Présentation des plats : très moyen
Service : à la chaîne • Qualité des plats : moyens
Impression globale : moyen
Fourchette en inox

La Varangue

Aujourd’hui notre balade gourmande nous emmène à Saint-Leu, au restaurant la Varangue. Une belle pancarte nous indique que c’est un Maître Restaurateur. C’est un restaurant « pieds dans l’eau ». Nous sommes accueillis et installés très chaleureusement et on nous apporte aussitôt la carte des apéritifs. Nous optons pour des bulles sans alcool qui nous sont servies avec une petite coupelle d’olives aillées très bonnes.

La salle. Les chaises sont en osier noirs en plastique, le plafond tressé donne à ce restaurant un style paillote de plage en plus chic. Les tables dressées de nappes et de sur-nappes jaunes et bleues rehaussent le côté vieillot du mobilier.

La carte. Le restaurant de poisson et de fruits de mer ne propose pas de menus mais une ardoise variée où on trouve un foie gras et son chutney d’ananas à 18€. Une « salade Laleu » : calamars, sarcive , crevettes marinées, rémoulade de betterave à 20€ ; ou encore la salade de camarons bardée de jambon de Serrano à 22€. Plusieurs suggestions du chef : le carré d’agneau grillé aux fines herbes ou moules au chorizo et à la crème. Nous optons pour le rôti de légine en croûte de tapenade, toast aux anchois et la choucroute de la mer. 

Roti de légine en croûte de tapenade et toast aux anchois. Très belle assiette bien qu’un peu encombrée par les chips de carottes et de songes c’est dommage ! On ne voit plus l’élément principal : la légine. Très savoureuse elle est goûteuse et fond littéralement. Le fond de l’assiette est légèrement nappé d’une sauce au vin rouge parfaitement maîtrisée et n’atténue en rien la croûte de tapenade. Le risotto aux petits légumes qui l’accompagne est moelleux à souhait. Le mélange est tout simplement divin et c’est une explosion en bouche.
La coupelle de courgettes n’avait pas sa place sur cette assiette 1er choix. 

La choucroute de la mer (calamar, camarons, moules, joue de légine, capitaine). L’assiette bien présentée est garnie de …chips de carottes et de songe, une brochette de tempura de camarons est plantée en son milieu. En fond d’assiette la  discrète sauce beurre blanc adoucit ce plat qui non maîtrisé peut tourner au vinaigre. Tout est sublime : la pomme de terre cuite à point et qui fond en bouche ainsi que le chou dont la texture souvent insignifiante est mise en l’air dans ce plat. En revanche, en suggestion de composition du plat on nous parle de calamars et de moules. Nous n’en avons pas trouvés dans l’assiette. 

Nougat glacé maison et son coulis aux fruits rouges. La présentation est banale, on s’attendait à mieux. Le kiwi en décoration n’a pas la texture d’un fruit coupé à la minute, heureusement qu’en bouche il est meilleur. Fruits confits et raisins secs sont bien présents mais c’est un dessert sans prétention. Le prix 75€ pour 2 personnes.

Saint-Leu peut s’enorgueillir d’avoir plusieurs restaurants « pieds dans l’eau ». Toutefois, avec cette qualité et offrant un tel service dans un cadre aussi chaleureux, il y en a très peu. Nous avons passé un très bon moment gustatif aussi nous décernons une belle fourchette en argent et nous reviendrons. Ce restaurant mérite bien son label de Maître Restaurateur.

Pour résumer : 
Accueil : très bien • Cadre : bien • Présentation des plats : très bien • Service : très bien • Qualité des plats : très bons
Impression globale : bonne table
Fourchette en argent

Le Jardin des délices

Aujourd’hui nous allons prendre un bon bol d’air marin dans le grand Sud, où le temps mi-figue mi-raisin nous chasse des varangues de restaurants trop exposées. Nous atterrissons finalement au Baril, au Jardin des délices, en face de l’hôtel. 

