Le Gourmand

Aujourd’hui nous grimpons jusqu’au Tampon. Nos antennes nous ont fait part de l’existence d’un petit restaurant de quartier qui aurait les faveurs de sa clientèle, si l’on en juge par la longueur de la queue aux barquettes. 

IMG_5334« Le Gourmand » a pignon sur la longue rue Général de Gaulle où moult autres restaurants et snacks sont ouverts, du chinois au créole en passant par le métro. L’un d’eux, l’Escale gourmande, a d’ailleurs obtenu une fourchette d’or en 2014. Voyons si le « Gourmand » l’est tout autant que le fut l’Escale. Quelques tables en salle, et quelques autres en terrasse, cinq personnes au service sur place ou à emporter derrière les vitrines, avec un « bonjour » jovial et le sourire accueillant. Le bâtiment n’est pas tout jeune, mais c’est propre. 

Un coup d’oeil sur les plats exposés nous fait hésiter entre un cari de thon banane, des filets de poulet panés et printanière de légumes, un rougail morue proposé avec et sans piment, un porc palmiste et un sauté de poulet aux brèdes. Nous choisissons ce dernier, plus la morue pimentée. Le service est instantané, toujours avec le sourire, et l’on nous propose une carafe d’eau, chose rare dans les restaurants de quartier, et même dans certains établissements plus « chics ». Nous attaquons.

IMG_5329Le sauté de poulet aux brèdes est coloré. Les morceaux sont en effet bien dorés et les brèdes hachées finement ont encore leur couleur verte appétissante. Nous regrettons d’emblée qu’il n’y ait pas davantage de brèdes d’ailleurs ; à vrai dire nous aurions peut-être préféré un sauté de brèdes au poulet. Et pimenté, comme la morue. La dégustation ne prête le flanc à aucune remarque plus négative. Les morceaux de blanc de poulet sont moelleux et parés de la saveur caractéristique d’une bonne attache à fond de karay, que le sel vient relever en fin de mastication, accompagné d’un côté légèrement acidulé qui active la salivation. Au nez, le fumet est délicat. Il y a eu autre chose que de l’huile et du sel dans ce karay là. Les brèdes ne sont pas assez nombreuses pour que l’on perçoive nettement leur saveur, tout juste apportent-elle leur petite amertume.

IMG_5324Le rougail morue est très goûteux également. Si l’on y regarde de plus près, la salaison, d’ailleurs parfaitement dessalée, est assez timide en goût. Sans doute a-t-elle été trop dessalée, mais nous penchons plutôt sur la qualité intrinsèque (et « in trin sec ») de la morue elle-même. C’est qu’on trouve difficilement de nos jours ces bonnes morues d’avant, qui fouettaient comme Josumé dan’ sentié Grand bassin par gros soleil, et imprégnaient la boutique du chinois en duo avec les émanations de rhum charrette dans la buvette d’à côté. Fort heureusement, le cuistot n’en est visiblement pas à sa première morue. Sauf son respect bien sûr. Emiettée finement, la chair s’est parfaitement imprégnée des épices et du piment, et d’une morue banale le Gourmand fit une dame présentable qui nous mit en joie.

IMG_5326Les accompagnements sont dans le ton. Un riz aux grains ni trop secs ni trop cuits, qui donne de belles et tendres bouchées. Deux rougails et non un seul sont proposés (chose encore trop rare ailleurs) : un rougail bringelles correct, même s’il ne dégage pas cette odeur de grillé qui sied bien aux « souliers vernis » et un rougail tomate honnête, mais sans éclat. Les pois sont bien en crème, veloutés, et parés de leur fumet réglementaire. Nous terminons avec un gâteau patate servi généreusement et qui ne déçoit pas. Le gâteau est assez loin des « comblages » étouffe chrétiens, tamouls, musulmans et athées, qui vous descen-dent dans la panse comme un galet bord d’mer. C’est léger et parfumé.

L’addition se chiffre à 29 euros et des poussières pour deux repas, deux boissons, un dessert et un café. Le rapport qualité-prix est très bon.

