Chez Jim le week-end, le grand n’importe quoi…

Aujourd’hui, nous descendons à Langevin, chez Jim. Ce restaurant de presque bord de rivière a été testé en 2016, et avait obtenu une fourchette en argent. Nous voulons voir si la qualité s’est maintenue pour l’inclure dans la liste des meilleurs restaurants de La Réunion.


La configuration du test est trés différente. En effet, à l’époque, nous y sommes allés en semaine. Langevin, le samedi, c’est une autre histoire, Covid ou pas d’ailleurs, à ce qu’il semble. C’est la foule habituelle, avec les familles qui pique-niquent le long des berges, et les cuirs peu frileux qui profitent de l’eau vive. Se garer est d’ailleurs compliqué, mais nous avons de la chance.
Le restaurant est plein, ou pas loin de l’être. Nous restons plantés là comme des cierges trois interminables minutes avant que l’on daigne s’apercevoir de notre présence. Deux ou peut-être trois personnes font des allées et venues entre la salle et les cuisines situées à l’arrière. Quelques clients patientent à table, d’autres ont largement entamé leur repas.
Miracle, on finit par nous prendre en charge. Nous avions réservé, heureusement.

Quelques minutes s’écoulent encore avant que l’on vienne s’enquérir de nos désirs de boisson, puis de plat. Nous jetons d’abord notre dévolu sur le cabri massalé au menu du jour, mais massalé, il n’y en a plus. Le canard à la vanille nous tente, et aussi le rôti de porc. Quelques minutes plus tard, une autre mauvaise nouvelle : point de canard non plus. Décidément, il faut croire que tout le monde s’est jeté sur ces plats depuis l’ouverture. Nous nous rabattons sur le cari de poulet. Pendant que la commande passe en cuisine, nous constatons qu’il nous manque un couteau.
Nous allons finir par nous demander si nous ne sommes pas dans un épisode de la Caméra Cachée. Mais les plats ne tardent pas trop et finissent par arriver dans des petites marmites.
Présentation kitch, mais bon, restons bien disposés, malgré les aléas. Au passage, un coup d’oeil sur le carrelage nous révèle que le ménage n’est vraisemblablement pas fait à fond, ce qui, pour un restaurant, envoie une image négligée.
Qui d’autre a remarqué ? Tout le monde a le nez dans son assiette.
A l’attaque !

Le rôti porc est sec. Les morceaux de viande ont heureusement gardé une mâche relativement souple, mais la saveur du cochon tient plus du carton imbibé au siave qu’autre chose. Peu de peau pour donner du gourmand à la mâche. Le siave est d’ailleurs très utilisé, car apparemment, le cari de poulet en profite aussi, héritant du même coup d’un sel causant, mais tolérable, et d’un fond de sauce passablement allongé et transparent. La viande du poulet, quand à elle, est aussi sèche que celle du porc, du moins en ce qui concerne le pilon et les autres morceaux où on retrouve un peu de viande blanche. La sauce n’a rien imbibé du tout. On dirait davantage un mauvais sauté de poulet “de lo” qu’un bon cari du dimanche. Pour un peu on se demande si poulet et porc ne viennent pas de la même marmite !
Pour accompagner ces deux pitoyables plats, réalisés par dessus la jambe avec un je-m’en-foutisme palpable qu’on pourrait attribuer à l’obligation urgente de fournir pitance à la nombreuse clientèle, un riz infect qui sent encore le vieux sac, des lentilles sans intérêt et une pâte de piment rouge, ou plutôt une pâte de sel parfumée au piment rouge. Ça donne soif. Pas d’eau sur la table, nous sommes obligés de réclamer.

Nous arrêtons là les frais et déclinons les quelques classiques desserts et glaces, pour terminer par deux cafés.
Nous repartons après avoir réglé la somme de 37 euros pour deux boissons très ordinaires et deux caris qui font la paire. Le rapport qualité-prix est très mauvais.

Chez Jim, ce week-end, nous avons eu l’image caricaturale du boui-boui de base qui s’attache davantage à remplir les estomacs et faire du chiffre qu’à mettre un tant soit peu de cœur dans la préparation des repas. La dernière fois que nous avons aussi mal mangé, l’établissement, Saint-Gillois, fermé depuis, avait récolté une fourchette en plastique. Les fourchettes ne sont plus d’actualité mais il est hors de question de considérer ces plats misérables comme de la cuisine réunionnaise authentique.
Ceci étant dit, c’est sans doute une stratégie assumée de la part du restaurateur. Les temps sont durs. Mais justement. Miser sur la rentabilité et la quantité au détriment de la qualité n’aidera pas. Cela n’aidera pas davantage si le service (même de bonne volonté) et l’accueil ne savent pas gérer correctement un coup de feu. C’est très bien de travailler en famille ou avec des amis, mais des formations existent, et pourraient bien s’avérer utiles en pareil cas.
Il est grand temps de changer de siècle chez Jim, et de proposer des prestations à la hauteur pour faire honneur à notre tradition culinaire. Il y a 4 ans, c’était le cas.

Si vous souhaitez tenter l’aventure, un conseil : réservez la table et aussi le plat !

Cette critique est tout à fait subjective mais parfaitement honnête, elle reflète notre expérience du dimanche 18 octobre au restaurant Chez Jim. Elle ne prétend pas être une vérité absolue et définitive. Faites-vous votre propre opinion.

