A Saint-Denis ville, partie basse, rue Jules Auber, à un jet d’ail de « Chez Yann » que nous testâmes tantôt, un nouveau restaurant a ouvert ses portes : le Cari Factory. Cuisine locale sur place ou à emporter, et à volonté si vous décidez de rester. Vous pouvez ainsi demander un assortiment de cari tout de suite, histoire de vous faire une idée avant de repartir pour celui qui vous a le plus séduit. L’endroit affiche un style qui se veut industriel, même s’il reste du travail côté aménagement.
L’accueil est correct. Le service aussi. Le logo est accompagné d’une accroche en anglais : « Original tasty food ». Nous allons bien voir si c’est aussi « tasty » que cela.
En ce qui nous concerne, nous avons choisi le poulet fumé aux pommes de terre, le sacro-saint rougail morue du vendredi, le cari de poisson frais (de la dorade aujourd’hui), et un « cari d’zeuf » revu façon malbar : en sauce massalé. Riz, gros pois, haricots rouges et deux rougails, tomates et citron, constituent les accompagnements.
La vue est déjà alléchante. Les caris ne sont pas avachis et présentent de jolies couleurs.
Nous commençons par le poulet fumé. Pour être fumé, il l’est. Quant à savoir avec quoi, c’est une autre histoire. Sans doute quelques morceaux de caoutchouc ont dû fondre parmi les copeaux de bois qui ont servi à la fumaison, parce que cette volaille industrielle a un arrière-goût de pneu, même pas atténué par la triple tonne de sel qui charge la viande. Ça se mange ça ? Renseignement pris, le poulet provient de chez Minatchy, Rivière des pluies. Ils ont dû fumer leurs poulets sur des réacteurs d’Airbus, à côté. Immonde.
Passons au poisson. C’est beaucoup mieux. Heureusement, sinon on s’arrêtait là. La dorade n’est pas notre poisson préféré en cari, mais celle-ci est bien assaisonnée et se défend, malgré une saveur intrinsèque en berne et une texture qui manque de moelleux. La sauce est conforme aux standards, avec des épices qui font le job et des tomates mûres, pas trop acides. Un petit piment vert « Crasé » eut été bien accueilli avec ça, mais le rougail citron, en purée, fait un remplaçant correct.
Filons vers la morue. La donzelle est rustre. Décharnée plutôt qu’émiettée, elle est humide et non « croûtée », ce qui ne la rend pas plus séduisante. Les morceaux sont trop gros à notre goût, mais heureusement le sel est ici bien dosé, et l’assaisonnement lui relève un peu les bas-résilles. Du rougail morue de base, pour résumer. Pas facile de trouver de la bonne morue, on sait, mi comprend pu, mi comprend pas…
Bifurquons vers les Œufs massalé. C’est le plat « traditionnel » du lot, et sans doute le meilleur, si l’on considère bien entendu qu’en bouche, le blanc bouilli se mélange mal avec la sauce, par nature. On est habitué. Cette dernière, au massalé donc, est délicieuse. Elle humecte le riz basmati merveilleusement. Ajoutez le rougail tomates par-dessus, et c’est le festival. Le massalé est volontaire mais non agressif, avec assez de nuances gustatives pour vous embaumer les sinus au passage.
Le riz est en grain, bien cuit. Les haricots sont de bonne facture. Nous n’avons pas goûté aux gros pois. Pas de dessert aujourd’hui. Tant pis. En temps normal des gâteaux locaux sont disponibles. Addition : 41 euros pour trois plats et les boissons. Le rapport qualité-prix est perfectible.
Sur le bas de la ville de Saint-Denis, dans un pâté de béton où aucune verdure ne vient tempérer les ardeurs du soleil, le Cari Factory commence son aventure. Pas facile de trouver une place de parking. L’astuce est de vous garer à l’ancienne gare routière, puis de rejoindre la rue Jules Auber par la rue des Sables, que vous trouverez juste en face. 3 minutes à pied.
Plusieurs retours nous étaient remontés de la part de clients assez satisfaits. Nous avons voulu nous faire notre propre idée, et pour le moment, elle est mitigée. Les produits devraient être mieux choisis. Mais le potentiel est néanmoins là, la clientèle aussi. Puisse le Cari Factory prendre vite sa vitesse de croisière pour peut-être combler en partie le vide laissé par la fermeture du Fouquet, un peu plus bas, même si ce dernier ne jouait pas tout à fait dans la même cour. Faites-vous votre propre idée. Laissez vos commentaires sur Clicanoo, Facebook, ou le mail indiqué ci-dessous, si le cœur vous en dit. Pour nous, aujourd’hui, le Cari Factory récolte une fourchette en inox.
Nous vous souhaitons un joyeux Noël et un excellent réveillon gourmand.
Pour résumer. Accueil : bien • Cadre : bien • Présentation des plats: bacs • Service : bien • Qualité des plats : moyens • Rapport qualité-prix: perfectible. Impression globale : peut mieux faire.
Fourchette en inox
LA PRÉSENTE CRITIQUE A ÉTÉ RÉALISÉE LE 22 DECEMBRE 2017, À PARTIR DE MIDI, ET NE PRÉTEND PAS ÊTRE UNE VÉRITÉ ABSOLUE ET DÉFINITIVE. NOTRE POINT DE VUE EST SUBJECTIF, PAR NATURE, MAIS PARFAITEMENT HONNÊTE. NOUS CERTIFIONS N’AVOIR AUCUN RAPPORT DE PRÈS OU DE LOIN AVEC LES PROPRIÉTAIRES DE CE RESTAURANT ET AUCUN INTÉRÊT À ATTRIBUER À CE DERNIER UNE BONNE OU UNE MAUVAISE NOTE. DANS TOUS LES CAS, LE RESTAURANT DISPOSE D’UN DROIT DE RÉPONSE.