IMG_5331Le long de la rue Général de Gaulle au Tampon, vous ne manquerez pas de choix de restaurant. Aujourd’hui le Gourmand nous a pleinement satisfait, avec un accueil très sympathique, un service efficace et souriant, et une cuisine créole simple et bien faite, qui travaille parfaitement des produits pas forcément haut de gamme, où les légumes ne sont pas oubliés.  Pour chipoter, nous mettrons un bémol sur les rougails qui, bien que corrects, manquaient de caractère. Un soin plus attentif au cadre serait également un plus qui le rendrait aussi accueillant que la dynamique équipe. Il n’en faut pas davantage pour attribuer au Gourmand une belle fourchette en argent. Encore quelques petits efforts, et la recommandation et pourquoi pas l’or, seront aisément acquis.

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Farg2
Pour résumer. 
Accueil : très bien • Cadre : très moyen • Présentation des plats : bien
• Service : très bien • Qualité des plats : bons • Rapport qualité-prix : très bienImpression globale : bonne table

Fourchette en argent

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L’Escale Gourmande

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Aujourd’hui notre ballade nous emmène au Tampon à l’Escale gourmande plus précisément. Au premier abord le restaurant ne paie pas de mine. En cette fin de semaine la terrasse commence sérieusement à se remplir. Nous préférons pour notre part nous installer à l’intérieur. 

L’accueil est chaleureux et professionnel. Le serveur nous installe, apporte la carte aussitôt et répond à nos questions avec aisance. Il nous propose un apéritif alcoolisé que nous déclinons poliment et optons pour des cocktails softs.  Nous arrêtons notre choix sur le menu du jour à 10,50€ composé d’un carpaccio de thon – salade, d’une brochette de magret de canard – pommes au four et d’un crumble aux fruits. Puis nous prenons le menu à la carte (35€) : un médaillon de foie gras toast brioché, un pavé de poisson cuit sur peau au lait de coco parfumé à la citronnelle et un fondant au chocolat/Coulis d’orange pour terminer.

La salle. Très éclairée, elle peut contenir une cinquantaine de personnes. Sur les murs s’affichent quelques photos du chef entouré de célébrités, ce qui donne une idée de son parcours. Les tables sont dressées de nappes vertes et jaunes, les chaises hautes et noires font une assise très confortable. 

Carpaccio de thon. De fines tranches de thon coupées en carpaccio et un quartier de citron composent l’assiette qui est garnie aussi de salade, de rondelles de tomates et de concombres arrosés d’une bonne vinaigrette. Le thon parfumé à l’huile d’olive, est parsemé de fleur de sel et d’oignon rouge finement coupé en rondelles. Il est fondant à souhait. C’est une très bonne entrée. 

Brochette de magret pommes au four. La brochette, présentée sur une assiette arrosée de sauce et parsemée de brunoises de tomates et de persil haché est entourée de pommes de terre fondantes. On dirait même qu’elles ont été confites tant elles sont moelleuses. Verdict : très bon. 

Pavé de poisson cuit sur peau au lait de coco parfumé à la citronnelle. Le poisson du jour, comme nous l’a expliqué  le serveur, est le Seriole (ce poisson à chair blanche et ferme ressemblant à la dorade est très prisé des Japonais qui l’utilisent pour les suchis ou Teriyaki).

L’assiette est composée d’un très beau pavé de poisson servi sur un lit de purée de pomme de terre maison, le tout entouré de légumes. Il y a des lamelles de chouchous, des carottes coupées en petits tronçons, des pommes de terre et une mini courgette entière, le tout cuit au four pour un moelleux des plus succulents. Tout est douceur dans cette assiette. Une très bonne purée maison à l’émulsion coco-citronnelle légèrement safranée accompagne généreusement le Seriole, qui mérite d’être connu. Cela lui donne encore plus de caractère. C’est un plat très fin. On a plus qu’adoré. 

Médaillon de foie gras toast brioché. L’assiette, un beau médaillon de confit d’oignon avec une salade composée, est belle et bien présentée. Le foie gras légèrement rosé est parsemé de fleur de sel et de poivre. En bouche il est fondant. Associé au confit d’oignon, qui pour sa part est agréablement léger et doux, c’est  une pure merveille. Les toasts briochés bien croustillants nous font sentir qu’ils sont faits à la minute. 