Chez Jo

[Visite en juin 2013]

C’est par un beau samedi ensoleillé que nous trouvons un Manapany riant, avec son front de mer au puissant chant de vagues à faire baver les surfeurs, ses résidences coquettes pelotonnées contre la pente raide, et son bassin de baignade à l’eau claire qui, par ces temps, ferait le bonheur de touristes norvégiens. Juste au-dessus dudit bassin, Chez Jo est ouvert. Et nous avons décidé d’y mettre le nez, les papilles et le reste, histoire de voir si la réputation dont jouit cet établissement dans le sud est justifiée.

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Comme à notre habitude nous débarquons tôt, et sommes accueillis avec sourire et amabilité par le personnel, et aussi avec les couleurs des plats à emporter qui attendent le client à l’entrée. De quoi achever de nous mettre en appétit après la petite promenade aux embruns que nous venons de faire.
Bon signe déjà, la carte est serrée : 8 salades dont deux « géantes » (pour 13 euros) et 7 plats, dont deux créoles (rougail saucisses et cari zourite) : entrecôte grillée, magret de canard, fricassée de poulet aux pleurotes, entre autre.

Les plats du jours sont sur l’ardoise du fond. Ce jour : rôti de porc aux brèdes chouchous (des brèdes, alléluia!), espadon à la chinoise, émincé de bœuf au gingembre, filet de cerf ou salade de palmiste au foie gras poêlé pour les fins gourmets.

Le rôti nous plaît bien, et nous testerons aussi les cuisses de canard à la vanille, pour voir. Mais avant d’attaquer les plats nous ouvrons le bal avec quelques samoussas au jambon-fromage, des accras et des bonbons piments. Nous notons que du jus de goyavier frais est proposé comme rafraîchissement.

Les amuses-bouches créoles sont servis dans un vanne et nous apprécions l’effort de présentation, tout en déplorant que tout cela soit un peu froid, un petit passage au four n’aurait pas été de trop. Rien à dire pour autant sur le goût. Les samoussas au fromage ne sont pas notre tasse de thé, mais ils sont bien dodus et savoureux.

Les choses sérieuses arrivent vite, servies à l’assiette. Les portions sont conséquentes et la présentation est simple mais soignée.

Parlons d’abord du canard. Ici, « canard » rime avec « standard ». Rien d’extraordinaire en effet. La sauce épaisse, d’une belle couleur foncée, est légèrement sucrée-salée comme nous nous y attendions, mais la saveur de vanille est lointaine. Trop lointaine. Sur ce genre d’exercice, le dosage est capital : trop de vanille tue le plat, en risquant de le rendre un peu écœurant, et le cuisinier a semble-t-il préféré jouer la prudence. D’autre part la viande elle même manque de corps allant jusqu’à être légèrement sèche. Rien de dramatique pour autant. Le plat est correctement réalisé.

Le rôti est d’un autre niveau. La viande a ce caractéristique parfum de fumé-cramé, où flottent le poivre et le thym, avec de belles couleurs miel. En bouche, les chairs sont d’une souplesse magnifique, tendre comme une fiancée qui sent l’amour, et les lentilles avec leur bonne odeur de roussi safrané l’accompagnent judicieusement.

Un mot sur les brèdes chouchous : un peu trop cuites à notre goût, et donc avachies dans l’assiette, elles sont quand même très bonnes, avec un sel bien dosé et le petit piquant d’ail qui va avec. Et c’est très bien de mettre des brèdes à table, nous n’en voyons pas assez dans les restaurants soi-disant créoles que nous visitons. Tout cela est parfaitement soutenu par un très bon rougail tomate claque-zoreils, où le piment vert donne de la voix.

Nous terminons avec des desserts par pure conscience professionnelle, car il ne reste guère de creux à boucher. Il le faut bien, ce sont des desserts « maison ». Nous vous laissons le café gourmand, la tarte tatin et la mousse au chocolat, préférant une crème brûlée à la vanille et un tiramisu.
La crème brulée, tiède, est une douceur lactée exquise, au fondant incomparable. Le tiramisu, tout de mousse et de crème vous donnerait l’envie d’y mettre la tête toute entière pour peu qu’il soit dix fois plus gros, c’est tout dire !

Nous repartons comblés, au sens physique du terme, après avoir réglé une addition de 48,50 euros, soit un peu plus de 24 euros par personne (sans les boissons) ce qui, en regard de la qualité globale, de l’accueil et du cadre, nous paraît honnête.

Chez Jo, endroit charmant dans un coin charmant, vous propose une cuisine variée et très correcte, dans un cadre sympa. Du sauté chinois au foie gras poêlé, il y en a pour tous les goûts et toutes les bourses. Du reste, on ne s’y trompe pas : à 13h, il restait peu de tables libres parmi la centaine de couverts disponibles, en comptant l’extérieur. Grand coup de chapeau au personnel, qui, malgré le monde, a assuré le service avec célérité. De très bonnes raisons pour décerner à l’équipe de chez Jo une très jolie fourchette en argent, avec recommandation spéciale !

Pour résumer : 
Accueil : bien • Cadre : très bien • Présentation des plats : bien
Service : très bien • Qualité des plats : bons
Impression globale : bonne table
Fourchette en argent