Le restaurant, en dur, est agencé comme une sorte de rondavelle ouverte sur l’arrière. La salle d’une capacité de 40 couverts est à demi-remplie. Nous sommes accueillis par un serveur affable qui nous dévoile le menu du jour : cary canard, rougail zandouille, sauté de porc sauce saté, sauté de poulet aux champignons, sauté de porc gros piment, sauté de bœuf aux brèdes, shop-suet bœuf. Aucune entrée n’est proposée. Nous optons pour un sauté de boeuf aux brèdes, changé pour un sauté de porc aux gros piments pour cause de disparition du boeuf, très demandé visiblement. Le rougail zandouille emportera notre suffrage contre le canard.

Pendant que nous sirotons les rafraîchissements, les odeurs de fond de karail et de viande saisie nous parviennent, aiguisant notre appétit d’autant plus qu’il y a une petite attente, fort compréhensible puisque les sautés sont fait à la minute. Un petit amuse gueule ne serait pas de trop avec l’apéro. L’attente ne dure pas et nous voyons arriver les plats, avec un fumet qui en dit déjà long concernant le porc.

Ne tournons pas autour du baril : le sauté est excellent. De la viande de porc tout à fait tendre, au piquant poivré, magnifique dans son enrobage de siave, et succulente accompagnée des morceaux de gros piments encore croquants. Un plat qui a du répondant, c’est le moins qu’on puisse dire, et dont les atours salés s’atténuent mélangé au riz.

Le rougail zandouille est surprenant. La charcuterie, coupée proprement en tranches, n’exhale pas cette odeur caractéristique de tripaille et de poivre à laquelle on peut s’attendre. A la place, nous avons une humeur légère avec un fond de fumé, fort satisfaisant au nez de toute façon. La sauce est quasi absente, ne recouvrant les tranches qu’à la manière d’une pellicule, avec quelques morceaux de tomates ici et là. Ce plumage sobre n’a rien à voir avec le ramage, très respectable. En effet, l’andouille est savoureuse malgré des saveurs de tripes sages. Son onctuosité et un bon équilibre entre les parties sèches et le gras font merveille, révélant avant celle du chef, l’expertise d’un bon charcutier. Et le chef a le mérite de respecter un produit, dont il est sûr de la valeur, en ne cherchant pas à le maquiller d’une manière ou d’une autre.

Les accompagnements sont corrects dans l’ensemble. Le riz avait un goût de pas assez, ce qui est fréquent quand les plats sont bons. Le rougail tomate était un peu quelconque. Nous avons demandé un piment vert « crasé », pour jouer avec l’andouille en mode fortissimo, parce qu’elle le valait bien. Quelques brèdes auraient fait osciller la note vers du 18 carats mais nous ne pouvons que constater la rareté des verdures sur les tables des restaurants créoles, au grand désespoir d’Ernestine.

Une crème brûlée aux amandes amères et des bananes flambées viennent clore le repas. Rien à dire de particuler à leur sujet.

La note s’élève à une quarantaine d’euros et des grains de piment, pour deux personnes, boissons, plats, desserts, plus un café. Correct. L’établissement ne prend pas les cartes bancaires.

Repas fort plaisant que fut celui-là. Dans un cadre sans chichis et ouvert sur un espace vert reflet d’une nature domestiquée typique du coin, le Jardin des délices vous propose une cuisine excellente, simple et efficace. Nous nous sommes quand même étonnés de ne pas avoir de produits du terroir au menu, tels que le vacoa. Mais peut-être que ce n’était tout simplement pas le jour. D’autre part, outre des entrées (deux suffiraient), des amuses-bouches et des rougails plus variés auraient été les bienvenus, comme un rougail bringelle par exemple. Si nous cherchons ainsi les poux et les lentes, c’est qu’en définitive il ne manque vraiment pas grand chose pour que la fourchette d’or tombe. Par conséquent nous décernons au Jardin des délices une belle fourchette en argent avec recommandation de l’équipe

Pour résumer : 
Accueil : bien • Cadre : bien • Présentation des plats : moyen
Service : très bien • Qualité des plats : très bons
Impression globale : bonne table
Fourchette en argent

L’Entrepotes

Aujourd’hui nous allons lézarder du côté de la rue Bois-de-Nêfles, celle qui monte vers la clinique de Sainte-Clotilde, pour mettre les pieds sous la table au restaurant Entrepotes, situé dans l’immeuble où se trouve la station service du coin, au rond-point. Une petite porte donne sur la caisse et le comptoir aux plats à emporter, avec dans le prolongement, une salle d’une vingtaine de couverts, plus une terrasse en bois « suspendue » attenante, de même capacité.