Fondant au chocolat coulis d’orange. Sur le conseil du serveur nous avions commandé ce dessert en même temps que le menu car il est fait tout de suite. Il arrive donc  tiède. Le coulis d’orange est doux, mélangé au fondant c’est une explosion de saveur en bouche. Ce dessert à un autre nom :  « reviens-y »!

Ce chef est sans conteste un génie. Il transforme tous nos produits pei en de succulents mets qui nous épatent les yeux et les papilles. L’Escale gourmande est la preuve que manger dans un restaurant gastronomique à moindre coût est possible. Ajoutez à cela un service d’un professionnalisme rare et vous avez tous les atoûts d’une excellente table. Il n’en faut pas davantage pour que nous décernions à l’Escale Gourmande une très belle fourchette d’or. C’est la deuxième consécutive, après le Calbanon il y a quinze jours. Une première !

Le chef Gerrardo et son équipe vous attend les jeudi et vendredi soir pour faire une bouillaisse gourmande (Poisson/ Calamar/ Moules/ Gambas/ Crabe).  Vous pourrez également déguster des moules marinières ou à la crème avec leurs frites à 15€ les vendredi soir. 

Pour résumer : 
Accueil : très bien • Cadre : bien • Présentation des plats : très bien
Service : très bien • Qualité des plats :  excellents
Impression globale : Excellente table
Fourchette en or

L’Ambéric

[Visite en avril 2013]

Après toutes les recommandations que nous avons eues au sujet du restaurant l’Ambéric, au Tampon, dont certaines dithyrambiques, notre curiosité est allée grandissante. « Cuisine créole au feu de bois » peut-on lire sur l’enseigne indiquant l’entrée de l’établissement, niché au creux d’un lotissement verdoyant en plein Trois-Mares. Un paradis pour jardinier.

Passer le portail de l’Ambéric, c’est un peu comme rentrer « chez d’moune ». Le jardin est magnifique, et la salle d’une quarantaine de couverts ne l’est pas moins. Propre, classe, richement décorée, tirée à quatre épingles. On nous a proposé la varangue donnant sur le jardin. Il fait beau, les oiseaux chantent. Nous nous installons, quelque peu surpris par la paix régnant en ces lieux et par les chaises créoles traditionnelles, raides comme la justice. Un silence rassérénant, mais à la longue un peu pesant quand même. Une douce musique d’ambiance n’aurait pas été de trop.

Au-dessus de nos têtes, des plantes grimpantes ont fait un toit. C’est plutôt sympathique, mais un petit filet tendu pour retenir les résidus de feuilles mortes permettrait de protéger les tables, et les plats ! Puis nous repérons un pied de verre ébréché. Dans un endroit classe comme celui-là… c’est le détail qui fait tâche, comme le pet d’une nonne en pleine messe. Nous cessons de chercher la petite bête quand la carte nous est déposée.

Sauf erreur, point d’entrées à la carte. Celles-ci sont annoncées de vive voix par le sympathique chef de rang (ou maître d’hôtel) qui s’occupe de nous et consistent en un gratin de bois de songes, une salade de palmiste, et des larves de guêpes (pour les amateurs). Va pour le bois de songe, déjà.

C’est la liste des grands classiques pour les plats de résistance, avec un civet de queue de bœuf, comme plat sortant de l’ordinaire. Cela va des rougails saucisses et zandouille au cari de canard en passant par le civet de zourite et le boucané baba-figue, sans baba-figue aujourd’hui puisque remplacé au pied levé par de la papaye.

La bonne nouvelle c’est que les brèdes sont de la partie, c’est assez rare pour mériter d’être noté. Les tarifs s’étagent entre 13 (pour une omelette créole) et 29 euros pour la queue de bœuf. Nous nous décidons pour un cari la patte cochon et un rougail zandouille. Point de jus de fruits frais pour nous désaltérer. Hélas. Nous nous rabattons sur du tout venant de multinationales. Le service est rapide. La seule autre table occupée nourrit deux personnes débarquées en même temps que nous. Après des amuses bouches, des feuilles de patates douces et des beignets de fruit à pain accompagnés d’une sauce au céleri et à la menthe pas vilaine du tout, les gratins sont servis chauds. Ils sont très bons, mais allez savoir pourquoi, nous leur trouvons un goût dominant de sauce de cari la patte ! Le bois de songe a peine à s’exprimer dans cette avalanche d’épices, mais les gratins sont sifflés quand même.

