Les tables d’hôtes

Depuis la naissance de la rubrique dans le Journal de l’île de La Réunion, on m’a demandé d’aller visiter les tables d’hôtes et les fermes auberges. Certains me signalaient des adresses où ils avaient été déçus.

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Les tables d’hôtes privilégient les groupes importants

Mais critiquer un restaurant est une chose, critiquer une table d’hôte est une autre histoire.

En effet, un restaurant est d’abord un commerce. Le patron du restaurant, qu’il soit professionnel de la restauration ou non est considéré comme un commerçant avant tout. Un commerçant un peu spécial certes, mais un commerçant quand même puisqu’il vend plusieurs choses : les repas, les boissons, et parfois des animations ou même des produits artisanaux.
Un restaurant est ouvert de manière régulière, avec des horaires fixes. Il est supposé accueillir tout le monde sans réservation, sauf cas spécifiques, qui tiennent en général plus de contraintes liées à la clientèle (affluence, événementiel) qu’à la politique interne de l’établissement. Il emploie des salariés, du plongeur au chef en passant par le personnel de service en salle.
Enfin, il s’agit en règle générale de l’activité principale du gérant, sauf cas d’investisseurs qui, par ailleurs, ont plusieurs établissements ou sont dans les affaires.

Une table d’hôtes est aux antipodes de ce schéma.

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Les caris sont servis simplement, et sont en général fidèles à la tradition culinaire
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Les produits de l’exploitation sont à table

Le propriétaire d’une table d’hôte, dans la quasi totalité des cas, n’est pas un professionnel de la restauration. Il s’agit en général d’agriculteurs qui exercent cette activité en parallèle de leur métier, ou de retraités actifs.
Une table d’hôtes est d’autre part installée au domicile du gérant, ou, tout du moins, dans des locaux attenants, ce qui revient au même. D’ailleurs, le gérant est tenu de déjeuner avec ses clients, ou plutôt ses visiteurs.
Vous ne pouvez pas débarquer à l’improviste à une table d’hôtes. La réservation est obligatoire.
Enfin, les tables d’hôtes privilégient les groupes au-dessus de 10 ou 12 personnes, et ouvrent plus aléatoirement que les restaurants. Certaines sont régulièrement réservées par des groupes encore plus importants, pour des occasions spéciales (événements familiaux, comités d’entreprise, etc.)

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Le rhum arrangé ou le punch de bienvenue est une règle des tables d’hôtes

Hors de question, dans ce cas, de noter les tables d’hôtes comme on note les restaurants, et, d’ailleurs, hors de question de les noter tout court. En effet, l’hospitalité offerte par les accueillants, même rémunérée, interdit toute critique négative, fut-elle justifiée.

Cela n’empêche pas que certaines adresses sont un peu limite, sur l’accueil (froideur au téléphone, ton sec, manque de bonne volonté pour les réservations), l’hygiène (certaines cuisines et/ou salles ne sont pas très propres), la qualité des produits (même si les propriétaires sont censés faire manger les produits de leur exploitation, il arrive qu’ils recourent aux produits de supermarché, parfois bas de gamme), et la qualité des plats (si, en majorité, ceux-ci sont supérieurs à ceux des restaurants, on peut tomber sur des gens peu scrupuleux qui servent de la tambouille aux touristes, c’est pratique surtout quand ils sont peu initiés à notre gastronomie).