La salle climatisée est équipée d’écrans plats où défilent des clips vidéos. La terrasse est moins bruyante, nous nous y installons. L’accueil, féminin, est souriant et très serviable, autant que nous pouvons en juger à cette heure où la clientèle est encore peu nombreuse. 

On nous prie de choisir nos boissons dans l’armoire froide puis nous nous mettons dans la « file » pour choisir nos plats. Au menu du jour : cari de porc pomme-de-terre, poulet au chouchou (qui a « largué le corps » on dirait), sauté de poulet aux brèdes, cari de thon au combava, accompagnés au choix de riz blanc ou de riz-massalé, une originalité que nous nous faisons un devoir de goûter, avec des lentilles.
« Nous avons aussi des grillades » nous informe une jeune demoiselle, « avec un petit temps d’attente« . Effectivement, sur un tableau nous lisons: « entrecôte de bœuf frais (mot souligné !) sauce poivre, magret de canard au miel, filet de poisson grillé (du Merlu), salade du jour, bol renversé« , pour des tarifs allant de 9 à 18 euros.

Nous nous contenterons des créolités en optant pour le cari de porc et le sauté de poulet. Nous retournons nous asseoir avec des assiettes correctement garnies.

Le porc pomme-de-terre est assez bon. La viande est plûtot maigre que grasse, ce qui plaît à nos artères mais moins à notre palais. Les pommes de terre coupées en tranches d’un demi-centimètre ont une bonne tenue, même si la sauce un peu épaisse trahit une légère fonte. Peut-être eussent-elles été plus joyeuses avec un poelage adapté. La dose de sel est faible. Nous pensons d’abord que le féculent l’a un peu pompé. Fausse piste : le sauté de poulet nous révèlera que le chef a eut la main prudente sur l’exhausseur de goût. Nous qui vitupérons à qui mieux-mieux contre les icônoclastes sous toque qui nous chargent les plats en sel, nous n’allons pas nous plaindre.

Un œil sur la salle qui est déjà pleine de personnes

debout attendant leur tour. Le service suit le mouvement. Chez Entrepotes, ça dépote !

Le sauté, donc, affiche une macération délicate avec des brèdes un peu trop rares selon nous. Les morceaux coupés petits sont assez goûteux, même si dans l’ensemble tout cela manque un tantinet de pêche. Rien d’alarmant. Le riz-massalé soutient bien tout ça. La saveur du massalé est assez diffuse et aucunement agressive. Au final, elle nous reste un peu dans les sinus avant de tirer sa révérence, le temps de mastiquer la viande. Quand même, ça manque un peu de sel.
Rien à dire sur les lentilles. Les rougails, une sauce zoignons et un dakatine combavaté assez sage, apportent une précieuse contribution aux plats.

Nous terminons par un café gourmand, accompagné de petites pâtisseries dont certaines sont aux fruits confits, délicates, et pas trop sucrées.

L’addition s’élève à 28 euros et des bouts de brèdes, tout compris (la formule buffet-dessert-café est à 15 euros), soit 14 euros par personne. Très honnête en regard de la qualité globale.

Entrepotes est ouvert depuis 4 ans, au rond point de la rue Bois-de-Nêfles, et si on se base sur l’affluence, on peut en déduire qu’ils ont su se tailler une réputation respectable en proposant des plats de bonne qualité auxquels s’ajoutent des extras comme les grillades qui satisferont les clients désireux de sortir de l’ordinaire riz-cari. Si nous émettons un léger bémol concernant les plats que nous avons testés, gustativement parlant assez timides aujourd’hui, l’ensemble nous paraît plutôt dans la moyenne supérieure de ce que nous sommes en droit d’attendre dans ce genre d’établissement. La fourchette en argent s’impose donc logiquement. 

Pour résumer : 
Accueil : bien • Cadre : bien • Présentation des plats : buffet
Service : très bien • Qualité des plats : bons
Impression globale : bonne table
Fourchette en argent