Dans la série des mises à jour, après « Kom ‘ la case » la semaine dernière, nous poussons jusqu’aux berges de la Rivière des Roches, par un beau midi, au restaurant « Le Beauvallon ». La précédente critique date d’octobre 2011, soit 5 ans en arrière. Nous arrivons curieux de voir si la qualité a pris l’ascenseur, suite à la fourchette en inox qu’il avait récolté.
Les lieux semblent un peu plus propres et mieux entretenus que la fois précédente. Cette grande salle est prévue pour les agapes en groupe dont nous autres réunionnais sommes friands. Accueil minimal mais souriant. Nous prenons place et consultons la carte, après avoir commandé un cocktail de fruits. Le menu du jour est exclusivement local, avec des caris classiques, et la carte affiche toujours les bichiques, qui nous avaient un peu déçus la fois précédente.
Aujourd’hui nous testons le bouillon coquille la rivière, sorte de madeleine de Proust pour beaucoup d’anciens, pimenté bien sûr, et un rougail boucané. Les plats sont amenés rapidement, avec un rougail zoignons… « encore » pensons nous jusqu’au moment où son humage révèle l’acidité piquante d’un citron bien gaillard. Ça va mieux.
Nous terminons le cocktail avec un mauvaise impression. Si le verre est joli, son contenu est archi-sucré. Le sirop de grenadine en porte en partie la responsabilité, et le tout en laisse un arrière goût de jus de fond de brique prononcé.
Nous entamons le repas par le rougail boucané. Déjà, à l’oeil, on se demande où sont les tomates ! Autant que nous sachions, le mot « rougail » sous-entend « cuisiné avec de la tomate » … en y regardant de plus près, nous en apercevons en effet quelques traces, par-ci, par-là, comme une misère. Pourtant il n’y a pas eu encore de cyclone, et le prix des tomates est plutôt abordable. Le vert des oignons verts, hâchés gros, prédomine presque plus que le rouge dans ce plat. La dégustation laisse d’abord la sensation d’un sel prédominant, qui compense à peine un arrière goût de viande fumée industrielle, qui remugle le plastique brûlé. La texture est dure. Ce boucané là est mal cuit, indiscutablement. Heureusement pour lui il n’est pas gras, et reste mangeable, mais c’est limite.
Le bouillon coquilles boit…le bouillon ! Mais qu’est-ce donc que cette chose ? Les coquilles sont caoutchouteuses comme des vieux chewing-gums, leur goût d’escargot et de fond de rivière est atomisé par le piment. Nous avons demandé « pimenté » certes, mais pas au godet de tractopelle… La sauce terre de sienne très foncée propose un arrière goût de civet zourite. C’est brut de décoffrage, sans nuances, sans complexités : un massacre. Notez que le dernier bouillon coquille que nous avons dégustés, à quelques encablures de là, était excellent, mais la fourchette d’or qu’il avait contribué à donner a disparu depuis des lustres avec son restaurant du centre ville de Bras-Panon. Comme quoi, tout est relatif. Les lentilles sont en revanche bien parfumées et en crème, mais ne suffisent pas pour rattraper le reste. Un café gourmand termine ce repas de quelques douceurs de vitrine froide. Et puis c’est tout.
Addition : 61 euros, tout compris, pour deux personnes. Le rapport qualité-prix est catastrophique.
Ca sent le plastique. Comme le boucané. En dépit des nombreux couacs, les plats restaient mangeables, la pire fourchette n’est donc pas tombée. Mais le respect de la tradition réunionnaise est traité comme quantité négligeable dans les plats qui nous ont remplis l’estomac aujourd’hui. Dommage, car l’endroit est pittoresque, voire bucolique et le service est souriant et efficace. Rien d’autre à dire, sinon que la fourchette en inox est plus que jamais de mise, un inox qui commence à se détériorer sérieusement.
Pour résumer : Accueil : bien • Cadre : bien • Présentation des plats: moyen
Service: très bien • Qualité des plats: très moyens • Rapport qualité-prix : mauvais.
Impression globale : table très moyenne
Fourchette en inox