Voici l’andouille : Coupée en tranches d’un centimètre, la charcuterie ne s’est pas effondrée à la cuisson. Normal, elle est composée essentiellement de viande entrelardée, à tendance plus sèche que grasse. Les tranches ont les pieds dans une jolie sauce d’un rouge appétissant. Peu ou pas de tripes composent l’affaire, et cela se sent tout de suite en bouche. Nous cherchons vainement le goût tonique et un peu fermenté caractéristique de l’andouille créole comme la sœur Anne. Rien. L’andouille se défend avec ce qu’elle a, et cela reste très correct par ailleurs, d’autant que la dose de sel est acceptable et que les humeurs poivrées se font discrètes. Mais cela manque justement un peu de « punch », ce que du piment vert aurait pu apporter. Il y a des plats comme ça, à l’instar du poisson, que les palais créoles préfèrent relevés « in utero », en plus de l’apport des rougails.

Voici la patte cochon : de beaux morceaux à la couleur luisante, cuivrée, avec presqu’autant de viande que de peau. Le plat est conforme à nos attentes : rond, onctueux, salé comme il faut, avec le caractère franc des épices roussies en partie dans le gras fondu des morceaux et dans une sauce épaisse et parfumée au lointains airs de quatre-épices. Ce plat, qui a ses adeptes qui ne jurent que par lui, ne déçoit pas. Il se marie particulièrement bien avec le rougail margoze, dont l’amertume particulière contrebalance avec justesse le côté un peu épais de la patte.

Les rougails, parlons-en : Margoze, dakatine (pilée maison s’il vous plaît), bringelles, tous corrects. Des grains bien en crème et parfumés, un sauté de chou et des brèdes chouchous accompagnent les plats. Les brèdes sont pas trop mal, bien que la cuisson soit sujette à caution : pas assez croquantes à notre goût, mais très bonnes par ailleurs pour tout-un-chacun. La quantité en revanche pèche franchement. Il aurait fallu au moins un bol par cari. Quitte à mettre des brèdes, autant en profiter pour équilibrer un peu l’assiette par un apport conséquent de végétal non ? Mais nous ne boudons pas notre plaisir… nous les apprécions à leur juste valeur, le peu qu’elles sont.

Par contre, nous sommes loin d’apprécier l’ingrédient principal de toute agape créole bien née : le riz. En effet, celui qui nous est servi est raide (comme les chaises!), sec, bien en grain mais un peu trop, pour le coup, et sent le vieux. C’est la deuxième fois cette année. Il est regrettable que des restaurateurs ne fassent pas plus attention à leur riz ! C’est la base quand même ! On a comme l’impression qu’on essaye parfois de fourguer aux gens du riz de second choix pour marger un maximum. La transition est toute trouvée pour parler de l’addition, les desserts, classiques, ne nous ayant pas tentés.

78 euros pour deux personnes, apéritifs, entrées, plats et cafés. Très cher. Un peu exagéré même. Vous venez à quatre et vous prenez du bon vin et des desserts, vous en avez pour près de 200 euros ! Un prix que la qualité des plats ne justifie pas, si l’on se base sur ce que nous avons dégusté. 

L’Ambéric, à Trois Mares, 7 ans d’existence, nous a fait découvrir aujourd’hui une cuisine correcte, respectant la tradition créole, mais de manière un peu aseptisée, comme pour satisfaire de la clientèle affectant les endroits feutrés et les jardins entretenus au fil à plomb et taillés au millimètre. Joli jardin d’ailleurs. Ces dehors bon-chic-bon-genre cachent quelques imperfections : un pied de verre ébréché, un service perfectible au regard des règles de la profession (mais cela ne compte que peu dans la note finale de cette rubrique), et une cuisine qui semble ronronner un peu, d’où sortent quelques mets peu courants et des plats (encore) de bon niveau mais pas exceptionnels. Pour l’Ambéric, aujourd’hui, si le silence de son jardin est d’or, la fourchette est d’argent. Pour information, l’Ambéric a reçu la distinction de «Maître Restaurateur» de la préfecture en 2011.

Pour résumer :
Accueil : bien • Cadre : très bien • Présentation des plats : moyen
Service : bien • Qualité des plats : bons
Notre impression globale : bonne table
Fourchette en argent 

Le Vieux Bardeau

[visite en novembre 2011]

Ce dimanche, nous sommes allés prendre le frais au Tampon, 23e km, et nous nous sommes arrêtés au Vieux Bardeau, logé dans une charmante petite maison créole typique, avec jardin en terrasses, faux plafond d’époque et parquet en Tamarin. 

Nous sommes accueillis princièrement par un dénommé Jean-François, yab pur chouchou devant l’Eternel, alternativement serveur, guide touristique, agent d’accueil et boute-en-train en diable. Il nous présente le restaurant, nous fait l’article devant les buffets froid et chaud et nous pose à une table à proximité dudit buffet dont le humage nous fait déjà saliver. La carte ne nous propose pas de cari, ceux-ci étant au buffet, mais des grillades, entrées et desserts. Après moult tergiversations, nous nous décidons pour une quiche aux brèdes et une demi-douzaine d’escargots, pour changer. Nous irons ensuite à l’assaut des plats chauds. En attendant, un léger punch coco nous met en condition. Les entrées sont servies. La quiche est bonne, salée comme il faut, moelleuse, et glisse avec une étonnante facilité. Le fromage éteint un peu le goût des brèdes mais on lui en tiendra pas rigueur. De leur côté les escargots se défendent pas trop mal, mais manquent un peu de répondant : la persillade n’est pas franchement accrocheuse et le mollusque lui-même est microscopique.

Nous nous rabattons assez vite sur le buffet, et décidons de goûter un peu à tout, à savoir : cabri massalé, pied de porc, cari de poulet, rougail d’andouillettes et une originalité : un rougail de bouchons. En accompagnement, des pois du Cap en crème, parfumés au laurier, et un piment vert « crasé » transpire-zoreils. Tout cela sentait bon, mais nous avons un peu déchanté à la vue : le massalé cabri n’a ni forme, ni consistance, et les andouillettes ne paient pas de mine davantage. Seuls le poulet et les pattes-cochon présentent pas trop mal, même si ce dernier nage allègrement dans l’huile.

La dégustation n’amènera aucun réconfort notable à notre désappointement. Le massalé cabri est correct gustativement parlant, mais il serait plus juste de parler de bouillie de cabri tant les chairs s’effondrent sur la fourchette. Le poulet ne fait guère mieux, la cuisse « i largue lo corp », révélant ses origines de volaille de batterie surgelée. Et la sauce, fade, n’arrange pas son cas, hélas. Les andouillettes suivent le même chemin, et ont perdu totalement leur goût si caractéristique. Envolé le piquant du poivre, disparu le fumet de la viande, ratatiné le croquant des cartilages qui font le charme de toute andouillette créole orthodoxe. Le porc sauve un peu l’honneur, si on prend la peine d’apprécier la texture de la peau…mais c’est tout juste. Nous préférons nous abstenir de commentaires sur le rougail bouchons.

L’omelette norvégienne que nous avons choisie comme dessert ne nous consolera pas, même si elle nous procure quelques plaisirs sucrés, à grand renfort de chantilly.

Addition : 61 euros pour deux personnes. Correct si la qualité avait suivi.

Le Vieux Bardeau présente bien, et l’on fait tout pour que vous vous y sentiez comme chez vous. L’accueil est très chaleureux, et le cadre, authentique, est confortable, cosy. Le seul souci c’est que sous cette couche attrape-touriste, il n’y a pas grand-chose. Les plats dans leur ensemble nous ont clairement donné l’impression d’être trop cuits, et faits à la va-vite. Il serait mentir de dire que c’était immangeable. Mais le décor, l’accueil, et le prix, laissent présumer d’une qualité bien supérieure à cette cuisine de camion-bar pour travailleur pressé. C’est donc à regret que nous décernons au Vieux Bardeau une bien triste fourchette en inox.

Pour résumer
Accueil : très bien • Cadre : très bien • Plats : très moyens • Rapport qualité/prix : perfectible
Notre impression globale : moyen 
Fourchette en inox